Noël oui, 31 non : le gouvernement prend les mesures nécessaires (mais pas toutes)... pour pallier le chaos organisationnel français face au Covid<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean Castex annonces gouvernement covid-19 coronavirus
Jean Castex annonces gouvernement covid-19 coronavirus
©Thomas SAMSON / POOL / AFP

Plan de lutte contre la Covid-19

Le gouvernement a dévoilé ce jeudi de nouvelles mesures sanitaires. Jean Castex a annoncé que le confinement va être remplacé par un couvre-feu. Il sera en vigueur le 31 décembre mais pas le 24 décembre. Guy-André Pelouze décrypte la stratégie du gouvernement contre la pandémie.

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze est chirurgien à Perpignan.

Passionné par les avancées extraordinaires de sa spécialité depuis un demi siècle, il est resté très attentif aux conditions d'exercice et à l'évolution du système qui conditionnent la qualité des soins.

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Au point où nous en sommes d’incohérence étatique, toujours campé sur la ligne de crête rationnelle que je suis depuis Janvier, ces derniers jours sont parfois drôles.  Il y a eu tout d’abord un événement administratif. Véritable singularité sans AOP, qui soyons en sûrs, ne fera pas un scénario de film à succès. “En France, le dernier bilan fourni par les autorités sanitaires concernant la pandémie de Covid-19, fait état d'au moins 2.295.908 cas confirmés soit +3.411 en 24h. Ce nombre de nouveaux cas est un chiffre non consolidé, dû à des difficultés de remontée.. C’était le 7 décembre 2020.

Le hasard est facétieux. La presse involontairement drôle. L’administration en faillite.

En effet, c'est bien le jour où les autorités de l’avenue de Ségur allaient nous dire à quelle sauce nous allions devoir manger la dinde que le couac s’est produit. Youpi! Les Français font plus que le boulot, en 24h nous sommes à moins de 5000 cas positifs par jour, un seuil qui en fait n’a aucun sens. Il faut, chaque jour, regarder au minimum le nombre de tests effectués, le nombre de cas positifs et le %. Je vous laisse le faire car Google y pourvoit gratuitement là où le site Santé Publique est toujours aussi intuitif (façon de parler).

Ah, mais nous nous rendons compte que ce n’est pas le hasard ni l’action inconsidérée de quelques fonctionnaires inventifs. Toutes les gesticulations de podium ne sont que de la très mauvaise politique spectacle. Là la presse se distingue car on apprend (vu l’effondrement de la rationalité scientifique c’est plutôt désapprendre) que, je cite:

“Ce nombre de nouveaux cas est un chiffre…”. On imagine les gamins et gamines de la France où le président déconstruit le racisme mais assiste à la chute libre de PISA et TIMSS , poser la question au petit déjeuner: “Maman, pourquoi ils ont dit à la télé que le nombre est un chiffre?”. Embarras, et puis nous sommes en retard, on en reparle. Mais ce n’est pas fini, la presse, très docile grâce aux subventions continue. Les éléments de langage de la fiche ENA intitulée “Couac à Ségur dans les statistiques” indique:

  • Quand il y a un bug c’est qu’il se passe ou s’est passé quelque chose qui n’est pas “consolidé”. La consolidation avec tampons des multiples échelons de vérification et de contrôle de l’administration est lente, peu sûre si bien qu’il vaut mieux s’adresser à Google ou bien à l'Université John Hopkins le lendemain.

  • Quand il y a un bug ce n’est jamais une faillite administrative de ce mammouth monstrueux qui nous étreint si fort, non, c’est une difficulté de “remontée”.

Là, on comprend tout de suite que la fiche a été rédigée avant le deuxième confinement. Les remontées fonctionnaient encore et le président et son ministre en premier n’avaient pas eu ces mots très durs pour les s… de riches qui avaient choisi de se barrer temporairement et pas fiscalement afin de monter dans un télésiège suisse. Et la chute est encore drôle, c’est Sortir à Paris qui écrit cela dans un rageur copier coller de fin de journée. Sortir à Paris, un souvenir. Toujours la déconstruction. Et puis dès le lendemain la remontée est rétablie: 13713 nouveaux cas positifs le 8 décembre 2020, 14126 le 9 décembre, 13750 le 10 décembre. Fin du rêve.

La réalité ne prête pas à sourire

En mars, malgré les signaux indubitables de Chine et d’Italie, la phase sporadique a été sous-estimée dans un contexte aggravant de pénuries diverses. Le résultat a été brutal, un confinement indifférencié généralisé quelques jours après une soirée festive du couple présidentiel au théâtre dans la plus pure tradition de la politique spectacle. On ne joue pas au maître des horloges avec un virus. Errare humanum est. Depuis le monde a appris, les citoyens, les gouvernements, les entreprises, les institutions, grâce aux résultats des efforts incroyables des chercheurs. Pourtant, après l’été meurtrier en Europe, la résurgence de la pandémie nous a, à nouveau, frappé durement. Non pas parce que le virus circule, mais parce que nous le transmettons. Et nous le transmettons parce que nous ne nous protégeons pas suffisamment et parce que nous n’isolons pas les cas contacts ou positifs. Malheureusement cela n’a pas changé. 11 mois pour rien. L’essentiel de l’effort qui a permis d’aplatir un peu la courbe de la résurgence a été fait par les Français. D’abord parce qu’ils se protègent mieux et se rassemblent moins ensuite parce qu’ils sont en majorité plus prudents. Beaucoup en font plus par auto-confinement et une minorité ne fait rien. Mais, comme en Mars, faute d’avoir isolé les cas contacts et positifs, faute d’avoir effectué des fermetures ciblées dès le mois d'Août nous avons dû confiner le pays. Et voilà que l'État français poursuit dans sa doctrine d’échec.

La to do list de J. Castex: l’isolement en dernier.

Chacun a pu le noter lors de la énième conférence de presse, beaucoup de bla bla punitif et la mention de l’isolement en dernier sans commentaire. Ce n’est pas un manque de cohérence. Le premier ministre sait que marcher sur une jambe est difficile et que courir est impossible. Or nous transmettons très vite le virus. Il sait que nous devons utiliser tous les moyens et donc l’isolement pour maîtriser l’épidémie. Il sait que tout à côté, à l’est de la France, nos voisins y arrivent, et qu'ailleurs aussi l’isolement a donné des résultats incontestables. C’est simplement un nouvel aveu de faiblesse après ceux de Philippe et du président. Le constat est le même depuis Janvier. Nous n’avons pas d’organisation sanitaire. Les ARS sont des machines bureaucratiques inutiles et les exécutifs régionaux sont complètement marginalisés alors que le levier est là. Comme les médecins généralistes, les laboratoires au début de la pandémie les régions, qui ont la taille pour intervenir, sont immobiles et impuissantes car l'état les a écartées a priori. Leurs ressources humaines considérables (je parle ici des ressources humaines du l'ensemble du mille feuille au-dessous et y compris l’échelon régional) sont inutilisées pour sauver des Français. La France hors Mayotte disposait en 2018 de 1954000 fonctionnaires territoriaux, dont 22,8% en région et départements, 77,2 % en secteur communal. Il est invraisemblable que la constitution d’équipes sanitaires mobiles soit impossible avec une partie de ces ressources énormes. Les Français ne peuvent le croire. Il s’agit bien d’un chaos organisationnel. Or nous pouvons observer que l’état central décide tout seul et croit que le virus peut être maîtrisé par des paroles et des polymères de mots publiés au Journal Officiel. Mais il n’y a aucune transmission des décisions faute d’outils de la politique sanitaire. Les brigades créées par Philippe n’ont jamais été opérationnelles et les ARS ont fait un deal avec la sécu pour faire du phoning aux cas positifs et ce de manière peu efficace. L'isolement correctement effectué concerne probablement moins de 10% des cas positifs dépistés chaque jour.

Comment faire?

L’étape incontournable est l’information, les données.

Sans une loi qui permette de transmettre le nom, le numéro de téléphone et l’adresse des cas contacts et positifs à l'organisation sanitaire nous continuerons à transmettre le virus plus vite que nous ne freinons sa transmission par la protection et des dispositifs d’isolement. Or cette information doit être connue, échangée et partagée en temps réel et non pas avec un délai administratif qui rend le processus caduque. À quoi cela sert-il de recevoir un avis postal après la période de contagiosité?  Le serpent des libertés individuelles se mord la queue. Ceux qui crient au scandale quand on parle de tracing électronique sont aussi ceux qui hurlent contre les confinements qui entravent la liberté collective la plus essentielle, celle de travailler et d’entreprendre. Il faut choisir, l’isolement, voire le confinement de précision, très limité dans le temps et l’espace, sont de loin plus efficaces et moins chers économiquement. Si on refuse le tracing et la contrainte sur les cas positifs ou bien au niveau des seules institutions gravement touchées on va droit à une résurgence et à un confinement indifférencié généralisé subi. Mais l’irrationalité de la frange de l’opinion qui tient les médias, combinée à l’impuissance de l’organisation sanitaire qui date d’avant la Covid-19, sont en train de reproduire le scénario de Mars et celui d’Octobre dans les prochaines semaines. Or le tracing ne fonctionne pas (Figure N°1). Pendant ce temps les décès ne s’arrêtent pas et les cas Covid-19 avec des signes graves ou persistants non plus.

Figure N°1: Métrologie du tracing: 1,4 contact à risque par cas positifs? Une tragique plaisanterie de l’administration qui devrait secouer l’exécutif. C’est un constat d’impuissance à maîtriser l’épidémie. Et cela s'explique facilement, les données des tests sont en silos un peu partout et les individus à risque transmettent sans être prévenus, accompagnés ou contraints. Face à cette situation la seule réponse de l'exécutif et de sa majorité est consternante: “si nous rendons l’isolement obligatoire les Français ne se feront plus tester”. C’est d’une part extrêmement désobligeant pour les Français qui se voient tous taxer de dissimulateurs dangereux. Ce qui n’est pas le cas et de loin. D’autre part, c'est méconnaître un point important: la politique des intentions est inefficace. Préférer pour des motifs improbables que certains Français se baladent avec un résultat rt PCR positif mais une autorisation auto-dérogatoire en bonne et due forme administrative est beaucoup plus dangereux. Et coûteux.

Sur le plan matériel c’est beaucoup plus simple.

Il faut financer une véritable task force, embaucher des personnes, recruter des réservistes et des volontaires, constituer des équipes sanitaires régionales et les coordonner sous l’autorité transversale d’un militaire. Il faut aussi:

  • financer les hôtels Covid-19,

  • assurer la logistique des fournitures essentielles aux isolés dans l’impossibilité de le faire chez eux par leurs propres moyens (oui il existe des fournitures essentielles dans le cadre d’un isolement en quatorzaine)

  • organiser les gardes d’enfants.

Ces décisions sont urgentes et leur application encore plus. Il faut déléguer massivement ces tâches à ceux et celles les plus aptes à les réaliser, c'est-à-dire des entreprises qui dans ce secteur sont en activité réduite. Un défi pour un état centralisé et habitué à ne discuter qu’avec lui-même ou à promulguer des oukases.

La stratégie des trois T plutôt qu’une doctrine hasardeuse

Tester, Tracer, Traiter. Cette stratégie est beaucoup plus claire que la doctrine du gouvernement inventée par des énarques pour une réalité virtuelle: "tester, alerter, protéger". Une doctrine inspirée du “care” préconisé par M. Aubry qui n’a aucun sens opérationnel dans une épidémie. À quoi sert de tester si le cas positif n'est pas isolé? Combien de cas positifs, de contacts se promènent en ville et ailleurs avec une attestation dérogatoire, dont on ne dira jamais assez la stupidité, alors qu'ils ont reçu le SMS du résultat positif et que la sécu essaie de les joindre pour leur parler isolement à distance? Des dizaines de milliers. À quoi sert d’alerter si le traçage complet des contacts n’est pas fait, suivi de tests et d’isolement? À quoi sert de prétendre protéger puisque nous n’avons pas en fait de protection et que c’est l’isolement et le vaccin qui traitent? L’isolement (d’environ deux semaines en fonction des circonstances de découverte de la maladie) est réellement une prise en charge de la Covid-19. Le contact téléphonique journalier, après que l’isolement ait été sécurisé sur place par l’équipe mobile, est une garantie pour les personnes en cas d’aggravation ou de difficultés matérielles.

Les différences d’impact de la pandémie entre les pays demeurent en raison d’une rigidité politique

L'État français a répondu de manière assez médiocre à cette pandémie. Dans la phase sporadique initiale et dans la résurgence générée par la transmission estivale. L’idée que les différences entre pays seraient liées à la chance est contredite par la persistance de ces différences. Les administrations qui font la même chose qu’en Mars reproduisent les conditions d’une expérience sociale à l’identique et les résultats le confirment. Ce qui a changé en France c’est l’attitude des Français qui ont freiné la transmission, pas celle de l’administration qui persiste dans sa doctrine de ne pas isoler les cas positifs Figures N° 2 et 3). C’est pourquoi les petites remarques de l'exécutif distillées comme des preuves que “ça va mieux grâce à nous” tombent à plat. Qui, sauf quelques benêts, peut se faire abuser par des affirmations aussi trompeuses que celles-ci: “il y a plus de nouveaux cas en Allemagne” ou bien “ il y a plus de morts à Berlin qu’à Paris”. Ce qui peut être exact un jour dans la décrue (Figures 2 et 3) ne doit pas cacher la forêt des décès cumulés. Examinons la réalité et non pas un événement conjoncturel de croisement de courbes. Je rappelle que la performance de la maîtrise de l’épidémie se mesure par la surface sous la courbe des décès. Cette surface, ce sont nos morts et la différence est trop importante pour que nous ne réfléchissions pas à ses causes.


Figures N°2: comparaison des nouveaux cas Covid-19 entre la France et l’Allemagne deux pays limitrophes (https://ourworldindata.org/).

Figure N°3: comparaison des décès Covid-19 entre la France et l’Allemagne deux pays limitrophes (https://ourworldindata.org/).

Dans ce contexte, il faut aussi examiner un pays cité en exemple par de nombreux adeptes de l’immunité grégaire, autrement dit le laissez faire de la transmission comme s’il s’agissait d’un rhume. C’est la Suède. Les figures N°4 et 5 permettent rétrospectivement de constater que ce pays a suivi une politique très délétère. Son voisin limitrophe la Norvège a adopté une réponse très différente et les résultats sont mesurables. La réponse de la Norvège a sauvé des vies que la vaccination va conforter. Ceux qui sont déjà décédés ne reviendront pas, c’est une leçon à retenir, dans une pandémie les bravades, le cynisme, la discrimination générationnelle ou socio-économique ont un prix qui est payé par les plus faibles immédiatement. L’histoire des pandémies indique que les conséquences de cette mortalité retentit sur toute la société. Dans la Covid-19, les adeptes de l’immunité collective à tout prix sont en train de découvrir les dégâts de la zone des nuances de gris, la morbidité de la maladie, ses séquelles et ses formes longues qui pèsent déjà sur ceux qui ont survécu. 

Figure N°4: Nouveaux cas Covid-19 par million dans deux pays limitrophes, la Norvège et la Suède. La Suède n’a pas maîtrisé l’épidémie contrairement à ce qui était attendu d’une politique de laissez faire de la transmission (https://ourworldindata.org/).

Figure N°5: Décès Covid-19 par million dans deux pays limitrophes, la Norvège et la Suède. La Suède n’a pas maîtrisé l’épidémie contrairement à ce qui était attendu d’une politique de laissez faire de la transmission. Les personnes âgées qui ont payé le plus lourd tribut à cette expérimentation ont subi ces décisions et la situation est devenue tellement incontrôlable que les autorités ont fait demi-tour (https://ourworldindata.org/).

D’une pierre deux coups

Les Français sont pris dans la nasse de l’absence de logistique, d'organisation et de moyens humains pour maîtriser l’épidémie. Tout cela avec un nombre de fonctionnaires record et des dépenses sociales astronomiques. L’état régalien est nu, anémique, l’état providence est obèse et continue à distribuer de l’argent qu’il n’a pas. C’est tragique. Il y a cependant une voie étroite qui permettrait de sortir par le haut. C’est la constitution des équipes sanitaires mobiles organisées par un opérationnel de la logistique dans un cadre régional. En effet ces équipes vont permettre de vacciner efficacement la population des immuno fragiles qui ne se résume pas aux résidents des EHPAD. Et c’est là le fait préoccupant, presque incroyable de cette pandémie. Les populations fragiles sont justement celles qui risquent de ne pas se déplacer pour aller voir leur médecin généraliste. Les équipes sanitaires sont au centre de ce lien avec la population qui permettra d’aller plus vite pour organiser un rendez-vous si la personne y consent. Il est urgent de réagir aussi efficacement pour la logistique de l’injection que pour la mise au point du vaccin (Figure N°6).

Figure N°6: l’Operation Warp Speed (Vitesse de la chaîne d’opération) de l’administration Trump combine les efforts du ministère de la Défense et du ministère de la Santé et du système de soins. Les vaccins peuvent être développés en 12 mois au lieu de plus de 73 sans problème de sécurité: financez l'innovation, Misez sur la disruption, poussez la compétition, faites les opérations en parallèle, embauchez les meilleurs, signez des contrats exigeants, prenez des risques financiers et réduisez la bureaucratie. Si le succès se confirme ce sera le nouveau standard. C’est tout simplement le progrès qui est le contraire du progressisme.

Le temps est l’ennemi des humains dans une pandémie. Il faut agir vite car nous avons encore plus de 300 morts par jour ce qui veut dire presque 10 000 morts en un mois (Figure N°7). Il ne faut plus tergiverser et l'isolement ne doit pas être un forum citoyen, participatif, progressiste et inclusif sans résultat tangible. Nous pouvons isoler 10000 personnes par jour avec des équipes d’assistance sanitaire agissant avec empathie et volontarisme. Il faut un chef, nous en avons de très bons, et des moyens avec un agenda digne d’une task force militaire. C’est l’action la plus louable que l'État peut entreprendre pour le bien commun en cette fin d’année. À l'inverse, les campagnes de dépistage massif sont une distraction de la politique spectacle. Les moyens engagés à cette fin manquent pour l'essentiel, isoler les cas contacts et positifs. Il faut préférer le rationnel pour ne pas se faire imposer l’arbitraire par la loi mathématique de la transmission.

Figure N°7: 56648 décès liés à la Covid-19 en EHPAD ou à l’hôpital c’est à dire hors cas de décès à domicile, en France. Je rappelle que l’intervalle de confiance des modèles de prévision donnaient entre 50 000 et 150 000 décès en Février 2021. Malgré les incroyables faussaires de la sphère complotiste ceci n’est plus contestable. La maîtrise de la pandémie est possible. Elle est intimement liée à la résilience de l’économie. Tant que la population n’est pas vaccinée et/ou immunisée il faut maintenir tous les freins à la transmission avec une économie ouverte. C'est-à-dire augmenter la protection personnelle, isoler les cas contacts et positifs et vacciner ceux qui le souhaitent le plus tôt possible.

Pour les plus fragiles la lumière du vaccin s’est allumée

Même si la vie a toujours un terme, chacun entend la mener au terme qui lui sied et c’est souvent le plus tardif. Je l’ai constaté tellement souvent au moment le plus intime des relations avec des patients que l'angoisse actuelle de nos aînés d’attraper le virus est non seulement palpable, non seulement douloureuse, mais source de tristesse pour les soignants qui les entourent car nous avons été démunis et pris de vitesse. Dans ce contexte, les résultats du vaccin Pfizer-BioNTech, publiés dans le document remis à la FDA sont impressionnants (Figure N°8) et constituent un impératif pour mettre à disposition le plus tôt possible cette immunisation active qui est efficace à plus de 90%.

Figure N°8: Le groupe vacciné de cet essai randomisé en double aveugle est en bleu. En vaccinant maintenant une première protection est acquise dès la première dose. C'est-à-dire avant les fêtes. C’est le chemin choisi par les Britanniques, les Canadiens, les Israéliens et dès les prochains jours vraisemblablement par les USA. Cela va-t-il trop vite pour la machine à 27 de l’UE?

Une fois de plus, l'exécutif est au pied du mur.

La dispersion et l’indécision sont des écueils importants. La dispersion car le gouvernement s’occupe, sans aller au bout, de trop de sujets. Il faut rétablir une hiérarchie dans l’action publique surtout dans la pandémie. Sauver des vies et sauver l’économie. L'indécision est un poison qui bloque la transmission de la politique sanitaire. Aucune excuse puisque l’exécutif a les pleins pouvoirs. Mais voilà, il y a 2022. Il est tragique de constater une fois de plus que ce n’est pas une question de moyens mais de capacité à faire, vite, efficace et de manière rigoureuse. Enfin il faut que l’exécutif cesse de parler de déconfinement et de retour à la normale. Il faut qu’il cesse d’alimenter le yoyo. Le défi est de vivre en résilience avec cette épidémie c'est-à-dire en contrôlant tous les foyers, tous les jours de la semaine, de manière la plus spécifique et différenciée possible, dans les communautés, les administrations, les entreprises, les écoles, les universités. Sans en fermer aucun définitivement ou plus longtemps que nécessaire. C’est le chemin de crête, sans conférence de presse mais avec des résultats. Enfin.

Noël et la Covid-19: une épreuve de responsabilité

Il est de la responsabilité de tous les Français de protéger ceux qui sont fragiles dans cette pandémie. Il sont beaucoup plus nombreux que ne le proclament les cyniques parlant des “vieux qui devaient mourir”. L'âge, les comorbidités mais aussi des facteurs inconnus déterminent la gravité de la Covid-19. C’est simple, se rendre chez des personnes âgées nos parents, grands-parents ou d’autres personnes ayant des traitements immunosuppresseurs est très dangereux pour eux. Pour les nouveaux nés il n’y a pas de vulnérabilité avérée mais il convient dans un contexte d’incertitude de ne pas prendre le risque de la transmission. L’impératif est de réduire à zéro nos interactions sociales à risque dans la semaine qui précède la rencontre et de faire un auto-examen avant de rejoindre le cercle familial (température centrale, syndrome grippal, signes plus spécifiques). Dans le doute s’abstenir et si le temps le permet se faire tester, l’anticipation est requise. Mais ce n’est pas suffisant, car les asymptomatiques transmettent le virus et ils ne le savent pas. Il faut donc être très libéral dans les indications des tests. Se faire tester n’est pas suffisant, il faut s’isoler si le test est positif. Et pour ce faire, se renseigner précisément sur les modalités. C’est efficace car après la période de contagiosité le risque de transmettre est faible. Mais ce n’est pas suffisant, il faut éviter toute transmission résiduelle en portant un masque chez les personnes où nous nous rendons et aérer les pièces très fréquemment tout en maintenant l’éloignement interpersonnel. Ainsi nous sauverons des vies et la promesse de Noël sera tenue. C’est une question de choix et nous avons tous les moyens nécessaires pour faire des choix gagnants.

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