Marine Le Pen considérée par 36% des Français comme la meilleure opposante au gouvernement et pas seulement grâce aux défauts de ses concurrents<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Les sondages en vue des municipales de 2014 sont plutôt bons pour le FN.
Les sondages en vue des municipales de 2014 sont plutôt bons pour le FN.
©

Tête d'affiche

Selon un sondage CSA pour i-Télé dévoilé ce samedi, la présidente du Front national laisse loin derrière Jean-Luc Mélenchon et Jean-François Copé comme meilleure représentante de l'opposition au gouvernement socialiste.

Eddy  Fougier

Eddy Fougier

Eddy Fougier est politologue, consultant et conférencier. Il est le fondateur de L'Observatoire du Positif.  Il est chargé d’enseignement à Sciences Po Aix-en-Provence, à Audencia Business School (Nantes) et à l’Institut supérieur de formation au journalisme (ISFJ, Paris).

Voir la bio »

Atlantico : Selon un sondage CSA pour i-Télé paru ce matin (voir ici), Marine Le Pen est considérée par 36% des sondés comme la meilleure opposante au gouvernement, loin devant Jean-François Copé (23%) et Jean-Luc Mélenchon (17%). Comment expliquer ce résultat ?

Eddy Fougier : Ce n'est pas forcément surprenant. Surtout si l'on considère que Jean-Luc Mélenchon n'est pas forcément dans l'opposition, quoi qu'il en dise. De même à l'UMP, où l'on est plutôt concentré sur la recherche d'un leader et d'un projet. Logiquement, Marine Le Pen occupe la place. De plus, elle a pu bénéficier de l'actualité de cet été, plutôt en chargée en débats favorables aux thèmes du FN : émeutes à Trappes, polémiques sur le voile, faits divers à Marseille… Ce qui est plus étonnant en revanche, c'est que Marine Le Pen ne s'est pas beaucoup exprimée pendant cette période, mais elle engrange quand même. Après, il y a bien sûr un contexte qui la pousse, tout comme il pousse les mouvements populistes un peu partout en Europe, lié à la crise ou aux craintes entourant l'islam radical.

Est-ce à dire que le Front national est jugé crédible pour gouverner ?

Au niveau local en tout cas, le FN est bien placé. Pour les municipales de 2014, les sondages sont plutôt bons. Pour les Européennes aussi, les mouvements critiques de l'Europe devraient évidemment faire le plein des voix. En termes d'opposition, la crédibilité de Marine Le Pen semble être acquise aux yeux d'une partie des Français. Sa critique de "l'UMPS" et la succession des affaires, de Bettencourt à Cahuzac, n'y sont bien sûr pas pour rien. Le grand pari de Marine Le Pen, contrairement à son père, c'est de transformer la dimension critique du FN en vocation électorale et gouvernementale. Sur le plan médiatique, la "notabilisation" du mouvement est plutôt réussie. Sur le plan politique en revanche, c'est moins évident. Ses propositions économiques et sociales ont du mal à passer, même parmi certains de ses électeurs. Regardez sa campagne présidentielle : quand elle a mis en avant le rôle de l'Etat, du protectionnisme, elle a stagné. Quand elle est revenue sur les bons vieux sujets d'immigration, d'insécurité, d'identité, elle a redémarré.

Pourquoi Jean-Luc Mélenchon ne capitalise-t-il pas sur la déception à gauche alors qu'il durcit son discours contre le pouvoir ?

Jean-Luc Mélenchon est sur un logiciel de gauche classique, celle qui refuse le tournant libéral de 1983. Ca rassure les militants, mais pas les catégories populaires. Là où les mouvements populistes semblent avoir gagné, c'est sur le terrain des idées et des perceptions. C'est-à-dire en influençant le mode de lecture de la société auprès de ces mêmes catégories populaires. Ce n'est plus une vision sociale, pauvres contre riches, mais une vision ethnique, Français contre étrangers. Quand Jean-Luc Mélenchon dit que le problème, "ce n'est pas l'immigré mais le financier", ça ne correspond pas à la vision des couches populaires de la société.

La droite aura beau jeu de dire que le pouvoir fait consciemment le jeu du FN. Une critique légitime ?

Que le Front national soit instrumentalisé par le gouvernement pour diaboliser une radicalisation de la droite, ça paraît évident. On l'a vu notamment face aux débordements des manifs contre le mariage pour tous : à les entendre, on avait effectivement l'impression d'être en février 1934, avec la république en danger. C'est une dramatisation, mais qui est de bon aloi politique. On se souvient de Mitterrand, qui sortait la question du droit de vote des étrangers avant les élections, l'adoption de la proportionnelle… Mais je ne suis pas certain que ce soit fait de manière volontaire du côté de la gauche. Ils savent très bien qu'ils joueraient avec le feu et qu'ils pourraient aussi en être victimes. Donc, la droite joue son rôle en expliquant que la gauche met de l'huile sur le feu, la gauche joue le sien en accusant la droite de complicité, et finalement Marine Le Pen est contente car elle peut jouer sa partition de la connivence entre grands partis.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !