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Mais pourquoi l'apparence de Nicolas Sarkozy a-t-elle donc été transformée en "crime social" ?
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Eric Brunet en est convaincu, le Président sera réélu. Et n'y voyez pas un aveuglement idéologique ou idolâtre, c'est, selon lui, tout simplement mathématique. Extrait de son dernier livre "Pourquoi Sarko va gagner" (2/2).

Eric Brunet

Eric Brunet

Eric Brunet est l'auteur de l'Obsession gaulliste aux éditions Albin Michel (2017). Il présente Radio Brunet tous les jours sur RMC de 13 heures à 15 heures

Il a par ailleurs publié Etre de droite, un tabou français (Albin Michel, 2006) et Dans la tête d’un réac (Nil, 2010).

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Je me souviens encore des journalistes raillant l’inculture de Sarkozy. Devant une assemblée de confrères blasés et rigolards, le Président avait disserté sur la célèbre fresque de Zola : les Rougon-Macquart. Ce jour-là, il prononça « RouJon Macquart ». Clins d’œil entendus, coups de coude dans les côtes et scoops dans les dîners en ville : le Président est un crétin. Et la presse entière de moquer ce chef d’État citant si souvent La Princesse de Clèves. « C’est le seul livre qu’il a lu », rigolaient les 37 000 cartes de presse du pays. Lors de mon entrevue avec le président de la République, j’ai souhaité aborder ce sujet. Mais comment formuler ma question sans la rendre humiliante ? J’optai pour la technique de la phrase inachevée. Soft : « Le Président qui n’a lu que La Princesse de Clèves… » Nicolas Sarkozy affaissa lentement la tête en avant et marqua un temps d’arrêt, caressant machinalement la pointe de sa cravate. Après quarante minutes d’échange, il se ferma quelques secondes. Un siècle. Puis relevant la tête : « Je sais : “le Président idiot. Le Président qui ne lit pas.” Je sais… De tout ce qu’ils ont écrit, c’est la seule chose qui m’ait fait vraiment mal. » Cette petite cassure à peine perceptible dans la voix…

En 2011, tout Paris bruisse d’un scoop : Carla oblige le Président à visionner chaque soir un film d’art et d’essai. Encore plus drôle : on lui fait des fiches de culture générale pour le remettre à niveau ! Et les rédactions de pouffer… L’écrivain Yann Moix, lui, est plutôt admiratif : « Proust, Stendhal, Balzac, au début il s’est obligé à les lire, mais comme il est très intelligent, il s’est aperçu que la culture, c’était le contraire du chiant. […] Or je ne vois pas où est le mal à dire que Sarkozy s’est mis à aimer passionnément les grands écrivains[1]. » Pourtant même les ultimes communistes moquent la gaucherie de ce Sarko, mal ajusté dans le décorum républicain. Mon copain gascon, Claude Cabanes, ancien éditorialiste de L’Humanité, faisait une causerie, au mois d’août 2011, dans une petite librairie gauchiste, située dans un magnifique village médiéval du Gers, Sarrant. Cabanes, éblouissant dandy, portant à merveille foulard, pantalon blanc et valeurs humanistes, faisait la promo de son dernier bouquin consacré à la vulgarité[2]. On parla donc vulgarité devant un parterre d’élégants écologistes, anarchistes, trotskistes, altermondialistes…

Comme je m’y attendais, l’échange porta surtout sur Nicolas Sarkozy : le petit homme frénétique, le nabot à talonnettes. En gros, telle une assemblée de lords anglais, ce club d’électeurs situés à la gauche de la gauche s’accorda sur l’idée que l’apparence extérieure du président de la République constituait à elle seule un « crime » social ! Je brûlais de leur dire : souvenez-vous des généraux communistes aux poitrines gonflées d’orgueil sur la place Rouge, disparaissant sous des couches de breloques glanées dans les couloirs du Kremlin. Ils n’avaient peut-être pas de talonnettes, les tsars de l’Armée rouge et du Politburo, mais franchement, dans leur décorum d’opérette, n’étaient-ils pas plus « bling-bling » que Sarkozy ?

Vulgaire, Nicolas Sarkozy ? Peu m’importe. Je juge un homme politique à ses actes, à la façon qu’il a de se tenir debout dans la tempête et non à la coupe de son costume ou à la montre qu’il porte au poignet. « Le monde récompense plus souvent les apparences du mérite que le mérite même », observait La Rochefoucauld dans ses Maximes

Pour lire plus d'extraits du même livre, c'est ici

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Extraits dePourquoi Sarko va gagner, Editions Albin Michel (4 janvier 2012)


[1]L’Express, nº 2033, 1er septembre 2011.

[2] Claude Cabanes, Éloge de la vulgarité, Éditions du Rocher, 2011.

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