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Les Français ont meilleur moral : mauvaise nouvelle pour les politiques qui veulent réformer
©Reuters

Atlantico Business

Selon l’Insee, le moral des français a retrouvé des niveaux atteints avant la crise en 2007. Les économistes et les marchés sont plus pessimistes. Bizarre non ?

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le moral des Français s’est nettement amélioré en ce début d’année 2017 puisque l’indice établi par l’Insee a retrouvé ses niveaux d’avant la crise, en 2007, il y a deux ans, juste avant la crise des subprimes. A l’époque, le chômage touchait 7,6% de la population active, alors qu‘il était encore de 9,6% à fin 2016, mais, et c’est le fait nouveau, le taux de chômage a baissé pendant toute l’année dernière.

L’inquiétude des français sur l’emploi, s’est un peu estompée aussi grâce aux activités indépendantes qui donnent un sentiment d’amélioration accrue. Multiplication des créations d’entreprises individuelles, et pas seulement des start-up, des missions, et des CDD de très courtes durées (un mois) ; Bref il y a eu des progrès de la flexibilité dans l’organisation du travail.

Cette amélioration relative de l’emploi a permis de sécuriser les ménages et de desserrer l’étau sur le pouvoir d’achat. Interrogés par l’Insee, les Français admettent qu‘ils ont bénéficié d’une situation financière plus large, mais ils reconnaissent aussi que les prix de l’énergie et les taux d’intérêt leur ont donné des marges de manœuvre au niveau de leur trésorerie personnelle.

Cette amélioration a impacté les niveaux de la consommation qui sont meilleurs dans tous les secteurs : l’automobile, les biens d’équipement de la maison et les voyages. Alors dans le tourisme, les grands opérateurs (SNCF, Air France, Accor) ne l‘ont pas senti directement mais leurs nouveaux concurrents , Blablacar , Ouibus, Uber, Airbnb ont largement profité de cette clientèle nouvelle et décomplexée.

Au bout de la chaine, le montant des investissements d’entreprise a remonté.

Alors, ce qui est intéressant, c’est que le moral des ménages français et en phase avec la bonne orientation de l’économie mondiale. Les grandes économies de la planète, celle des États-Unis et des émergents ont toutes surmonté les criantes que l’on pouvait avoir l’année dernière, compte tenu du contrechoc pétrolier.

Le problème aujourd'hui, c’est ce décalage entre l’optimisme des ménages (et plus naturellement de jeunes) et le pessimisme chronique des économistes, des analystes et de tous les observateurs. D’ordinaire c’est l'inverse. Quand les chiffres sont meilleurs, la perception de ces chiffres par l’opinion est négative.

Les économistes et les analystes voient des nuages partout. A l’ouest, ils s’interrogent beaucoup sur les effets de l’arrivée de Donald Trump. 9 économistes sur 10 pensent que la politique économique de Trump va booster l’économie américaine (d’où l’euphorie de la bourse aux US) mais cette croissance ne sera pas contagieuse puisque l’économie américaine veut se replier sur elle-même.

Le Brexit va forcement freiner l’activité britannique et par contrecoup l’activité de l’Europe toute entière ; il faudra attendre plusieurs années pour retrouver un modèle dynamique.

En France, la majorité des analystes considèrent que nous allons ajouter aux incertitudes internationales, celles qui sont portées par l’échéance présidentielle. En ce début d’année tout est possible. Si on met de coté, les mouvements extrémistes et populistes qui ont peu de chance d’arriver au pouvoir mais qui peuvent néanmoins influencer le contenu des campagnes électorales des partis de gouvernement, la classe politique se partage quand même en deux. Un peu à l’image de se qui s’est passé à la primaire du parti socialiste.

A droite comme à gauche, nous n’avons pas de majorité claire pour des politiques économiques qui nous permettraient de relever les défis de la modernité et de l’ouverture internationale. Ces défis commandent des positions courageuses. François Fillon a gagné la primaire à droite en défendant un programme de réformes cohérent sur la compétitivité. Cela dit, l’obligation de drainer un électorat plus large au centre, va sans doute l’obliger à amender son projet. Le discours de dimanche dernier coute déjà plus cher en dépenses sociale que le programme initial.

Paradoxalement, le risque majeur que relèvent les analystes économiques concerne l‘effet pervers d’une amélioration du moral des ménages. Si la majorité des français considèrent que leur situation va s’améliorer, ils n’accepteront pas des réformes douloureuses mais inopportunes. Pourquoi se faire mal, alors que tout va mieux.

Nous entrons alors dans le cœur du mal français. Le pays comprend la nécessité de la réforme quand tout va mal (et encore) ; Il la refuse quand les choses s’améliorent. A quoi bon ? L ‘Allemagne a un comportement inverse.

La force de l’Allemagne est de savoir se réformer en haut de cycle. Du coup, elle a les moyens de se défendre quand le cycle se renverse. La faiblesse de la France est de toujours se résoudre à changer en bas de cycle. Généralement, il est trop tard.

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