Comparaison
Mais de quoi Emmanuel Macron fait-il vraiment l’éloge quand il célèbre le Danemark ?
Le chef de l'Etat s'est montré élogieux sur le Danemark lors de son déplacement cette semaine. Quelles sont les spécificités de ce modèle qui fascine ?
Jean-Yves Camus
Chercheur associé à l'Iris, Jean-Yves Camus est un spécialiste reconnu des questions liées aux nationalismes européens et de l'extrême-droite. Il est directeur de l'Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès et senior fellow au Centre for the Analysis of the Radical Right (CARR)
Il a notamment co-publié Les droites extrêmes en Europe (2015, éditions du Seuil).
Atlantico : Emmanuel Macron en visite au Danemark a fait l'éloge du pays mais que peut-il célébrer au vu de la situation politique locale et des alliances du gouvernement en place avec l'extrême droite ? Qu'y a-t-il de si fantastique pour Emmanuel Macron dans ce pays ?
Jean-Yves Camus : C'est le modèle social de flexisécurité qui le séduit. Ce modèle est semblable à ce que souhaite le président, c'est à dire conjuguer la flexibilité du marché du travail (l'employeur peut facilement se séparer d'un salarié) et la garantie pour les employés d'un niveau élevé d'indemnisation du chômage, des retraites et des avantages sociaux confortables. Premier bémol: la fléxisécurité danoise suppose un haut niveau de formation init ale et un système de formation professionnelle continue bien plus performant que le nôtre pour que les salariés puissent "bouger". Second bémol: le gouvernement de centre-droit est minoritaire au Parlement et dépend pour faire passer les lois, de l'appui sans participation accordé depuis 2015 par le Parti du Peuple, une formation très eurosceptique qui a conditionné son soutien au vote d'une législation très restrictive sur l'accueil des migrants et des réfugiés. L'une des dernières mesures est l'inscription dans la loi de zones urbaines considérées comme des endroits où se développe une société parallèle" et où dans les écoles, la proportion d'enfants étrangers sera limitée à 30%.
Quant aux conditions de naturalisation, elles sont infiniment plus dures qu'ici, notamment en termes de durée ininterrompue de résidence. Il existe un consensus général, jusqu'aux sociaux-démocrates inclus, sur la restriction de l'immigration et de l'accueil des réfugiés.
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