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Les Schtroumpfs,
des machos eux aussi !
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Schtroumpfement incorrect

Dominique Strauss-Kahn, Georges Tron... Les affaires de mœurs au sein de la classe politique se succèdent ces derniers temps. Selon Antoine Bueno, les Schtroumpfs seraient eux aussi très machos. La preuve avec cet extrait de son dernier livre, "Le petit livre bleu. Analyse critique et politique de la société Schtroumpfs".

Antoine Bueno

Antoine Bueno

Antoine Bueno est écrivain et chargé de mission au Sénat. Il se produit aussi dans son seul en scène, "Antoine Bueno, l'Espoir".

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La seule biographie consacrée à Peyo rend compte d’une conversation piquante, au sujet de la schtroumpfette, entre Peyo et les producteurs du dessin animé d’Hanna-Barbera.

La rencontre portait sur la manière dont Peyo concevait ses personnages pour les adapter le plus fidèlement possible. Peyo ne parlant pas anglais, son associé Yvan Delporte assurait la traduction.

Et c’est lui qui relate la conversation : « Tout a été assez simple jusqu’au moment où il a fallu définir la schtroumpfette. Peyo a commencé en disant qu’elle était “très féminine”. On lui demande de préciser sa pensée. Alors il poursuit : “Elle est jolie, blonde, elle a toutes les caractéristiques des femmes…” Connaissant le climat de féminisme aux USA, je traduis diplomatiquement par “toutes les qualités”. Je tablais sur le fait que Peyo ne comprenait pas ce que je disais, ni les Américains ce qu’il voulait dire. On lui demande évidemment d’en dire plus. Il poursuit sur sa lancée : “Elle séduit, elle utilise la ruse plutôt que la force pour parvenir à ses fins. Elle est incapable de raconter une blague sans en révéler d’abord la fin. Elle est bavarde mais ne tient que des propos superficiels. Sans arrêt, elle cause des problèmes énormes aux schtroumpfs, mais s’arrange pour dire que c’est la faute de quelqu’un d’autre.” J’ai essayé tant bien que mal d’atténuer la tonalité misogyne de cette description, mais un de nos interlocuteurs lui a demandé : “Elle est tout de même capable, quand les schtroumpfs sont en danger, de prendre une décision qui pourra les sauver ?” Quand j’ai traduit cette question à Peyo, il m’a regardé éberlué… » C’est finalement de très nombreuses années plus tard que les auteurs des Schtroumpfs apporteront une réponse à la question de l’Américain dans La GrandeSchtroumpfette. Parce qu’il fallait bien corriger son image déplorable, l’album met en scène une schtroumpfette qui, placée en situation de commandement, fait montre de toutes ses qualités – bon sens féminin, sens pratique, ruse, poigne, courage – pour prendre les bonnes décisions.

Album tard venu, politiquement correct, sans doute de circonstance. Album qui ressemble à un aveu. Mais qui heureusement, comme tous les autres, se termine par le statu quo ante : la schtroumpfette se retrouve aux prises avec sa pompe à eau qui ne fonctionne pas. « Et voilà ! Tout est redevenu schtroumpfement normal… », conclut-elle… Après une épisodique prise de responsabilité, la voici donc réintégrée dans sa fonction sociale. Parce que chaque schtroumpf a bien une fonction sociale à remplir, leur monde étant, à l’instar de l’idéal nazi, corporatiste.

Le petit livre bleu. Analyse critique et politique de la société Schtroumpfs, (Hors Collection, 2011)

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