Les véritables effets du lait sur la santé<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Le lait contient de la caséine, une protéine qui a un très gros poids moléculaire et qui est très lourde à digérer.
Le lait contient de la caséine, une protéine qui a un très gros poids moléculaire et qui est très lourde à digérer.
©Reuters

Avantages et inconvénients

Atlantico fait un point sur les bienfaits, les méfaits et la consommation actuelle du lait en France.

Caroline  Gayet

Caroline Gayet

Caroline Gayet est diététicienne, nutritionniste et phytothérapeute. Elle est l'auteur du ''Guide de poche de phytothérapie'' aux éditions Quotidien malin. http://www.caroline-gayet.com/ 
.

 

Voir la bio »

Atlantico : Que sait-on sur les bienfaits du lait ?

Caroline Gayet : Le lait apporte des protéines et du calcium. C'est un aliment qui nous aide dans notre croissance. Le calcium est important dans la construction de la masse osseuse et donc pour notre squelette. C'est un produit pour la petite enfance pour que les os soient solides. Les protéines sont des éléments bâtisseurs, qui soutiennent la croissance générale du squelette et celle des muscles. Nos anticorps pour les défenses immunitaires sont des protéines. Quand on parle du lait on parle du lait de vache qui à la base réservé aux veaux, donc pour nous le meilleur lait reste le lait maternel. Pour celles qui n'allaitent pas, il y a bien sûr les laits en poudre et laits maternisés. Il y a de plus en plus en plus de nourrissons intolérants aux protéines de lait de vache ou au lactose. Ce sont des enfants qui vont alors grandir avec d'autres laits.

Quels sont les méfaits du lait ? 

Le lait contient de la caséine, une protéine qui a un très gros poids moléculaire et qui est très lourde à digérer. Elle est aussi pro-inflammatoire, c'est-à-dire qu'elle ne provoque pas, mais elle aggraverait des phénomènes inflammatoires comme l'eczéma ou le psoriasis. Lorsque les personnes souffrant de ces inflammations arrêtent de boire du lait, des améliorations sont ressenties. Il peut aussi agir négativement sur le sommeil. Les gens qui ont des problèmes ostéo-articulaires comme l'arthrite, les sciatiques, ou qui font des tendinites à répétition, il y a une amélioration lorsqu'ils arrêtent les produits laitiers, en sachant que le lait sera toujours celui qui fera le plus de "dégâts".

Ce qui rend le lait parfois peu recommandable dans notre alimentation est surtout la qualité du lait : le lait biologique est toujours à privilégier plutôt que du lait de vaches élevées avec des farines et énormément de traitements médicaux de type antibiotiques. D'ailleurs, le lait biologique dans l'alimentation des Français a progressé de 37% entre 2009 et 2013. 

L'emballage aussi joue parfois un rôle. Si certaines personnes sont intolérantes au lait, cela peut être dû à la pasteurisation, à l'emballage aussi d'après certains spécialistes à cause des phtalates, et à la qualité du lait en fonction du type d'élevage des vaches. Le lait d'aujourd'hui n'a plus rien en commun avec le lait que l'on buvait il y a 50 ans. Ce produit a subi énormément de transformations. 

A noter : les yaourts et fromages sont bien mieux tolérés que le lait ce qui pose un peu moins de problème puisqu'ils contiennent moins de lactose. 

Après la guerre, on a encouragé les Français à boire du lait car il y avait une surproduction, mais aujourd'hui sa consommation n'est pas aussi systématiquement encouragée, qu'en est-il ?

Il y a de plus en plus de personnes qui ont un regard critique sur la consommation de lait, tout au long de la vie. Les produits laitiers ne sont pas nos amis pour la vie contrairement à ce que l'on voudrait nous faire croire. Ils le sont jusqu'à nos 4 ans environ. Après, de 4 à 17 ans, c'est toléré pour assurer cette croissance, mais après à l'âge adulte, fondamentalement on n'en a plus besoin. Après il y aussi le plaisir de manger un yaourt, un fromage blanc ou un bout de fromage de temps en temps, pas de problème, mais le besoin essentiel d'avoir recours aux produits laitiers n'existe pas, alors qu'il y a en a un à avoir recours aux fruits et légumes. Beaucoup de personnes d'ailleurs se passent du lait.

Ces personnes ont-elles recours à des substituts ?

Par forcément, certaines vont substituer le lait de vache dans les céréales par du lait d'amande, de riz ou de soja. D'autres vont manger un yaourt de soja ou alors opter pour des fruits et des compotes en dessert au lieu de produits laitiers. Concernant la consommation de yaourts et crèmes dessert, elle représentait 30kg par personne et par an en 2014. Si ce marché a augmenté ces 20 dernières années, depuis 4 ans, il recule. Il n'y a pas forcément de substituts et pour autant pas de carences. La fameuse carence que l'on présuppose lorsque l'on ne pend pas de lait, c'est la carence en calcium, sauf que le calcium tout court n'existe pas. Celui des produits laitiers est insignifiant et ne sera pas celui qui sera le mieux assimilé par l'organisme. Il l'est mais pas en totalité. Dans tous les fruits, les légumes, les oléagineux, les sardines, vous avez du calcium et qui, lui, est beaucoup plus assimilable. De plus, le corps est une machine bien faite : plus vous apportez d'un nutriment, moins il va se casser la tête à l'assimiler, à le stoker, et inversement. Ainsi, les gens qui ne consomment pas de produits laitiers ne sont donc pas forcément des gens en carence de calcium.

Pourquoi conseille-t-on alors de manger trois produits laitiers par jour ?

En France, vous avez un puissant lobby de l'industrie laitière qui représente énormément d'argent. Par conséquent, les pouvoirs publics comme en atteste le plan nutrition santé, nous encouragent à consommer des produits laitiers. Il suffit de regarder ailleurs dans le monde pour voir comment ça se passe : en Amérique latine, en Asie et en Afrique, il n'y a pas de yaourt ou de formage, ils n'utilisent que peu le lait et on ne peut pas dire que ce sont des gens petits, notamment les Africains qui font partie des gens les plus grands de la planète. Les produits laitiers, dans l'histoire de l'humanité, n'ont finalement été introduits qu'il y a peu de temps. En 2014, 53 litres de lait par an et par personne étaient consommés, c'est 7 litres de moins qu'il y a 10 ans, et 20 litres de moins qu'il y a 25 ans. Le lait a donc tendance à diminuer dans la consommation des Français.

Et si, à l'inverse, on consomme trop de produits laitiers, quels sont les risques ?

Les vrais risques sont surtout les cancers immuno-dépendants comme celui du sein, ovaires et prostate. Il est prouvé sur le cancer de la prostate, et normalement, les médecins et autres diététiciennes ne recommandent, à partir de 50 ans, qu'un seul produit laitier par jour au maximum et non trois parce qu'il y a des facteurs de croissance et des hormones dans le lait de vache, notamment de la prolactine. Une fois que l'on est à la ménopause et l'andropause, il n'y a plus de projet parental d'avoir des enfants. Or, ces hormones sont recommandées lorsque l'on veut devenir parents. 

Si on continue à se gaver de produits laitiers après 50 ans, il y a un conflit hormonal. Evidemment ce n'est pas parce que l'on mange des produits laitiers que l'on a un cancer, mais c'est un élément supplémentaire ajouté à une mauvaise hygiène de vie : le stress, fumer, boire... Le produit laitier est un facteur de risque supplémentaire.

Mais il s'agit avant tout d'une affaire personnelle, n'accusons pas le lait de manière générale. Sans problème de santé particulier, il est inutile de supprimer le lait de son alimentation. 

Il semble y avoir de plus en plus de personnes allergiques au lait, est-ce parce que nos ancêtres en ont abusé ?

Auparavant, le lait de nos grands-parents était du lait cru, aujourd'hui il est pasteurisé et les traitements thermiques pour éviter les salmonelles. Mais, dans le lait cru, il y a beaucoup de ferments qui aidaient à l'assimilation et la digestion du lait. Il y en a beaucoup moins dans un lait pasteurisé. On observe donc aujourd'hui beaucoup plus de personnes allergiques aux produits laitiers, de même que pour le gluten. Ce qui pose problème c'est la surexposition. Car même si vous ne voulez pas en manger, il y a du lait partout dans des produits industriels. 

Je ne dis évidemment pas qu'il faut bannir les produits laitiers, mais trois par jour, c'est trop. Je reçois beaucoup de femmes ménopausées qui s'imposent un yaourt par jour parce que leur gynéco leur a conseillé, là je ne suis pas d'accord. Pas besoin de se forcer à manger un yaourt, et ça ira très bien.

Il existe des laits végétaux. Le lait de soja est à déconseiller pour les enfants et les femmes qui ont des antécédents de cancer du sein. En revanche, les laits d'amande ou de riz, sont aujourd'hui enrichis en calcium donc ils sont recommandés pour équivaloir aux 120 mg d'un verre de lait.  Pour résumer, le produit laitier n'est pas indispensable à chaque repas. Après, on peut donc manger du fromage, en privilégiant ceux au lait cru que ceux au lait pasteurisé pour se faire plaisir. Ce qui est mauvais et dangereux c'est la récurrence. 

Cet article est une mise à jour de Journée mondiale du lait : pourquoi les produits laitiers ne sont pas nos amis pour la vie

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !