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Nicolas Sarkozy mis en examen : la guerre ne fait que commencer
©Reuters

Premières cartouches

Le moment est grave pour l’ancien chef de l'Etat qui nie farouchement les faits qui lui sont reprochés. Si l'affaire devait se conclure par un procès, voire une condamnation de l'ancien président, c'est tout un pan de l'histoire de la Ve république qui s'écroulerait.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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C'est une déflagration. A l'issue d'une garde à vue de plus de vingt cinq heures, Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour "corruption passive, financement illégal de sa campagne de 2007, et détournements de fonds publics libyens". L'ancien président est également placé sous contrôle judiciaire, sans que la nature de ce contrôle ait été précisée à l'heure où cet article est publié (jeudi matin). En théorie, cela signifie que les juges détiennent suffisamment d'indices graves et concordants pour  engager des poursuites contre l'ancien chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy nie farouchement les faits qui lui sont reprochés. Les juges se basent sur les déclarations de Ziad Thakiedine (-dont les versions ont varié), d'anciens dignitaires du régime Khadafi, du fils de l'ancien dictateur, qui prétendent détenir des documents attestant que des sommes en liquide (-d'un montant total d'environ 50 millions d'euros), ont été versées à Nicolas Sarkozy pour financer sa campagne de 2007. Le site du Figaro publie les arguments développés par Nicolas Sarkozy  devant les magistrats pour mettre en pièces ces allégations. Il met notamment en avant le fait que les accusations des Libyens ont commencé après l'intervention militaire qui a conduit  à la chute de Khadafi , et qu'il s'agit de "désir de vengeance de dignitaires qui ont tout perdu"..."Comment la parole  de dictateurs peut sembler plus crédible que celle d'un ancien  président de la république et de ses proches démocratiquement élus"?, a notamment questionné Nicolas Sarkozy , qui affirme avoir perdu l'élection de 2012 à cause de la publication, entre les  deux tours par Mediapart, des premières accusations sur le financement de sa campagne de... 2007. 

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Le moment est grave pour Nicolas Sarkozy. L'ancien président, mis en examen dans l'affaire des écoutes téléphoniques du juge Azibert, garde une autorité sur une partie de la droite qui le consulte régulièrement. C'est peu dire qu'il a peu apprécié  la sortie de Laurent Wauquiez devant les élèves de l'ENM de Lyon. Soucieux d'adoucir son image, Nicolas Sarkozy s'est aussi prêté récemment à des interviews pour parler littérature et sport, une de ses passions. Ses fidèles sont montés au front ; certains, à l'instar du président du groupe LR à l'Assemblée,  ont parlé "d'acharnement judiciaire" (- le député Sébastien Huyghe croit savoir qu'" un certain nombre de juges ont une dent contre Nicolas Sarkozy"), et veulent croire que tout finira par un non lieu, comme dans l'affaire Bettencourt .D' autres lui témoignent de leur "fidélité et de leur amitié". Alain Juppé est sorti de sa réserve pour lui "souhaiter bon courage dans un moment extrêmement difficile". Laurent Wauquiez a évoqué "une garde à vue inutile et humiliante" sans évoquer le fond. Les jeunes députés LR restent pour la plupart en retrait. Ils n'ont pas vécu la période sarkozyste qui a profondément marqué la vie de la droite en France depuis une vingtaine d'années. Si l'affaire devait se conclure par un procès, voire une condamnation de l'ancien président, c'est tout un pan de l'histoire de la 5e république qui s'écroulerait. D'ailleurs, sa rivale de 2007, Ségolène Royal veut savoir si " le match  était à armes égales"...

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Pour les juges qui instruisent l'affaire et la Justice dans son ensemble, l'enjeu est tout aussi important. Si  cette mise en examen doit se solder par un procès, on saluera leur opiniâtreté et leur persévérance. En revanche, si faute de preuves suffisantes, cette affaire devait se solder par un non lieu avant qu'un tribunal ait eu à se prononcer, les amis du l'ancien chef de l'Etat auraient beau jeu de se déchainer contre la justice spectacle et l'acharnement judiciaire contre un ex-président qui n'aimait pas les juges. Ce n'est pas parole contre parole, mais parole contre documents dont l'authenticité est contestée! La guerre que vont se livrer les différentes parties sera sans merci.

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