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es grands patrons à la manœuvre pour influencer le programme économique d’un éventuel retour de Nicolas Sakozy
es grands patrons à la manœuvre pour influencer le programme économique d’un éventuel retour de Nicolas Sakozy
©Reuters

Edito

Si le retour de Nicolas Sarkozy reste pour l'instant suspendu à une annonce claire et officielle, certains ont déjà pris en charge la consistance que devra avoir son programme économique pour sortir le pays de l'asphyxie. Certains grands patrons français sont déjà à la manœuvre.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le monde des affaires regarde avec effarement le spectacle politique. A gauche comme à droite. Et passons sur les organisations syndicales, Medef et CGPME, qui essaient de contenir la grogne et la colère de leurs adhérents en maintenant un semblant de dialogue avec le gouvernement. Le plus important se passe comme toujours en coulisse.

Vis-à-vis de la gauche, une dizaine de grands patrons du CAC 40 ont cette semaine prévenu le chef de l’Etat de la dégradation de la situation économique. Vendredi matin, les prévisions de l’Insee indiquaient clairement que la croissance ne serait pas au rendez-vous en 2014. Bref, on s’est déjà planté en 2013. On va à nouveau se planter en 2014. Les chefs de très grandes entreprises françaises ont donc demandé, toutes affaires cessante au président de changer de politique économique. Ne parlons pas des filiales étrangères dont les sièges sociaux ne veulent plus travailler avec Paris. L’enjeu, c’est la fiscalité, la visibilité, la compétitivité, et donc les dépenses publiques. L’enjeu, c’est aussi l’Europe qui n’a toujours pas un règlement interne qui donnerait un peu plus de cohérence à la banque centrale. Pour simplifier, on dira qu'il y a deux hommes qui sont en France à la manœuvre pour essayer d'infléchir François Hollande, Maurice Lévy, le président de Publicis, et Jacques Attali, l’ancien conseiller de François Mitterrand.

Dans le gouvernement, tout le monde est aux abris. Pierre Moscovici, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve sont à peu près les seuls ministres importants à avoir du poids pour infléchir la politique, mais ils ne sont plus écoutés à l'Elysée… « on fait des notes, beaucoup de notes, on les envoie la haut, mais rien de redescend ». Arnaud Montebourg qui participe très correctement, selon les patrons au règlement sociaux des dossiers difficiles, travaille pour lui. Politiquement, il veut offrir désormais aux chefs d’entreprise une image de pragmatique et de sérieux. Mais il est à son compte. Donc il n’aidera pas le président.

Vis-à-vis de la droite maintenant, le monde des affaires c’est-à-dire la centaine de grands patrons français qui travaillent autant à l’international que dans l’hexagone, ce monde-là est dans une position très prudente. Il observe la montée de Nicolas Sarkozy vers une position de candidat incontournable. Son énergie, sa détermination, sa capacité à occuper le terrain médiatique l’ont installé en tête de gondole dans l’hypermarché de la politique. Pour l’opinion publique, c’est le seul à droite capable de résister à Marine Le Pen et de battre un François Hollande épuisé. Le seul.   

Selon les sondages, Jean-François Copé est trop jeune, François Fillon trop pressé et Alain Juppé encore trop rigide...  Les clichés ont la peau dure mais ils s’imposent. Si Nicolas Sarkozy s’installe durablement en pole position, il n’y aura évidemment pas de primaire. Il n’en voudra pas et personne n’osera le demander. Et sauf accident, dans cette France découragée, et appauvrie, Nicolas Sarkozy aura beaucoup de chance d’être élu. Le monde des affaires a parfaitement intégré ce scénario politique d’accès au pouvoir. Reste une inconnue de taille : cette reconquête du pouvoir qui semble facilement acquise, à quoi servira-t-elle ?

D’où la question qui court les salons parisiens et les antichambres d’entreprises : Sarkozy oui !!! Mais pour quoi faire ? Avec quel programme ?

Le premier quinquennat n'a pas délivré les promesses de campagne. Loin s'en faut. Tout le monde le sait. Nicolas Sarkozy n’a pas opéré les ruptures qu’il avait annoncées. Sur les retraites, on n’a pas fait la moitié du chemin, sur les 35 heures, on a évité le problème via les heures supplémentaires mais on n’a rien fait pour gommer cette culture du non-travail. Les patrons se souviennent encore que le rapport Attali proposait un tas de reformes pour libérer le modèle français mais il est reste en partie lettre morte. Le pouvoir a toujours reculé devant les mécontentements manifestés par les lobbies.

Si le candidat Sarkozy limite sa campagne à des postures dynamiques, un propos anti-Le Pen et des positions radicales sur les dossiers de société, cette candidature ne servira à rien d'autre qu’à animer le théâtre politico-médiatique qui passionne les journalistes politiques. L’entourage immédiat de Nicolas Sarkozy est monté au front cette semaine afin d’entretenir la flamme, Brice Hortefeux et Jean-Pierre Raffarin notamment, mais aucun n’a pu lever le voile sur le programme qui pourrait être celui d’un Sarko 2… 

Or, c’est sur ce programme que travaillent des groupes de patrons afin de donner une visibilité et une ambition a la politique. Trois axes se dessinent :

- Sur la mondialisation, quel peuvent être le rôle et la place de l’industrie Française dans la concurrence internationale.

- Sur l’Europe, comment mettre plus de cohérence et de coordination politique. Si on doit passer par des institutions fédérales, pourquoi pas mais avec qui, selon quel périmètre et quelles règles budgétaires et fiscales.

- Sur la compétitivité, il faudra avoir le courage de dire que le modèle social ne peut plus être payé par des recettes calculées sur le salaire mais sur la consommation, la TVA, etc. Avoir le courage de dire que le risque est nécessaire mais qu’il doit être rémunéré, entre autres choses.

A droite, c’est Alain Minc qui est à la manœuvre pour expliquer qu'un homme politique a la responsabilité de convaincre l’opinion de par qui et comment la valeur est créée mais la plupart des grands patrons sont désormais mobilisés. Pour l’instant, ils n’ont pas compris que l’UMP travaillait à des mesures capables de sortir le système économique de l’asphyxie. Ils n’ont pas entendu Nicolas Sarkozy passer commande de projets et d’idées.

Le seul parti de droite à avoir publié un programme, c’est le Front national... Ce programme est une caricature de programme. Une monstruosité de démagogie et d’incohérence qui serait complètement inapplicable. Marine Le Pen est difficilement fréquentable non pas parce qu’elle porterait un risque fasciste, mais parce que son projet de gouvernement est une pure folie pour le système économique français. Or, aujourd'hui aucun parti politique de droite ou de gauche ne s’est sérieusement penché sur son programme. Bizarre, non ? 

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