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Mais pourquoi Ségolène Royal irrite-t-elle autant à droite qu’à gauche ?
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Madone

Avec 32,03% des voix, Ségolène Royal arrive en tête de la première circonscription de Charente-Maritime. Mais elle doit affronter au second tour Olivier Falorni, candidat socialiste dissident qui refuse de se désister.

Josée Pochat

Josée Pochat

Josée Pochat est chef du service politique de Valeurs actuelles.

 

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Atlantico : La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a déclaré qu'il y avait à "La Rochelle une situation à part parce qu'il y a une candidate à part qui a un statut particulier dans notre parti", estimant qu'il faudrait "tirer des leçons" de ce parachutage. Doit-on y voir un agacement des socialistes face à Ségolène Royal ?

Josée Pochat : A gauche et aussi un peu à droite, on a considéré dès 2006 que Ségolène Royal était une imposture. Autrement dit qu'elle était incompétente, qu'elle n'avait pas la carrure, qu'elle n'était qu'une Madone portée par les sondages. En d'autres termes, elle aurait été "faite" par les sondages. Les éléphants du PS à l'époque étaient tous désespérés, mais ils n'avaient pas le choix, les sondages avaient parlé !

Aujourd'hui, il faut officiellement tout faire pour sauver le "soldat Royal", pour quatre grandes raisons :

  • Elle reste au yeux des Français la candidate du PS de 2007 ; 
  • Elle est l'ex-femme du président de la République, la mère de ses quatre enfants ; 
  • François Hollande n'est pas un "tueur", et la France pourrait être humainement choquée s'il laissait couler son ex-femme ; 
  • Elle est restée loyale durant toute la présidentielle, elle a joué le jeu, et assuré son boulot de soutien.

Pourtant elle agace l'électorat local. La raison : elle est arrivée - plus ou moins parachutée, puisqu'elle a tout de même éjecté le responsable de la fédération locale - avec un plan de carrière personnel : obtenir le perchoir à l'Assemblée. 

Le PS a déjà fait tout ce qu'il pouvait faire pour soutenir Ségolène Royal, pour lui tendre une main "secourable". Olivier Falorni a été exclu du PS, il a reçu à plusieurs reprises des appels pour lui demander de retirer sa candidature... Quelles peuvent donc être maintenant les manières pour sauver Royal ?

S'il s'agissait d'une autre personnalité à la place de Ségolène Royal, le PS aurait-il réagi de la même façon ?

Évidemment que non. Le PS a réagi de cette façon parce qu'il s'agit de Ségolène Royal, mais aussi parce qu'elle a été imposée dans cette circonscription face au patron de la fédération socialiste de la région. Le plus souvent, lorsque survient un parachutage, on laisse les élus s'affronter et la place revient à celui qui a su convaincre le plus d'électeurs. Mais il s'agit de Ségolène Royal et sa défaite ravirait trop la droite...

Mais pourquoi irrite-t-elle autant ?

Cette femme agace car en 2006 elle est devenue une sorte d'icône, élue haut la main aux primaires socialiste au nez et à la barbe de tous les éléphants. Elle avait en effet réussi à gagner l'adhésion de l'opinion. Encore une fois, tous les responsables socialistes estiment que cette attitude n'est qu'apparence et qu'elle manque de fond. Un autre élément qui a pu agacer : le soir du 6 mai 2007, après sa défaite contre Nicolas Sarkozy, elle a gardé une attitude victorieuse et souriante, sans doute portée par son ego.

D'autres "erreurs" ont jalonné son parcours politique : il y a eu la fameuse séquence de la "bravitude" sur la muraille de Chine, sa tenue vestimentaire entièrement blanche alors que dans ces contrées c'est la couleur du deuil, plusieurs bourdes, donc, qui ont marqué son parcours présidentiel jusqu'au soir du débat où elle a expliqué qu'il était nécessaire de faire raccompagner chaque femme fonctionnaire qui finissait tard par des policiers. Mais malgré toutes ces erreurs, Ségolène Royal faisait preuve d'un tel aplomb que sa légèreté et ses maladresses passaient un peu inaperçues.

Cette façon décomplexée qu'elle a de faire de la politique ne rappelle-t-elle pas Nicolas Sarkozy ? 

Effectivement. Tous deux sont décomplexés et osent... quitte à faire fi d'une période de réflexion. Ségolène Royal, au contraire de François Hollande, n'est pas "normale". Je crois notamment qu'elle possède un ego surdimensionné. Je cite toujours cette anecdote : Jean Peyrevade, lorsqu'il a appris que Ségolène Royal avait gagné les primaires socialistes, a quitté le PS dont il était membre depuis les années 1970 ; il figurait dans le cabinet de Pierre Mauroy...

Et à droite ? En quoi Ségolène Royal les agace-t-elle particulièrement ?

Sa personnalité les agace, mais celle de Martine Aubry également. Mais cela n'a rien à voir avec le fait qu'elles soient des femmes. En vérité, tous ceux qui côtoient Ségolène Royal de prêt la trouvent assez "particulière". Souvenons-nous que son ancienne attachée parlementaire l'a quand même attaquée en justice car elle voulait lui retenir son salaire de trois mois afin de renflouer ses comptes de campagne, après une sombre histoire d'arrêt maladie... Tous ses conseillers s'accordent à dire que c'est une personnalité très à part.

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