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Certains débats manquent à l'Assemblée
Certains débats manquent à l'Assemblée
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

ATLANTICO BUSINESS

La France, comme beaucoup de démocraties, multiplient les débats sans trouver les moyens de les traiter efficacement. Ce qui asphyxie notre système et contribue au déclin.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Depuis une trentaine d’années, la classe politique française se révèle incapable de résoudre des problèmes de fond. Les raisons sont toujours légitimes : il s’agit de protéger les valeurs de la démocratie, respect des libertés individuelles et des mécanismes de l’économie de marché, respect des droits de l’Homme et de la propriété privée comme un des moteurs essentiels de la création de richesse. Lutter contre les inégalités les plus flagrantes, sans pour autant tomber dans l’obsession de l’égalité qui étoufferait le système. 

Ce qu’on ne dit pas, c’est que la stérilité des débats vient du manque de détermination et de courage des responsables politiques qui agissent le plus souvent pour protéger leur propre pouvoir plutôt que le bien public. 

A la fin des trente glorieuses, les pays occidentaux ont découvert des problèmes structurels très compliqués à surmonter : le renchérissement et la raréfaction relative des énergies fossiles, l’arrivée de pays immenses dans le concert du marché mondial, le risque écologique et les enjeux de la révolution digitale. Les vieux pays occidentaux ont eu beaucoup de mal à assumer toutes ces difficultés et la plupart ont laissé des pans entiers d’organisation en chantier de rénovation ou de restauration à la merci des conflits sociaux politiques et des idéologies.  

1. le rôle de l’État est sans doute le chantier le plus important dans la plupart des vieux pays occidentaux. Que fait l’État, avec quels moyens budgétaires? L’émergence des difficultés à partir de la fin des années 1970 ont conduit les États à prendre en charge une grande partie des difficultés et des projets d’avenir. L’État démocratique était régulateur, il est devenu stratège, entrepreneur, industriel et dans le même temps il est devenu protecteur et souvent providentiel. Le résultat est que la sphère publique a capté plus de richesses crées que la sphère privée. Actuellement, les dépenses publiques et sociales représentent 60 % du PIB, ce qui veut dire que la part réservée à la création de richesses ne représente que 40 % du PIB. D’où l’essoufflement. Dès que l’État déborde de ses activités régaliennes pour assister les activités privées, la productivité dégagée par un euro dépensé par le public est inférieure à l'Euro investi par le privé. L’éducation nationale, la santé sont deux des plus grosses administrations françaises. Importantes par le nombre de fonctionnaires, importantes par les budgets nécessaires. Or on ne peut pas dire que l’argent dépensé à l’école ou à l’hôpital ait un résultat satisfaisant. Le service rendu au public n’est pas à la hauteur de ce qu’il coute au contribuable.

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2. le modèle social a pris une envergure telle qu’il cannibalise les fonds publics et sociaux sans des résultats probants. Plus de 30 % du total des dépenses publiques et sociales et personne n’est satisfait. Sur la retraite, la santé et l’emploi, l’Etat, au cours des 30 dernières années, a cherché à compenser la détérioration de beaucoup de catégories sociales. Le modèle social a fonctionné selon les principes de la solidarité. Ce qui veut que tout le monde paie pour soulager ceux qui en ont plus besoin. La généralisation de la solidarité a des effets très toxiques dans la mesure où les aides de l’État dissuade les assurés sociaux de travailler et de contribuer au système. Tout le monde a droit au RSA dès lors que les bénéficiaires sont éligibles au RSA. Résultat, beaucoup vont préférer toucher le RSA plutôt que de contribuer à son financement. 

La solution de remplacement d’un système fondée sur la solidarité passerait de fait par l’application d’une logique assurancielle.  Certaines assurances seraient forcement obligatoires mais le montant de la cotisation dépendrait de l’ampleur des risques couverts, et surtout du comportement de l’assuré. Le principe du bonus/malus pratique sur l’automobile ou l’emprunteur en immobilier, serait parfaitement applicable au niveau des risques maladies, des risques du travail ou des risques chômage.   

3. la mondialisation, la politique énergétique, les enjeux climatiques et même les flux migratoires sont généralement gérés dans un faisceau de contradictions. Les responsables politiques sont largement responsables de la pénurie d’engagement et de résultats parce qu’ils n’osent pas mettre leurs électeurs face à leur responsabilité. L’actualité récente déborde d’exemples de contradictions. 

-Sur la mondialisation, on ne peut pas, sans cesse, promettre des prix bas et réclamer de plus en plus de produits de circuits courts. Si on veut consommer du made in France, il faut savoir que ça coutera à terme 25 % de plus qu’un produit importé d’un pays émergent. 

-Sur la politique de l’énergie, on ne peut pas réclamer de l’énergie verte, propre, en refusant de la payer. On ne peut pas d’un côté appeler au changement du mode de consommation et revendiquer des aides pour pouvoir l’hiver prochain continuer à se loger au fioul.  

-Sur les flux migratoires, il faudra évidemment accepter l’immigration choisie en fonction des expertises, des formulations et des besoins. 






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