Mauvaises vendanges 2013 : stratégies des viticulteurs et conseils pour ne pas en subir les conséquences<!-- --> | Atlantico.fr
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Le printemps pourri et les chutes de grêle ont détruit une partie des récoltes.
Le printemps pourri et les chutes de grêle ont détruit une partie des récoltes.
©Reuters

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Avec une production estimée à 43,5 millions d'hectolitres, la récolte de vin s'annonce comme l'une des plus mauvaises depuis 40 ans.

Fabrizio Bucella

Fabrizio Bucella chronique la science et le vin. Docteur en physique et professeur des universités à l'université libre de Bruxelles, il tient une chronique pour Le Point "Le prof en liberté". Chaque semaine, on le retrouve dans le poste de radio et télévision belge de service public (RTBF). Sur les réseaux sociaux, il publie quotidiennement une vidéo ludique sur le vin et la science. Ses comptes sont suivis par plus de 200 000 abonnés.

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Atlantico : Alors que la météo a plutôt été mauvaise cet été, la filière viticole s'attend à une très mauvaise récolte cette année. Il s'agirait d'« une des plus petites récoltes enregistrées en France après celle historiquement faible de 2012 » selon Jérôme Despey, Secrétaire général adjoint de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles). Quelle est la bonne stratégie à adopter du côté des producteurs en cas de pénurie, de manque ou de mauvaise récolte ?

Fabrizio Bucella : C’est une question difficile. Le vin est un produit caractérisé par son aspect saisonnier annuel. La vendange se réalise une fois par an entre la fin de l’été et le début de l’automne. Il est donc soumis aux aléas de la nature et une vendange peut être abondante ou non. La seule région vinicole qui a réussi à lisser les effets du millésime est la champagne grâce au déblocage des vins de réserve pour les bruts sans année. Ce procédé permet de contrebalancer une mauvaise récolte. Pour tous les vins millésimés (c'est à dire qui proviennent d’une seule année), il n’est pas possible de récupérer une mauvaise vendange par l’adjonction de vin des années antérieures. Le producteur peut augmenter quelque peu ses prix rapport à l’année précédente, même si cela ne compensera sans-doute pas la « non-récolte ». Il faut également que ses clients le suivent dans cette politique commerciale. La vraie solution se trouve au niveau de la gestion financière de l’entreprise. Il faut pouvoir inscrire des réserves au bilan lors des années fastes et les débloquer si besoin lors d’années plus difficiles.

Prix en hausse, rareté des vins : côté acheteur, quels seront les conséquences sur les achats de ventes ? Quels sont les bons conseils à suivre pour ne pas être trop affecté ?

Traditionnellement, il est conseillé d’acheter des grands domaines ou châteaux dans les petits millésimes et des domaines moins côtés dans les grands millésimes. Cette politique devrait avoir pour effet de lisser les dépenses pour l’acheteur. En réalité, les bons vignerons font chaque année d’excellents vins. On peut donc les suivre et les soutenir au fur et à mesure des récoltes. Je conseillerais plutôt de travailler à budget constant. Si les prix augmentent, il faut acheter moins de bouteilles ou alors se tourner vers des régions moins onéreuses. La région du Languedoc-Roussillon regorge de vignerons-artisans talentueux qui mettent sur le marché des vins tout à fait abordables. Par ailleurs, dans quelques jours, les foires aux vins vont battre leur plein dans la grande distribution. Bien entendu, on peut critiquer le concept en tant que tel, mais on ne peut nier qu’il y a des occasions très intéressantes pour l’acheteur. Si le budget le permet, je conseillerais de faire attention à ce moment particulier et d’en profiter pour regarnir un peu sa cave.

Les vins issus de certaines régions sont-ils plus endommagés que d’autres ? Les réserves de bouteilles sont-elles suffisantes pour satisfaire la demande ?

En terme de consommation nationale, il n’y a aucun souci à se faire. La pénurie de (bon) vin n’est pas pour demain. Comme tous les pays producteurs de vin, la France voit la consommation de ses habitants diminuer chaque année. Celle-ci est passée de 160 litres par habitant et par an en 1965 à moins de 52 litres en 2012. La production s’est quelque peu réorganisée sur les vins d’appellation mais pas dans les mêmes proportions. Les marchés à l’export sont donc tout à fait indispensables à la survie même de la filière viti-vinicole. Il est clair que les vins les plus chers et les plus spéculatifs sont les plus affectés par les effets du millésime ou par celui d’une certaine rareté. On pense à quelques crus classés à Bordeaux, à quelques producteurs bourguignons et à quelques domaines-phares dans la vallée du Rhône septentrionale. Cependant, l’évolution de ces vins précieux c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Pour l’écrasante majorité de la filière, une mauvaise récolte signifie moins d’entrées au bilan que l’année précédente pour sensiblement le même travail et donc des dépenses comparables.

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