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Ce livre pose le problème de l'éclairage de la décision politique concernant l'écologie, l'agriculture ou la prévention des risques de santé et du peu de place laissé à l'analyse objective des faits en particulier, et aux experts en général.
Ce livre pose le problème de l'éclairage de la décision politique concernant l'écologie, l'agriculture ou la prévention des risques de santé et du peu de place laissé à l'analyse objective des faits en particulier, et aux experts en général.
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Atlanti-culture

Bertrand Devevey pour Culture-Tops

Bertrand Devevey pour Culture-Tops

Bertrand Devevey est chroniqueur pour Culture-Tops. 

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.). 

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Livre

Ils croient que la nature est bonne

Ecologie, agriculture, alimentation : pour arrêter de dire n'importe quoi et de croire n'importe qui.

de Jean de Kervasdoué

Ed. Robert Laffont

174 pages

L'auteur 

Comme son nom l'indique, Jean de Kervasdoué est Breton. C'est un homme de convictions, un réformateur actif  et un homme libre d'influences. Il a été Directeur des hôpitaux et a conçu, au début des années 1980, une réforme profonde du système hospitalier Français. Il est aussi ingénieur agronome, professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers. Il a écrit 10 livres (dont un sur son expérience de patient hospitalisé, qui fit "un peu" de bruit dans le milieu en 2004), et surtout des essais pour dénoncer la désinformation sur les menaces écologiques, énergétiques et sanitaires. "Ils croient que la nature est bonne" s'inscrit dans cette filiation.

Thème 

Comme le dit bien le titre du livre, le mythe de la nature immaculée, de retour aux sources d'un monde sans pollution humaine est récurrent dans le discours écologique et médiatique depuis quelques années. Sa montée en puissance, appuyée sur des arguments portés notamment par des mouvements associatifs et des " experts auto proclamés " expose, dit Jean de Kervasdoué, l'opinion publique et les décideurs politiques à prendre pour des vérités des affirmations qui ne sont pas fondées sur des faits. En cause : les discours sur l'écologie et les désordres crées par l'homme, les périls de l'agriculture intensive, ses méthodes, ses pesticides, les prescriptions de santé, au nom de principes de précaution fondés souvent sur des peurs ou des croyances. Le livre parcourt ces différents thèmes.

Points forts 

1- Ce livre rappelle, à la suite d'autres ouvrages remarqués (de Claude Allègre, Nicolas Bouzou, Yuval Noah Harari, Jean Marc Jancovici...), que principe de précaution et idée d'un retour à une nature bienveillante semblent contribuer à stériliser l'innovation, en particulier dans les domaines où la science apporte des solutions nouvelles à l'agriculture, à l'élevage, à la santé, à la production d'énergies.

2- Il pose le problème de l'éclairage de la décision politique concernant l'écologie, l'agriculture ou la prévention des risques de santé et du peu de place laissé à l'analyse objective des faits en particulier, et aux experts en général. Les lobbies, souvent dénoncés quand ils sont industriels, semblent légitimes quand ils sont issus de la société civile, mais pas experts pour autant.

3 - Pour certains de ces exemples, ce livre mérite d'être lu. Pour en dire un peu plus, page 77, Jean de Kervasdoué cite l'émission "Cash investigation" du 2 février 2016. Il y est dit que 97 % des produits alimentaires contiennent des pesticides. Vous pourriez penser que seuls 3 % n'en contiennent pas. Cela fait peur. Or la vérité est "97 % des aliments contiennent des pesticides dans les limites légales, pour être précis, 54,6 % sans rien de décelable et 42,8 en dessous des limites légales..." L'émission ne dit rien des 3 % où les limites légales de pesticides ont été dépassés. Désinformation évidemment consternante.

4- Facile à lire, vite lu, il fait percevoir - étayé par des arguments solides - les manipulations dont nous sommes l'objet, et l'absurdité de décisions prise sous le coup de peurs ou de croyances habilement orchestrées, sans fondements objectifs, à l'image de l'interdiction du Bisphénol A dans les emballages alimentaires.

Points faibles 

1- Homme de conviction, il est probable que Jean de Kervasdoué a écrit ce livre "bouillant" de la colère des imprécisions, partis pris ou manipulations des grands meneurs d'opinion sur l'écologie politique. Ce livre pourrait paraitre écrit un peu vite.

2- Comme les exemples sont ciblés, les développements sont un peu courts. La faiblesse n'est pas le manque d'arguments, mais le renvoi aux précédents ouvrages de Jean de Kervasdoué, qui apportent ces compléments - il faut les avoir lus, ou se dépêcher de les lire; notamment 3 essais sur des thèmes connexes : sur l'énergie et l'excès de réglementation, Ils ont perdu la raison 2014; sur le principe de précaution, La peur au dessus de nos moyens 2011; sur les idées reçues en matière environnementale et sanitaire, Les prêcheurs de l’apocalypse 2007.

En deux mots 

On peut ne pas apprécier les thèses de Jean de Kervasdoué, mais ses arguments méritent d'être lus ou entendus. Il est difficile de lui attribuer un parti pris politique, il fut nommé par François Mitterrand et fustige les politiques environnementales et de santé, de droite comme de gauche. 

Cet ouvrage s'inscrit dans la lignée des livres qui invitent à lutter contre les apôtres de la décroissance, du stagnationisme et du péril scientifique autant que climatique. Il montre que la lecture du présent n'est pas binaire : les industriels et les (pays) riches ne détruisent pas la planète, l'action de l'homme n'est pas destructrice par nature et ceux qui auraient le plus à perdre aux principes de précaution seraient sans doute les (pays) plus pauvres. 

Ce livre invite à se souvenir que le progrès, en particulier des sciences, a apporté à l'humanité un niveau de confort et de santé incomparables.

Une phrase

Qui seront deux:

- p 76 "la désinformation continue aux heures de grande écoute... et laisse à penser :

     - qu'il pourrait y avoir une agriculture sans pesticides...

     - que les produits d'aujourd'hui sont dangereux or ils sont plus sélectifs et plus rapidement biodégradables.

    - que le volume de pesticides utilisé augmente alors qu'ils ont baissé de 50 % en un demi siècle et que simultanément la production s'est fortement accrue..."

- p126 : sur le lien entre consommation de viande et cancer : "Qu'un risque soit multiplié par trois quand le risque de base est de un pour cent mille n'est pas particulièrement inquiétant : trois pour cent mille demeure faible".

Recommandation

BonBon

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