LinkedIn est en train de changer (et ça fait grincer certaines dents)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les utilisateurs de LinkedIn ont changé leurs habitudes sur le réseau social.
Les utilisateurs de LinkedIn ont changé leurs habitudes sur le réseau social.
©Jakub Porzycki / NurPhoto via AFP

Monde du travail

Le réseau social professionnel LinkedIn évolue et les publications des utilisateurs concernent de moins en moins le monde des entreprises.

Caroline Diard

Caroline Diard

Caroline Diard est professeur associé au département Droit des Affaires et Ressources Humaines à la Toulouse Business School.

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Atlantico : Depuis quelques temps, le réseau social pour les professionnels LinkedIn a vu un changement plutôt radical dans le contenu publié. La plateforme qui était auparavant l’Eldorado des recruteurs et des chercheurs d’emploi se transforme petit à petit en un site qui répertorie les histoires personnelles de ses utilisateurs, comment expliquer ce changement ?

Caroline Diard : On voit effectivement apparaître des choses qui sont beaucoup moins professionnelles qu'auparavant.  Les sujets traités par les utilisateurs étaient, au début, professionnels. Désormais apparaissent des sujets qui touchent à la vie personnelle, voire à la vie intime. Par exemple, je pense notamment au sujet comme la parentalité, qui est un sujet RH voire juridique (réforme du congé paternité) qui après en fait a été dévoyé sur des sujets personnels « comment j'ai géré mon congé maternité », « je suis un homme, mais je m'occupe de mes enfants » et en fait, on met en scène des bouts de vie finalement. C'est du Storytelling et  l'histoire est racontée sans que cela permette de savoir si c'est vraiment une histoire vécue ou si c'est une histoire pour exister sur les réseaux sociaux. À mon sens, les personnes qui développent de plus en plus cette pratique cherchent à se mettre en avant, se valoriser. Ce sont des gens qui sont en mal de reconnaissance et qui peut-être n'ont pas la visibilité souhaitée dans leur vie professionnelle mais ont trouvé un public avec LinkedIn.

Ils ont besoin qu'on les plaigne et il y a peut-être aussi une recherche à se faire passer pour une victime. En matière d'analyse transactionnelle, on pourrait dire que ce sont des victimes qui recherchent un sauveur via les réseaux sociaux.

Est-ce que tout ce storytelling ne gâche-t-il pas la plateforme et son objectif premier ?

L'objectif premier n'est pas forcément que de recruter. C’est une plateforme professionnelle, donc il peut y avoir aussi de la communication de la part des entreprises. L’application a été beaucoup utilisée pour diffuser des offres d'emploi mais au début on ne voyait pas toutes ces offres, cela se développe encore. Il y a quelques années, ce n'était pas tout à fait comme cela. C'est aussi un moyen de mettre en place une stratégie digitale de carrière mais il est vrai qu’aujourd’hui le réseau est détourné à des fins personnelles et on y voit même des photos d'enfants.

Toute cette partie « détournée » commence à prendre pas mal de place et c'est vrai que ça peut nuire au réseau en lui-même.

LinkedIn a-t-il encore sa position de leader pour recruter / chercher du travail ?

Je pense que c'est en tout cas un premier réflexe à la fois pour le recruteur et pour le candidat parce que le candidat, finalement grâce à LinkedIn, a accès à un réseau professionnel pertinent, dans le cadre d'une recherche d'emploi. On vous adresse à des gens qui sont, entre guillemets, dans votre écosystème, donc ce n’est pas un coup d'épée dans l'eau. Enfin, le fonctionnement de l'algorithme du réseau permet de tisser une "toile" professionnelle, très efficace et pertinente pour le candidat.

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