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Macron, les entrepreneurs, l’ubérisation politique et la théorie du chaos
©AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Cette élection commence seulement à nous surprendre. Nous pensions avoir connu la plus grande ubérisation politique, par une nouvelle plateforme, venue se placer au centre du jeu électoral, et captant la valeur que les partis anciens ont su briser avec une belle régularité depuis 30 ans.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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On pense encore que la jeunesse, la surprenante ascension d’un homme encore inconnu il y a 3 ans du grand public est le fait marquant de cette élection présidentielle de 2017. On pense que l’écroulement des partis traditionnels, que nous souhaitions majoritairement depuis si longtemps, depuis que nous avions compris que seule une bonne claque et coup de pied dans le fondement de leur conception de la république permettrait de les pousser à la réforme, est l’événement majeur de cette élection de 2017. On pense que le plafond de verre qui  résiste utilement à la famille Lepen et le taux record des votes nuls est l’événement marquant de cette élection de 2017.

Ce n’est pas faux, mais loin d’être suffisant. Analyse entrepreneuriale et ubérisante.

L’ubérisation de la sociétéDe la politique ? Nous l’annoncions dans notre livre (Ubérisation : Un Ennemi qui vous veut du bien ? Dunod) récemment. Le désespoir des populations totalement mal adressé par la classe politique, nié par les élites, vue de haut par une monarchie déconnectée devait inévitablement conduire au déclassement des plateformes traditionnelles. Uber versus G7 ou Macron/Mélanchon/Lepen contre l’UMPS comme il est devenu courant de les appeler, c’est la même chose. La valeur, ou ce qu’il en reste est captée par de nouveaux acteurs, plus agiles, ou capables de fournir plus de facilité et de confort à des « conso-voteurs » prêts à n’avoir qu’à glisser leur main sur l’urne, comme le doigt sur le Smartphone.

Et de la facilité il y en a eu. Des arguments démago à la limite de la nausée pour les extrêmes, malgré un certain talent il faut l’avouer, surtout chez JLM. Une absence de programme côté Macron qui évitait le mal de tête. L’ubérisation gagne par la facilité et aide à son adoption, par l’absence de réflexion. Pour le coup, on était servi ! Une nouvelle plateforme remplace, au moins provisoirement, l’ancienne, qui maintenant en appelle au peuple pour la sauver, se prenant pour le soldat Ryan. Le score à peine tombé, la droite appelle à empêcher Macron de gouverner, pour lui interdire de démontrer qu’il ne pourra faire que mieux, et en tous cas, pas pire (ce qui serait Olympique). Le PS n’appelle à rien car il n’existe plus, mobilisé derrière…personne ! Dépassé à gauche et déserté à droite, le PS n’est qu’une ombre dont les figures cherchent un perchoir pour ne pas finir sous terre.

Macron a capté la valeur, mais ne peut la saisir totalement. C’est le problème. Dans la 5ème République on a certes le 49.3 et les ordonnances, mais il faut aussi composer avec l’assemblée nationale, malgré sa faible fréquentation à certaines heures et la maison de retraite sénatoriale. Nos chambres législatives, qui sont les seules à disputer aux prisons, un fort taux de surpopulation, sont souvent dépassées, mais incontournables. Il va donc falloir gagner les législatives. Et là cela se complique fortement ! Le problème de notre élection de 2017 c’est que personne ne sera capable de l’emporter. Sauf surprise, et de ce côté, nous avons été gâté jusqu’ici. En France et partout dans le monde.

La France a au maximum 5 ans, pour se saisir des réformes qui feront de notre pays une tombe de luxe ou un bolide de course. C’est notre dernière chance. La messe numérique est pratiquement dite et les USA en sont les prédicateurs. La Chine tient l’autre bout du saint suaire digital. La France peut encore, du fait de ses atouts être le leader d’une Europe capable de proposer des modèles alternatifs d’entrepreneuriat numérique. Nous en avons toutes les capacités. Mais elles exigent de donner un cadre puissant et souple à la fois à nos start-up et PME, et une capacité à nos géants de ne plus être empêchés, une fois au sol, de marcher. Baudelaire entends nous !

Une France ingouvernable sera le fossoyeur de ce dernier taxi pour la réussite. Sinon ce sera le dépôt, le garage. La casse même. Or personne n’a l’intention d’aider Macron à réussir. Les politiques ne retiennent aucune leçon. Défaits par les électeurs ils se rêvent déjà en arbitres au mieux, mais surtout en casseurs. La France leur a dit NON, mais ils traduisent OUI. La défaite de Macron sera, selon eux, le moyen de ressusciter de leurs cendres déjà froides. Faire perdre la France est moins important pour eux que d’assurer leur retour. Ils sont lamentables et indécrottables. Rien à faire. Ils collent à la démocratie comme la boue aux bottes. Et Macron n’est pas Mitterrand. Capable de faire de la cohabitation une valeur à son avantage.

Nous, entrepreneurs, aimerions dire aux politiques de droite, de bien réfléchir avant de se laisser aller à leur travail de nuisance habituelle. Il faudrait qu’ils comprennent que l’échec de la France signera leur disparition. Définitive. Et l’élection du FN. Dire à Dupont-Aignan, de prendre une retraite bien méritée, car une fois racheté à bon marché, il ne mérite même pas les soldes prochaines. Dire au PS. Vous avez dit ? Dire à Mélanchon, que de lancer le peuple insoumis dans les rues est la certitude de les mettre à la rue. Puis au rebut. Ils portent tous une énorme responsabilité, mais il n’y a aucun espoir d’en appeler à leur intelligence, elle est réduite à comprendre les échéances électorales et les fromages qu’elle garantit.

C’est pourquoi ce quinquennat risque d’être bien long et bien morne. Pas de majorité absolue signifiera un échec total. A moins que les Français ne le réalisent et donnent au Président, qui, qu’on l’aime ou non, a été élu et mérite sa chance, et la France encore plus.

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