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Le libéralisme est-il plutôt de droite ou de gauche ?
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Absence de démocratie

Le libéralisme, c'est la droite de la droite ? Dans "Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants", Daniel Tourre présente de manière humoristique les bases philosophiques du libéralisme classique ainsi que des notions de sciences économiques (Extraits 1/2).

Daniel Tourre

Daniel Tourre

Daniel Tourre est notamment l'auteur de Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants (Tulys, 2012) et porte-parole du "Collectif Antigone". 

 

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Plutôt que la césure droite-gauche, on peut classer les philosophies politiques en trois grandes familles : le socialisme (socialisme, communisme, sociale démocratie), le conservatisme (nationalisme, gaullisme, royalisme) et le libéralisme (classique, contemporain). Ces trois forces ne sont naturellement pas présentes, notamment en France, à l’état ‘pur’, ni représentées par un seul parti politique : elles se retrouvent dans des proportions diverses dans chaque parti.

Chaque parti politique a une proportion plus ou moins grande de socialisme, conservatisme ou libéralisme dans son idéologie, dans son programme et dans ses postures. La droite adhère parfois au libéralisme dans le domaine économique, tandis que la gauche adhère en général au libéralisme dans le domaine des mœurs.

Pour un libéral, il n’y a qu’un seul libéralisme, la liberté ne pouvant se saucissonner en bonnes ou en mauvaises libertés, au gré des préjugés ou de l’éthique du parti accédant au pouvoir. Les socialistes, les conservateurs et les libéraux sont tous d’accord sur un point : ils ne veulent pas d’une société chaotique ou atomisée.

Ils considèrent tous qu’un ordre doit sous-tendre la société, mais ils ne sont pas d’accord sur l’origine de cet ordre, ni sur la manière d’organiser le pouvoir politique pour qu’il favorise cet ordre. Les conservateurs considèrent que l’ordre qui doit sous-tendre la société est un ordre organiciste. Les socialistes croient en l’efficacité d’un ordre construit grâce à la raison. Les libéraux  considèrent que l’ordre s’auto-organise pour peu que les droits et devoirs des personnes soient clairement définis.

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© Editions Tulys

Où l’on apprend avec stupéfaction que le libéralisme n’est ni socialiste, ni conservateur politique, ce qui l’éloigne de la droite de la droite comme de la gauche de la gauche.

Selon certains politologues de haut vol, le libéralisme se situerait à la droite de la droite. Le problème, c’est qu’à la droite de la droite, on trouve exclusivement des ultra-étatistes qui ressemblent d’ailleurs furieusement à ceux que l’on trouve à la gauche de la gauche, le nationalisme en moins.

La droite de la droite et la gauche de la gauche partagent en effet un culte pour un État tout puissant construisant la société sous la supervision d’un lider maximo ou d’un duce fachismo.

Or les libéraux aiment un État minimal et protecteur des droits de l’individu. Autant dire qu’ils se situent aussi loin de la droite de la droite que de la gauche de la gauche.

Nazi par exemple ne veut pas dire National Libéral. Le ‘zi’ vient d’une autre idéologie compatible, elle, avec un certain mépris pour la liberté individuelle et ayant une petite tendresse pour des États envahissants chargés du « bien commun ». Ce n’est ainsi pas par hasard si les Nazis ont persécuté les libéraux allemands dans les années 1930.

En réalité, les libéraux s’opposent aux étatistes qu’ils soient de droite, de gauche ou du centre et soutiennent la droite, la gauche ou le centre pour peu qu’ils soient libéraux.

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 © Editions Tulys

Les libéraux

Pour les libéraux la société s’organise spontanément à condition que les droits naturels de chaque personne (sécurité, liberté, propriété) soient garantis par un État impartial, ayant l’exclusivité de la violence.

Les libéraux partent donc des droits de la personne pour constater l’ordre qui se forme, s’adapte, se transforme sous l’action combinée de millions d’individus réagissant sans concertation à leur environnement et poursuivant des buts qui leur sont propres.

Les libéraux considèrent que les interactions de personnes libres respectant les droits des autres personnes sont nécessaires et suffisantes pour obtenir une société harmonieuse, ou plus exactement dans le monde imparfait qui est le notre, la société la moins inharmonieuse possible.

Pour les libéraux, les droits de la personne ne s’effacent jamais, même devant des théories compliquées -conservatrices ou socialistes- qui regroupent artificiellement les personnes en petits tas selon des critères arbitraires (la classe sociale, la race, la religion), puis donnent des droits spécifiques à ces petits tas au détriment des droits de la personne.

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Le purgatoire libéral

Il n’y a pas de paradis sur Terre parce que les personnes sont libres de faire le bien, le mal ou ni l’un ni l’autre. Le libéralisme permet à chacun de chercher le bonheur ou pas, la vertu ou pas, seul ou en s’associant librement.

Ce purgatoire libéral sans objectif collectif peut être angoissant lorsqu’on le compare aux constructions parfaites que proposent les alter-purgatoires. Mais on ne peut pas construire de société meilleure que les personnes qui la composent. Et surtout, on ne peut pas construire de société sans limiter sévèrement la liberté des personnes qui composent cette société.

Le purgatoire libéral permet aux gentilles personnes de librement faire ce qu’elles considèrent comme juste ou bon. Ce qui permet éventuellement l’éclosion de sociétés meilleures. Ce qui ne risque pas de se produire dans les enfers pavés de bonnes intentions des constructivistes.

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Extraits de Pulp libéralisme, la tradition libérale pour les débutants, Editions Tulys (1 avril 2012)

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