Mariage pour tous, 5 ans après : tout est devenu évident... euh, vraiment ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Mariage pour tous, 5 ans après : tout est devenu évident... euh, vraiment ?
©Reuters

Circulez y’a rien à voir

A l'occasion du 5 ème anniversaire de loi sur le mariage pour tous, les Inrocks ont affirmé que "cinq ans jour pour jour après l'instauration du mariage pour tous, la société française ne s'est pas effondrée". De son côté, Libération affirme que ce qu'avaient prophétisé les principaux opposants à cette loi s'est bien réalisé.

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely est philosophe et théologien.

Il est l'auteur de plusieurs livres dont La Mort interdite (J.-C. Lattès, 2001) ou Une vie pour se mettre au monde (Carnet Nord, 2010), La tentation de l'Homme-Dieu (Le Passeur Editeur, 2015).

 

 

Voir la bio »

A l'occasion du 5ème anniversaire de loi sur le mariage pour tous, les Inrocks ont publié le texte suivant : "Lors du débat sur le mariage pour tous, certains responsables politiques ont annoncé la fin des temps ou presque si la mesure était adoptée. Cinq ans jour pour jour après l'instauration du mariage pour tous, la société française ne s'est pourtant pas effondrée: il ne pleut pas de grenouilles, et on ne fabrique toujours pas les enfants dans des usines”. Que pensez-vous de ces arguments ? D'autres sujets, induits par cette loi, restent en suspens. Quelles sont les conséquences à plus long terme du mariage pour tous ?

Bertrand Vergely : L’argument employé par Inrocks afin de se féliciter de la loi Taubira sur le mariage gay, argument consistant à dire : « Vous avez tort de vous inquiéter. Rien n’a changé. Le monde ne s’est pas écroulé » révèle une lâcheté  fondamentale. En permettant à deux hommes et deux femmes d’avoir des enfants alors qu’il est impossible qu’ils en aient, cette loi change radicalement l’histoire de l’humanité.  Les partisans du mariage pour tous ne veulent pas le reconnaître. Ils n’osent pas assumer la rupture qu’ils sont en train de provoquer dans l’humanité parce qu’ils n’osent pas assumer leur violence. Pour cela que font –ils ? Ce qu’ils ne cessent de faire depuis des années.an jouant avec 1) la dédramatisation lançant des appels au calme, au recul, à la distance, au retour à la réalité  2) avec la noyade intellectuelle et orale  cultivant le « comme une autre » afin de parler de sexualité comme un autre pour qualifier l’homosexualité et de famille comme un autre pour désigner l’homoparentalité, 3) avec enfin le néo-conservatisme rassurant susurrant sur le mode du « Dormez braves gens » que tout va bien, que rien n’a changé, que rien ne change et que rien ne changera.

Il faut bien voir l’enjeu qui se cache derrière tout cela. Récemment, en Grèce, lors d’un colloque réunissant des participants venus du monde entier afin de débattre de l’avenir de l’humain, j’ai entendu l’un des orateurs présents vanter la théorie du genre en expliquant qu’elle était promise à devenir la révolution d’où surgiront toutes les futures révolutions. On a là la clef du mariage pour tous. Se présentant en apparence comme un projet uniquement soucieux d’amour et de tolérance, celui-ci est en réalité motivé par une prise de pouvoir politique et mental du monde entier.  Depuis la Révolution Française, l’histoire nous a montré que, quand on n’a pas une vraie religion comme le christianisme, on va chercher la religion que l’on n’a pas ou que l’on ne veut pas dans une fausse religion comme celle de Robespierre avec le culte de l’Être Suprême ou bien encore celle que développe Se dans La philosophie dans le boudoir. Derrière le mariage pour tous c’est à cette dérive sectaire à laquelle nous avons affaire. Qui possède le discours sur le sexe possède le pouvoir soulignait Pierre Bourdieu. Qui possède le discours sur la vie possède le pouvoir disait également Michel Foucault. La secte révolutionnaire qui entend dominer le monde a pris le pouvoir sur le sexe et sur la vie. À travers la LGBT elle impose le mariage gay au niveau mondial.

En matière de GPA, peut-on dire que le risque "de fabriquer les enfants dans des usines”, comme l'écrit ironiquement les Inrocks, n'existe pas ? Par ailleurs, si cette loi n'a soi-disant pas d'effets "catastrophiques" en France, peut-elle en avoir dans les pays du Sud où les femmes seront amenées à "louer leur ventre" ?

Dans son ouvrage sur l’utérus artificiel, utérus vers le quel nous courrons, Henri Atlan explique que nous avons connu 1) la procréation avec sexe puis 2) le sexe sans procréation. Nous allons maintenant vers 3) La procréation sans sexe. L’enfant éprouvette n’est plus un fantasme de science fiction mais une réalité. Derrière les recherches sur l’embryon afin de lutter contre la souffrance provoquée par des maladies rares l’eugénisme se révèle de plus en plus.    Pour Laurent Alexandre il ne faut aucun doute que demain il sera réclamé par le public et ratifié par les politiques qui n’oseront pas aller contre. Cet eugénisme se produira d’autant mieux qu’il sera une obligation, pratiquer un eugénisme neuronal in utero devenant une obligation si on veut pouvoir une chance de nous adapter aux futurs robots qui sont en train d’être friqués afin de nous servir (dixit là encore Laurent Alexandre dans son ouvrage La guerre des intelligences). Les bébés ne se fabriquent pas dans des usines. En revanche, ils sont déjà à l’étude dans des laboratoires et des centres de recherche médicaux. Ici et là, on commence à entendre des voix s’élever pour dire qu’elles ne sont pas contre un certain eugénisme afin de lutter contre la souffrance. Il y avait jusqu’à présent une résistance morale face à l’eugénisme. Elle est en train de sauter. La soif de confort, la quête de sécurité sont en train de la balayer sur fond de pragmatisme, de réalisme, d’utilitarisme et de droit-de-l’hommisme. La GPA se pratique dans les pays du Sud. Il n’y a pas que là. Elle se pratique aussi en Ukraine ou bien encore aux Etats-Unis. À des tarifs différents 20 à 30.000 euros en Inde, entre 40 et 60.000 en Ukraine, autour de 120.000 euros aux Etats-Unis. Il faut voir là encore ce qui est en train d’activer tout cela. En Occident, si l’eugénisme traduit un meurtre du père, dans le Sud, l’enfant que l’on fait faire par une GPA traduit un meurtre de la mère. Derrière ce meurtre du père et de la ère qui est en train de s’imposer, c’est la fin de la filiation avec  un visage et un nom au sein d’une généalogie repérable qui est en train de se déployer. La Révolution Française avait coupé la tête de Dieu et du Roi. Ce à quoi on assiste est une conséquence de cette décapitation puisque c’est maintenant la tête de l’homme lui-même que l’on est en train de couper. Dans les sciences humaines pour qu’il y ait science, il faut que l’homme puisse être réduit à du non-humain et donc qu’il disparaisse. Pour que le pouvoir sur l’homme et pas simplement la science de l’homme puisse exister il est important que l’homme comme vivant cesse d’exister. Ce qui est en train de se produire.

Existe-t-il selon vous des sujets similaires, dont on a estimé qu'ils n'avaient aucun effet de transformation "grave" sur la société et qui ont entraîné au contraire des conséquences que les individus n'ont pas su, ou voulu voir?

Durant la dernière guerre mondiale lorsque les Américains ont été mis au courant des camps de la mort ils n’ont pas voulu le croire. Ce à quoi nous assistons relève de la même réaction. Des atteintes extrêmement graves sont faites à l’homme. On ne veut pas les regarder en face. Pour que les homosexuels deviennent une famille comme un autre il faut non seulement faire disparaître le couple père mère mais le couple homme-femme comme base de la reproduction de la vie. Quand on dit cela on n’est pas cru. On s’entend idre que l’on exagère, que l’on est parano, réac, homophobe, pessimiste, catastrophiste, complotiste, crispé, vieux jeu, ringard, conservateur, bio-conservateur etc… De même, on assiste à la mise en place d’une levée de la différence séparant l’homme de la machine afin de faire triompher l’homme-machine. Vieux rêve imaginé par La Mettrie au XVIIIème siècle et repris par Gilles Deleuze dans les années soixante-dix. Hier la bourgeoise européenne se bouchait les oreilles quand elle entendait dire que Hitler était dangereux. Aujourd’hui, les progressistes veulent imposer la théorie du genre par la force et hurlent au fascisme quand on les critique. Dans les années soixante-dix les révolutionnaires de l’époque se sont rendus compte qu’en soutenant le Cambodge ils avaient soutenu une dictature criminelle. Mais trop tard. Le mal était fait. Quand on leur avait demandé d’ouvrir les yeux ils ricanaient. Les progressistes qui soutiennent aujourd’hui la théorie du genre et le robot humanisé vont certainement se réveiller un jour. Mais il sera trop tard. Le mal aura été fait.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !