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"Internet a créé une société du recyclage et de la nostalgie"
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Nostalgeek

Musique 8-bits, rétrogaming, mode vintage, design rétro, nostalgie musicale... et absence criante de nouveaux courants artistiques. Tel est le constant de la société post-Google que dresse l'écrivain Daniel Ichbiah. Pour lui, il est grand temps que la société arrête de regarder dans le rétroviseur. Et la rupture est proche...

Daniel Ichbiah

Daniel Ichbiah

Daniel Ichbiah est écrivain et journaliste, spécialisé dans les jeux vidéo, les nouvelles technologiques, la musique et la production musicale.

Il est l'auteur de nombreux best-sellers tels que La Saga des jeux vidéos, Les 4 vies de Steve Jobs, Rock Vibrations, Le Livre de la Bonne Humeur, Bill Gates et la saga de Microsoft, etc. Daniel Ichbiah a aussi écrit : Qui es-tu ChatGPT ?

Parmi les biographies musicales écrites par l’auteur figurent celles du groupe Téléphone, de Michael Jackson, des Beatles, d’Elvis Presley, de Madonna (il a également publié Les chansons de Madonna), des Rolling Stones, etc. 

Voir la bio »

Atlantico :  Comment expliquez-vous cette tendance générale à la nostalgie, observable depuis un certain temps dans l'art et la technologie ?

Daniel Ichbiah : C'est une tendance sociétale mondiale qui a commencé à la fin des années 1990. A l'heure actuelle, le monde se regarde le nombril. Je l'explique par les moteurs de recherche : avant Internet, on avait des milliers de questions et peu de réponses ; aujourd'hui, quand on pose une question, on a dix-mille réponses. On se retrouve un peu avec le rêve de la bibliothèque d'Alexandrie : toute la connaissance accumulée est disponible de chez soi, et on redécouvre énormément de chose.

Depuis une quinzaine d'années, la société est donc rentrée dans une période de bilan, d'inventaire, ce qui l'empêche d'aller de l'avant. Quand on regarde la musique, on s'aperçoit qu'il n'y a pas eu de nouveau courant depuis une quinzaine d'années, si ce n'est la techno, qui recycle des choses déjà existantes. C'est quand même incroyable de penser que le groupe qui a vendu le plus d'albums dans la décennie 2000-2010 est... les Beatles, avec la compilation "One" !

C'est la même chose dans le cinéma, ou dans le jeu-vidéo, qui recycle des séries (les Doom-like, les Sim's-like, les Mist-like), alors que des tas de nouveaux styles de jeux étaient apparus dans les années 1990. On sait que tout les ans il y aura le nouveau Harry Potter et le dernier Fifa, et l'on s'en contente.

Je ne crois pas que cette situation ait déjà existé dans les décennies précédentes, et je pense que cela devrait bientôt s'arrêter. Tôt ou tard, une génération va dire "basta !" et proposer autre chose. L'art a de toute façon toujours fonctionné par cassures.

Comment expliquer que le progrès technologique n'ait pas stimulé la créativité ?

La technologie a donné des outils à M. Toulemonde pour faire des choses incroyables, mais l'on se rend compte que cela n'est pas suffisant. Dans les années 1970, les groupes de rock faisaient des disques de génie avec très peu de moyens ! Aujourd'hui, n'importe qui peut prendre une belle photo, mais cela ne veut pas dire que ce sera Cartier-Bresson. En effet, ce n'est pas la technologie qui fait l'art : elle n'est qu'un moyen.

Au-delà du contenu, comment s'explique la mode du design vintage dans les objets technologiques ?

C'est la même chose. Ce qui est célébré, c'est l'artisanat, ce qui est fait avec trois bouts de ficelle. Quand on voit que la chanson "Sergent Pepper" des Beatles a été enregistrée sur un quatre-pistes... De la même façon, l'un des concerts qui m'a le plus marqué est celui d'un guitariste de blues qui jouait mal, chantait mal, mais a mis la salle en transe... La technologie ne remplace donc pas l'humain et l'artistique.

Se dirige-t-on donc inéluctablement vers un retour à l'artisanat ? Et cela ne risque-t-il pas d'encourager encore un peu plus la nostalgie ?

Je ne serais pas étonné qu'un nouveau courant de retour aux sources anti-technologies apparaisse. Toutefois, la technologie pourrait jouer un rôle dans la création de nouveaux courants. Historiquement, les mouvements artistiques sont souvent nés avec l'apparition d'objets, notamment dans la musique, avec les instruments.

L'intrusion du robot dans l'art pourrait changer pas mal de choses dans l'art. Selon les capacités qu'on leur conférera, cela pourrait changer pas mal de paysages artistiques. J'ai déjà vu des tentatives de théâtre avec des robots, où des villages où ils interagissaient avec des gens, et on pouvait y déceler une belle possibilité d'innovation artistique.

Mais ce qui est intéressant, c'est que globalement, la technologie commence à s'effacer derrière l'expérience humaine.

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