Marée du siècle, il est encore temps : les meilleurs endroits de France pour en profiter<!-- --> | Atlantico.fr
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Une très forte marée a eu lieu le 24 février (ici à Biarritz)
Une très forte marée a eu lieu le 24 février (ici à Biarritz)
©Reuters

De quoi bien s'marée

Samedi, le coefficient de marée atteindra 119, soit le plus haut niveau jamais constaté selon le SHOM, l'établissement national expert en océanographie. A la veille de cette "marée du siècle", voici les meilleurs lieux pour profiter d'un spectacle qui se produit une fois tous les dix ans.

Odile Guérin

Odile Guérin

Odile Guérin, géologue et géomorphologue, s'est spécialisée dans l'étude des littoraux. La découverte du plus gros galet du monde l'a amenée à se pencher sur le phénomène des marées pour lequel elle s'est passionnée et écrit de nombreux articles. Elle a publié Comprendre les marées le 10 mars 2015 aux éditions Ouest France.

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Les marées de cette fin de semaine vont revêtir un caractère exceptionnel. Effectivement, le coefficient qui définit l'importance de la marée est exceptionnel : coefficient 119 (les coefficients varient entre 20 et 120; plus le chiffre est élevé, plus la marée est importante, c'est-à-dire que plus la mer monte haut et descend bas), découvrant ainsi une vaste surface appelée "estran". La dénivellation entre Pleine Mer et Basse Mer est appelée "marnage". Partout sur les côtes de la Manche et du Golfe de Gascogne on atteindra des records. Mais pour bien profiter du spectacle de la marée, il faut d'abord choisir la bonne région.

Carte de l'Unité de hauteur U :

Cette Unité varie géographiquement. En règle générale, pour avoir de grands marnages (marnage = dénivellation entre la Pleine Mer et la Basse Mer), il faut deux conditions:

1) être dans une région où la mer est peu profonde (ce qui est le cas de la Manche où les fonds sont inférieurs à 100m tandis que dans le Golfe de Gascogne, le plateau continental est plus réduit)

2) être, à l'échelle régionale, dans un fond de baie,.

Pour connaître le marnage (approximatif) du jour, il suffit de multiplier le U local par 2 et par le coefficient du jour.

Ex: Baie du Mont Saint Michel : U>6, le marnage sera donc par coefficient 119 de 6 x 2 x 119 = 1428cm, soit 14,28cm (approximativement).

Pour profiter au mieux de cette marée du siècle, il vaut mieux donc privilégier :

  • Les rivages de la Manche, plus propices que les rivages du Golfe de Gascogne.
  • Pour la Manche, la baie du Mont Saint Michel et la baie de Somme sont d'excellent spots.
  • Pour le Golfe de Gascogne, l'estuaire de la Loire, et les côtes derrière les îles sont aussi de bons endroits.

Pour voir le spectacle de la mer découvrant puis recouvrant de larges estrans, choisir des endroits dominant les baies. En très grande marée, sauf si l'on connaît très bien le secteur, il n'est pas conseillé de s'aventurer sur ces estrans, et si on le fait, il faut impérativement remonter dès que la mer remonte, et même un peu avant. En baie du Mont Saint Michel, la mer découvre un estran dont la largeur atteint 12 km !

Il faut aussi savoir que la mer ne remonte pas toujours au même rythme, obéissant en cela à une règle assez simple, la règle des douzièmes (applicable à tout point de la côte) : la 1ère heure, la mer remonte de 1/12 de son marnage, la 2ème heure, de 2/12, la 3ème heure de 3/12, la 4ème heure de 3/12, la 5ème heure de 2/12, la 6ème heure de 1/12. Ceci signifie qu'en baie du Mont Saint Michel, la mer montera pendant la 3ème et 4ème heure de 6m, soit la hauteur d'un immeuble de 2 étages en 2 heures !

Pour bien profiter du spectacle, sans danger, on peut se placer à des endroits resserrés et dominant des baies. Ainsi, pour la baie du Mont Saint Michel, la pointe du Grouin (au Nord de Cancale) est particulièrement intéressante, car on peut voir la force du courant.

Pour le Golfe de Gascogne, l'entrée du Golfe du Morbihan, le Gois de Noirmoutier, le Perthuis Breton  sont des zones où l'on pourra apprécier la remontée de la mer et la vitesse du courant.

Mais une nouvelle fois, c'est en Manche  que le spectacle des courants sera le plus spectaculaire :  Pointe du Grouin, nez de Jobourg, et tous les estuaires en général.

Niveau de la mer sur les côtes françaises, le 21 mars à midi :

Au même moment, le niveau d'eau dans les ports du golfe de Gascogne est sensiblement le même, tandis qu'en Manche, les niveaux varient considérablement d'un port à l'autre, créant de fortes dénivellations à l'origine des courants. A ceci, deux raisons : les marnages plus importants et très variables, et le décalage dans l'heure de la marée en Manche, tandis que dans le golfe de Gascogne l'heure de la marée est à peu près la même pour tous les ports, et les marnages sont peu différents d'un port à l'autre.

Mais où que l'on soit sur les côtes françaises, le spectacle sera au rendez-vous, car le coefficient de 119 (maximum 120), correspond à une marée universellement exceptionnelle. On verra la mer à des niveaux rarement atteints, tant pour la Pleine Mer (particulièrement haute) que la basse Mer (particulièrement basse). Les plantes des marais maritimes (fonds de baies et estuaires) disparaîtront totalement sous les eaux à Pleine Mer, et le bas estran à marée basse permettra peut-être de découvrir des vestiges historiques, et en tous cas sera propice à la pêche à pied.

Les bonnes conditions météorologiques (hautes pressions, vent de NE) laissent cependant présager une Basse Mer exceptionnelle et une Pleine Mer un peu décevante.

Prochains rendez-vous d'exception : le 3 mars 2033, puis le 14 mars 2051 !

Ceci dit, même avec un coefficient de 115, ce qui se produit  tous les 4 ans, le spectacle est tout de même lui aussi magnifique, car la différence entre un 119 et un 115 n'est que de quelques centimètres...

Bonnes marées, et soyez prudents.

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