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Loi alimentation : ces surcoûts conséquents qui attendent les consommateurs
©Pixabay

Les prix

Loin des ambitions affichées lors des Etats généraux de l’alimentation, le projet de loi "Agriculture et alimentation" soumis au vote de l’Assemblée suscite beaucoup de déceptions et d’incompréhensions.

Olivier Andrault

Olivier Andrault

Olivier Andrault est ingénieur en agro-alimentaire. Il est chargé de mission "agriculture et alimentaire" pour l'association de consommateurs UFC-Que choisir. 

Il effectue aussi des missions pour Programme national nutrition santé, pour le Ministère de l'Agriculture et de la pêche, où il travaille pour l'amélioration nutritionnelle des aliments. Il fait aussi parti du groupe d'orientation de l'observatoire de la qualité de l'alimentation.

 

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Quelles sont les mesures à retenir pour les consommateurs ?
Olivier Andrault : Après six mois de travaux menés dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation, le projet de loi du gouvernement s'avère très décevant et très en dessous des préconisations faites par les nombreux acteurs qui ont participé à la préparation de ce texte. Qu'il s'agisse de qualité nutritionnelle, d'étiquetage des produits ou de contrôle sanitaire, le texte apporte bien peu d'améliorations mais suscite beaucoup d’incompréhensions. Concernant les prix, le relèvement du seuil de revente à perte (SRP) pourrait engendrer, selon nos calculs, un surcoût pour les consommateurs de l’ordre de 5 milliards d’euros (soit jusqu’à 177 € par ménage). Pire, l’argument selon lequel cette hausse profiterait aux agriculteurs est une mystification totale qui a d’abord été relayée par le gouvernement, mais qu’il n’ose plus mettre en avant aujourd’hui …on voit mal comment la grande distribution, qui fera davantage de profits sur le dos des consommateurs, cesserait pour autant la pression sur ses fournisseurs, et sur les agriculteurs. Encadrer les promotions sur des produits comme le café ou le jus d’orange et obliger à vendre plus cher le Nutella n’aura aucun impact pour eux.

Les mesures sur la qualité nutritionnelle des produits et sur l’information des consommateurs figuraient parmi les engagements du gouvernement. Que prévoit le texte de loi ?

Force est de constater que la qualité et la sécurité alimentaires sont les deux grands sujets absents de cette loi. Les engagements en matière de qualité nutritionnelle ont été confiés aux filières censées présenter des « plans », or rien ne laisse penser que cette amélioration sera prise en compte, selon les premières communications faites à ce sujet. Plus généralement, le texte renvoie des questions à une date ultérieure, comme le montre l’exemple du glyphosate. S’agissant de l’information du consommateur, elle devient carrément illisible. Le texte prévoit de mentionner le nombre de traitements phytosanitaires sur les produits, c’est-à-dire une information que personne ne comprendra car elle est trop complexe .Que signifie de savoir qu’une pomme a été traitée 12 fois ?  Par ailleurs, le nombre de traitements ne dit rien en soi, c’est la dose de produits chimiques et de pesticides qui serait plus pertinente. Seules les informations sur les modes d’élevage et leur provenance sont lisibles pour le consommateur dans ce texte. L’encadrement des publicités destinées aux enfants sur les aliments trop gras, trop salés et trop sucrés, et l'affichage du logo nutritionnel Nutri-score ont été supprimés. Saluons tout de même l’adoption des 20% de produits bio dans les cantines scolaires, même si elle reste assez floue sur son application.

Le sujet de la sécurité sanitaire intéresse de plus en plus les consommateurs, compte-tenu des différentes crises récentes et autres rappels de produits. Le projet de loi répond-il aux enjeux du contrôle sanitaire ?

La France a encore des progrès à faire dans ce domaine. Les failles de notre système de contrôle ne datent pas d’aujourd’hui, malheureusement. Nous sommes en dessous des exigences réglementaires européennes mais le gouvernement a clairement signifié qu’il n’augmenterait pas le budget consacré aux inspections sanitaires.  La Cour des comptes a pourtant mis en garde les autorités depuis 2014 sur les failles de ces services dont les effectifs ont été réduits de 20%.  Et le scandale Lactalis a montré toutes les limites de  l’autocontrôle des entreprises agroalimentaires, sur lequel repose pourtant notre sécurité alimentaire.

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