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Livre : "L'été des quatre rois", au Top du roman historique !
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François Duffour pour Culture-Tops

François Duffour pour Culture-Tops

François Duffour est chroniqueur pour Culture-Tops et avocat au Barreau de Paris.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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LIVRE

L'été des quatre rois

de Camille Pascal 

Ed. Plon
655 pages

RECOMMANDATION : EXCELLENT

THÈME

AVERTISSEMENT : Nous arrivons un peu tard pour ce roman historique de Camille Pascal. Désolés, nous étions passés à côté...
Mais comme c'est vraiment un ouvrage remarquable, mieux vaut tard que jamais.
                                                                                       ***
A la faveur du récit de la chute de Charles X, l'auteur évoque un petit mois de l'histoire de France, assez méconnu, qui va faire du dernier des Bourbons légitimes, ultime petit fils de Louis XV, un roi en exil.
Héritier du trône échu successivement à ses frères, Louis XVI et Louis XVIII, le Comte d'Artois régnera 6 ans à peine alors que tenu par "la Charte", ce compromis conclu au lendemain des Cent Jours entre la monarchie et la république, il la transgressera indiciblement en légiférant par ordonnances avec le concours de ministres très réactionnaires, au premier rang desquels Polignac, primus inter pares.
L'ordonnance réduisant à néant la liberté de la presse lèvera la fronde de quelques journalistes- dont le plus célèbre d'entre eux, Adolphe Thiers- qui fomenteront les émeutes populaires toujours latentes dans ce bien curieux pays de France toujours en quête d'une révolution; et ce, pour avoir raison, en quinze jours à peine, du pouvoir absolu des héritiers de Saint-Louis.  
L'habileté des uns confondant la maladresse des autres; ni Polignac, ni Mortemart, son successeur, ne mesureront le risque, entretenant le roi dans l’idée d'une rébellion sans lendemain que ses troupes d'élite commandées par l'incontournable Général Marmont devraient condamner rapidement. 
Le roi ainsi privé de bons conseils, la carence de ses ministres n'étant rien à coté de la vacuité du fils qui lui reste, Louis-Antoine d'Artois, duc d’Angoulême et dauphin de France auquel il préférait Charles-Ferdinand, duc de Berry, assassiné par Louvel, un bonapartiste acharné qui hait les Bourbons, sera vite dépassé par les événements qui s’enchaînent, son aveuglement creusant sa chute et favorisant les factieux au service d'une monarchie républicaine incarnée par l'héritier de la branche honnie, Louis-Philippe d'Orléans, prince du sang et fils du régicide, qui va servir la cause de cette évolution constitutionnelle majeure en devenant le premier et d’ailleurs unique  "roi des Français".  

 POINTS FORTS

Un très beau récit, précis, fidèle à l’histoire, très documenté et instructif. Littéraire aussi, servi par une très belle plume, riche de personnages qui promène ainsi le lecteur du salon de la comtesse de Boigne, femme d'influence qui met son charme et son intelligence au service de ses amants successifs, de Marmont, le général d'empire à Chateaubriand, le poète légitimiste, jusque dans les soupentes du Palais Royal où se cache l'héritier des Orléans en attendant son heure.
Une promenade riche en couleurs de Paris à Cherbourg pour accompagner la fuite du roi, de sa famille, de ses fidèles et de son armée, qui passe par Saint-Cloud et Rambouillet, dernières de ses résidences royales, Maintenon, Argentan, Falaise et finalement Cherbourg, terme de cette épopée qui rappelle le Varennes de Louis XVI et le Valognes de Louis XVIII, ces trois frères qui furent rois et restent liés par leur infortune.

POINTS FAIBLES

Comme il en va toujours ainsi des romans historiques, quelques longueurs, ainsi notamment pour traiter de la balade du roi de Rambouillet à Cherbourg, fut-elle riche de personnages, le peuple prêt dans le même instant à arrêter et à acclamer son souverain déchu, à pavoiser ses maisons du drapeau fleurdelisé ou de la cocarde aux trois couleurs de la France révolutionnaire. 

EN DEUX MOTS

Une très belle page de l'histoire de France qui, sous la forme d'une pièce en cinq actes, scelle à jamais le destin des Bourbons dans un épilogue moins tragique que celui de 1793, et riche de tous les enseignements de l'histoire dont on sait, comme le disait déjà Thucydide au siècle de Périclès, qu'elle n'est qu'un "perpétuel recommencement", les défilés des gilets jaunes ayant un peu du parfum  de l'invasion du Palais des Tuileries ou de l’archevêché de Paris par le peuple de Paris de juillet 1830.

UN EXTRAIT

"La cathédrale acculée à la rivière et flanquée du vieil archevêché décoré de ses échauguettes lui apparut comme une sainte aux outrages. Des hommes sur les tours, des femmes dépoitraillées aux fenêtres, et en bas sur le pont, une colonne de misère montant à l'assaut de l'ancienne cité épiscopale que plus rien ne protégeait. C'est à ce moment là que la chute des marbres provoqua une explosion digne des champs de bataille. Une immense clameur s’éleva de la foule.

L'AUTEUR

Haut fonctionnaire, romancier et essayiste français, auteur de romans historiques; consacré, pour "l’Été des Quatre rois", par le grand prix du roman de l'Académie Française.

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