Mort d’Elizabeth II : chronique d’un deuil annoncé<!-- --> | Atlantico.fr
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Un deuil de dix jours s’ouvre au Royaume-Uni suite à la disparition de la reine Elizabeth II.
Un deuil de dix jours s’ouvre au Royaume-Uni suite à la disparition de la reine Elizabeth II.
©STUART C. WILSON / POOL / AFP

"God Save the Queen"

Un deuil national de dix jours commence à partir de ce vendredi, dans le cadre d’une opération préparée depuis des années par le palais de Buckingham, baptisée « opération London Bridge ».

Marc Roche

Marc Roche

Marc Roche a été journaliste au Soir, au Quotidien de Paris et au Point, avant de rejoindre l'équipe du Monde. Il publie également dans des journaux britanniques (The Independant, The Guardian) et participe à l'émission Dateline London de la BBC News. Ses écrits concernent principalement les institutions financières (Goldman Sachs) et la monarchie britannique.

Il est notamment l'auteur de Elizabeth II : Une vie, un règne et Elizabeth II : La dernière reine aux éditions La table ronde.

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Atlantico : La reine Elizabeth II est décédée. Dans quelle mesure le deuil britannique va-t-il être profond ?

Marc Roche : La plupart des Britanniques n’ont connu qu’elle vu la longévité de son règne donc l’émotion va être très intense. Mais d’un autre côté, l’ordre de succession est assuré : Charles III, Camilla reine consort, William, prince de Galles et son fils devient deuxième dans l’ordre de succession. Et vu la santé précaire de la reine, les Britanniques ont eu le temps de s’habituer à l’idée du décès du monarque.

Ils étaient préparés à cette éventualité ?

Oui, il y a eu un certain nombre d'annulations d’évènements, d’alertes de santé, les photos la montrait de plus en plus affaiblie, etc. Donc ils ont eu le temps de s’y préparer. Ce n’est donc pas une surprise. En revanche, son décès va être un choc au niveau symbolique. La monarchie est un point fixe dans la tourmente, la reine Elizabeth II l’était également, elle l’a montré lors du Brexit ou de la pandémie. Elle était au-dessus des partis et il n’est pas certain que son fils le soit.

Ce choc symbolique peut-il provoquer une inquiétude chez les Britanniques sur l’avenir du pays et de la monarchie ?

Non. Charles quand il était encore prince, s’est engagé à rester au-dessus de la mêlée politique, ce qu’il a fait constamment en tant que prince de Galles. Ceci dit, il va moderniser la monarchie. Elle sera sans doute plus sensible aux sujets qui lui sont chers, comme la diversité ou l’écologie. Mais, même si la constitution n’est pas écrite, le souverain règne mais ne gouverne pas, donc ses états d’âme n’ont aucune importance.

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A quel point la reine Elizabeth était-elle populaire ? Et la monarchie ?

On l’a vu au jubilé de platine pour ses 70 ans de règne, elle était au zénith de sa popularité. Et cela est valable tant pour la reine que pour l’institution monarchique. Cela est dû à son parcours sans faute. Elle a tout sacrifié à la charge, y compris sa vie familiale et privée. Les Britanniques lui en sont gré. Son successeur est moins populaire. Charles III a des scandales financiers liés à ses associations caritatives et le souvenir de la manière dont il a traité Diana demeure.

La mort de Diana avait été un grand moment d’émotion, en sera-t-il de même pour la mort d’Elizabeth II ?

Ce sera différent. La mort de Diana, c’était la tragédie, le choc, en particulier en raison des conditions dans lesquelles elle est morte. La reine est une cheffe d’Etat. Elle symbolise l’Etat. Le deuil va être certainement moins hystérique, plus posé, à l’image de la reine.

Le dispositif pour la mort de la Reine, « London Bridge » et autre est préparé et réactualisé depuis des années. Tout va-t-il nécessairement bien se passer ?

Les Britanniques ont l’habitude de funérailles réglées comme du papier millimétré. Ils vont copier celles de la reine mère, celles de George VI. Et Elizabeth n’a pas provoqué comme Diana de sentiment de passion. Donc il y aura un deuil, mais un deuil digne. Son père est mort jeune, cela a suscité un choc. Mais la mort d’Elizabeth II sera plus proche de celle de sa mère, Elizabeth Bowes-Lyon, morte à l’âge de 102 ans.

L’idée qu’Elizabeth II a « fait son temps », est-elle très partagée ?

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Il est encore un peu tôt pour le dire. Mais visiblement, c’est un deuil d’Etat, au-delà de la personnalité de la défunte. C’est cela qui importe. Les présentateurs de la BBC portent des costumes noirs, les programmes sont bouleversés, la vie politique est suspendue alors même que Liz Truss avait présenté son programme de lutte contre la vie chère ce matin. Ce sera une forme de deuil national, mais sans pleurs.

La reine Elizabeth II ne suscitait pas les passions, mais qu’inspirait-elle à ses sujets ?

C’est d’abord énormément de respect, de l’admiration, mais surtout l’Histoire. Elle symbolise toute l’histoire de l’après-guerre de ce pays, les hauts et les bas, les succès et les échecs, la décolonisation, la société multiculturelle, l’adhésion à l’UE, le Brexit, elle symbolise tout cela à la fois. Pour les Britanniques, c’est l’occasion de revivre leur histoire à travers la reine.

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