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Les imprévisibles de Trump
©NICHOLAS KAMM / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Alors, que sont ces petits imprévisibles ? La réforme fiscale américaine. Tout le monde se focalise sur les bénéfices à court terme que la bourse, les bourses, ont anticipé largement. Cela a fait le bonheur de tant d’actionnaires, entraînant des plus-values qui n’enrichissent certainement pas, une fois de plus, ceux qui sont le plus dans le besoin. Et pourtant, quelques surprises se cachent au passage.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Dans la vie, le plus drôle, ce sont les surprises. Même quand elles sont potentiellement de courte durée. Le plus drôle c’est aussi, d’être surpris. Le contraste entre les prévisions des commentateurs et la réalité a parfois des côtés provisoirement « orgasmiques ».  Néanmoins l’avenir leur donnera peut-être raison. Certainement même.  C’est la preuve de la théorie éternelle du chaos, celle qui donne toujours tort aux gourous à la prédiction facile. Ceux qui pensent que pour donner la sensation de maîtriser l’avenir, il suffit d’ânonner la répétition du passé. A qui on donne pourtant la parole sur tous les plateaux.

Alors, que sont ces petits imprévisibles ? La réforme fiscale américaine. Tout le monde se focalise sur les bénéfices à court terme que la bourse, les bourses, ont anticipé largement. Cela a fait le bonheur de tant d’actionnaires, entraînant des plus-values qui n’enrichissent certainement pas, une fois de plus, ceux qui sont le plus dans le besoin. Et pourtant, quelques surprises se cachent au passage :

Plusieurs fonds et entreprises, en ont profité pour se lancer dans des développements imprévus. Une bonne vieille méthode chère à Adam Smith, qui dans sa tombe, doit trouver quelques vertus au petit Donald, qui n’aura peut-être pas finalement que des résultats de Mickey !

Tout d’abord, les petites banques. Celles pour les « petites gens ». Ces banques régionales qui se développaient au rythme de moins de 20 par an en 2010, sont en progression de 40%. Des « branches », comme les appellent les Américains. Qui vont embaucher des dizaines de milliers de personnes. Et comble de bonheur, elles vont demander à échapper aux règles stupides, et fatales aux PME. Celles de Bâle2. Règles qui ont asséché le crédit aux PME en France et en Europe. Destinées à punir les « gros » elles ont dévasté les « petites ». Comme je le dénonce depuis plus de 4 ans. Sans écho.

Mais les grandes aussi. JP Morgan va ouvrir plusieurs milliers d’agences (à l’heure où les nôtres ferment les leurs) avec plus de 50 000 emplois à la clé. Elle va notamment s’attaquer au marché immobilier des classes moyennes.

Les marques grand public, qui font les couches et autres produits d’hygiène, attaqués de toute part par Amazon et sa politique de destruction de l’économie par le prix bas, digne héritier, en pire, de la grande distribution française, qui a trouvé son maître, commencent à comprendre que la guerre des prix bas ne ferait que des victimes, et vont utiliser l’économie d’impôt pour investir dans de nouveaux produits, à plus forte valeur ajoutée, afin de s’extraire de cette guerre funeste et repartir vers le haut.

Mais plus intéressante, est la politique du boss de Morgan Stanley, Jamie Dimon, mais aussi de nombre d’entreprises américaines, qui vont attribuer une large partie des gains d’impôts……à leurs salariés ! Une mesure que certains aimeraient rendre obligatoire. Par la loi. Obligatoire car nombreux sont ceux qui pensent (à raison parfois) que le capitalisme boursier représente la négation de l’homme et n’est pas capable de faire preuve de la moindre reconnaissance envers les salariés. Et pourtant, les USA, menés par un homme que le journaliste, auteur de «  Fire and Fury », appelle un « rebel without a cause ». Un type capable de tout, y compris face à l’institution qu’il dirige et les riches dont il fait partie de façon outrancière, mais sans vision. Et c’est de lui, et non de Bernie Sanders, battu, que les salariés ainsi récompensés, devront remercier. Et qui voteront encore pour lui, dans 3 ans.

Bien entendu, il faudra attendre pour voir l’impact des décisions de Trump, dans tous les domaines, les accords qu’il dénonce, les barrières tarifaires, le combat contre la Chine, le mépris des émergents, la politique migratoire etc. Il faudra du temps pour réaliser et faire le bilan. Mais pour le moment, ces mesures ne profitent pas seulement aux plus riches. Pas certain, d’ailleurs, que Trump l’ait prévu non plus !

Donc attendons la traduction de « America First » but « not alone » avant de crier victoire, ou défaite. Les ramifications de toute décision sont si nombreuses qu’en prévoir la combinaison est à la fois irresponsable et prétentieux. Comme nous l’apprend l’anthropologie, les mouvements les plus impactants sont aussi les plus invisibles. Et les plus lents. C’est la magie du monde, celle de rendre l’homme humble. Ce qui reste encore un challenge, tant la prétention fumeuse de tant d’entre eux, leur interdit d’avoir la modestie de reconnaître leur incapacité à prévoir.

Alors observons, mais apprenons aussi. A l’heure où la réussite des nations dépendra de leur capacité des Etats à se réformer, et à réduire les inégalités, et surtout, les écarts de richesse, en répartissant mieux la valeur. Aussi, tout ce qui aboutit à enrichir les salariés, est à regarder avec intérêt. A suivre…

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