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Les plus belles vacheries des politiques
©Reuters

Bonnes feuilles

De Georges Clemenceau à François Mitterrand, la politique est le théâtre de joutes verbales mémorables. Mais la méchanceté est une gourmandise universellement partagée, et les virtuoses de la pique qui égratigne s'illustrent partout : au cinéma, au théâtre, dans les coulisses de l'histoire, et même sur les pierres tombales, artistes de tous poils, écrivains et hommes d'État s'en donnent à cœur joie. Extrait de 'À la fin de l'envoi, je touche !' d'Olivier Clodong publié aux Editions Librio. 1/2

Olivier Clodong

Olivier Clodong

Olivier Clodong est un spécialiste de la communication politique. Directeur de plusieurs grandes campagnes électorales, directeur scientifique à l’École Supérieure de Commerce de Paris (ESCP Europe), il est aux premières loges pour traquer les petits travers de langage de nos élus.

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L’humour a toujours été une arme et un aiguillon pour Winston Churchill. L’une de ses cibles préférées était le travailliste Clement Attlee, à propos duquel il disait : C’est un homme modeste qui a de nombreuses raisons de l’être. 

Il se délectait aussi de cette formule :  Un taxi vide arrive au 10, Downing Street, Clement Attlee en descend… 

Autre souffre-douleur de Sir Winston, le député conservateur Lord Charles Beresford, orateur réputé long et laborieux :  Je comprends bien que monsieur le député continue à discourir. Il a sérieusement besoin de s’entraîner… 

Repartie de haut vol dans cet échange savoureux avec un député britannique :

Le député : Monsieur Churchill serait-il en train de dormir pendant que je parle?

Churchill : Si seulement !

Et à cet auteur qui lui demande s’il a lu son dernier livre, Churchill répond avec son flegme légendaire : Non, je ne lis que pour mon plaisir ou mon enrichissement personnel. 

Il arrive cependant que l’arroseur se retrouve l’arrosé. Tandis que Churchill se demande tout haut quel déguisement il pourrait porter à un bal masqué auquel il est invité, Nancy Astor (première femme à siéger à la Chambre des communes), qui passe par là, lui décoche :  Allez-y à jeun, Winston, et personne ne vous reconnaîtra !

Dans les années 1970, les chasses présidentielles de Rambouillet sont des rendez-vous incontournables de la vie politique française. À l’une d’elles, le ministre Bernard Pons arrive en retard et présente ses excuses au président Pompidou :  Veuillez m’excuser, Monsieur le président, j’ai été retenu dans un embouteillage.

Un autre ministre, Michel Poniatowski, se présente encore plus tardivement : Vraiment désolé, Monsieur le président, j’ai été pris dans le trafic… 

Alors Pompidou, taquin : Ah? Dans quel trafic? 

François Mitterrand, qui croyait aux forces de l’esprit, se montrait parfois sans pitié…

Sur le général de Gaulle : Le génie du gaullisme consistait à réveiller la France en endormant les Français.

Après un débat avec Jacques Chirac : J’ai bien cru, à un moment, qu’il voulait me placer une assurance.

Sur Margaret Thatcher : Elle a les lèvres de Marilyn, les yeux de Caligula.

Sur Michel Rocard : Il a du talent. Mais a-t-il des qualités ?

Michel Rocard à qui il réserva une ultime pique terrible: en 1994, vers la fin de son second septennat, des journalistes demandèrent à François Mitterrand de désigner ceux capables de lui succéder à l’Élysée. Casting du président (dans l’ordre exact de ses réponses)… Jacques Delors…, François Léotard…, Raymond Barre…, Valéry Giscard d’Estaing…, mon chien…, Michel Rocard.

Avec Jacques Chirac, la vacherie prend un ton plus populaire, voire trivial…

À propos de Nicolas Sarkozy : Sarkozy, il faut marcher dessus. Et du pied gauche, ça porte bonheur.

À Jean-Louis Debré, à propos d’Édouard Balladur : Tu vois, Balladur, c’est comme les poteries chinoises : ça supporte les décorations, mais pas le feu.

Et au sujet de Margaret Thatcher : Qu’est-ce qu’elle veut de plus, la ménagère ? Mes couilles sur un plateau ?

Jacques Chirac au sujet duquel Marie-France Garaud portait des jugements pour le moins acérés. Jugez plutôt : Je croyais qu’il était du marbre dont on fait les statues, en réalité, il est de la faïence dont on fait les bidets.

Quand j’écoute Chirac, je pense toujours à cette phrase d’un humoriste anglais : «Il ment tellement qu’on ne peut même pas croire le contraire de ce qu’il dit !»

François Mitterrand a détruit la Ve République par orgueil, Valéry Giscard d’Estaing par vanité, et Jacques Chirac par inadvertance.

En matière de flèches empoisonnées, Philippe Séguin faisait office d’orfèvre. Sa cible favorite était Édouard Balladur, comme ici en 1990 : Le RPR n’a rien à dire dans le débat sur la crise du Golfe; c’est pourquoi nous avons choisi comme orateur Édouard Balladur.

Quelques années plus tard (en 1994) : Même si Édouard Balladur réussissait quelque chose, il continuerait à monter dans les sondages !

Silvio Berlusconi et Romano Prodi ont animé la vie politique italienne durant des décennies. Entre les deux adversaires, on ne compte plus les flèches assassines. Interrogé un jour sur le bilan du Cavaliere comme président du Conseil, Prodi s’exclame : Les seuls grands travaux que Berlusconi a réalisés ont été son lifting et ses implants capillaires.

Lancer un bon mot composé d’une bonne dose de vacherie est une seconde nature chez les politiques qui savent avoir la dent dure. Voyez ces quelques férocités…

D’André Santini à propos du gouvernement Juppé (1995) : Le Premier ministre souhaitait un gouvernement ramassé. Il a parfaitement réussi.

Du même André Santini à l’encontre du ministre de la Justice, Pierre Arpaillange : Saint Louis rendait la justice sous un chêne, Pierre Arpaillange la rend comme un gland!

De Gérard Longuet sur Michel Rocard : Il faut se méfier d’un homme comme Michel Rocard, capable de déchirer un billet gagnant de la Loterie nationale…

De Xavier Bertrand envers Benoît Hamon : Ce ne doit pas être facile pour Benoît Hamon d’être le porte-parole d’un parti qui n’a rien à dire!

De Laurent Fabius à propos de Nicolas Sarkozy : Parler de social à Nicolas Sarkozy, c’est comme parler de cinéma à une caméra de vidéosurveillance!

Du Britannique Nigel Farage au Belge Herman Van Rompuy : Je ne veux pas être impoli, mais vraiment, vous avez le charisme d’une lavette humide et l’apparence d’un petit employé de banque.

Le 22 octobre 2007, Bernard Laporte, ancien sélectionneur de l’équipe de France de rugby, est nommé secrétaire d’État chargé des Sports dans le gouvernement de François Fillon. Une nomination que le député François Goulard salue à sa manière : Johnny Hallyday qui annonce son intention de rester français et Bernard Laporte qui entre au gouvernement, c’est une période faste pour l’intelligence française!

Quelques années plus tôt (2003), le même François Goulard s’était illustré en ironisant sur l’action du gouvernement de Dominique de Villepin : Cette semaine, le gouvernement fait un sans-faute. Il est vrai que nous ne sommes que mardi…

En 2012, la lutte pour l’Élysée bat son plein. Un duel télévisé entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon est l’occasion d’une joute épique :

Marine Le Pen : Il y a quelques jours, vous m’avez traitée de semi-démente!

Jean-Luc Mélenchon : Ça vous laisse une bonne moitié!

Et pour clore ce chapitre, cinq flèches récemment sorties du carquois, tirées par des politiques qui partagent l’art d’allier l’ironie et le trait mordant…

Emmanuel Macron : Les deux grands partis (le PS et les Républicains), c’est l’amicale des boulistes. Mais sans l’amitié et sans les boules.

Yannick Jadot : Là où on voit que Macron est intelligent, c’est qu’il a réussi à ne pas prendre Jean-Vincent Placé!

Nicolas Sarkozy : François Baroin a du talent ; pour quelqu’un qui ne travaille pas, il a fait une belle carrière.

Arnaud Montebourg : Je crois à un retour de Nicolas Sarkozy… mais menotté.

Alain Juppé : Bayrou m’a dit qu’on le réclame à Pau. C’est bien le seul endroit où on le réclame!

Extrait de 'À la fin de l'envoi, je touche !' d'Olivier Clodong publié aux Editions Librio

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