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Les fascistes nouveaux sont arrivés : ils s’appellent – on se demande bien pourquoi – antifascistes
©Reuters

Le rouge et le noir

Dans le paysage politique français, la tribu « antifa » bénéficie d’une certaine mansuétude. Normal : elle combat la bête immonde. Elle lui ressemble beaucoup…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Les images tournent en boucle : voitures brûlées, vitrines saccagées, jets de bouteilles sur la police. Les radios répercutent les slogans : "Tous les flics sont des bâtards", "Tout le monde déteste la police". Ca s’est passé hier à Paris le long du canal Saint-Martin pendant une manifestation en hommage à Clément Méric, jeune "antifa" tué il y a trois ans lors d’une rixe avec des skinheads d’extrême-droite.

Ces manifestants ont un état civil qui vaut les meilleurs pedigrees : ils sont antifascistes. C’est ce qu’ils proclament. Et c’est ce que les journaux répètent.  Ces antifascistes-là ont beaucoup de points communs avec les fascistes qu’ils prétendent combattre. Avec quand même une différence notable : les fascistes étaient antisémites, les antifascistes sont antisionistes. Des esprits malveillants disent que c’est la même chose…Pour comprendre l’antifasciste d’aujourd’hui, évoquons le fasciste-canal historique telle que l’Histoire l’a figé pour l’éternité. Du fasciste vintage, espèce en voie de disparition et quasiment introuvable dans les rayons des grands magasins spécialisés dans le prêt-à-penser.

Le fasciste avait, avec Mussolini, commencé par s’affubler d’une chemise noire. Il était violent, humiliait ses adversaires, les tuait aussi. Il privilégiait la force, nécessairement virile, sur la discussion et la controverse, vertus attribuées aux démocrates mous et féminisés. Il migra avec succès en Allemagne et adopta là-bas la couleur brune du SA. C’était violent. C’était haineux. Puis il connut son définitif épanouissement avec un retour au noir mussolinien d’origine : l’uniforme SS.

Le militant antifasciste français n’aime rien de ce qui pourrait ressembler à une tenue militaire. Il porte une cagoule sur la tête, des lunettes de moto pour se protéger des gaz lacrymogènes, un sac à dos où l’on trouvera au hasard des boulons, des pétards fumigènes et parfois un cocktail Molotov. Il ne chante pas les mêmes chansons que le fasciste historique. Il a les siennes. Bella Ciao, hymne célèbre des partisans antifascistes (des vrais, eux !) italiens qui combattirent les armes à la main les chemises noires de Mussolini. Il y a dans cette appropriation de Bella Ciao une répugnante imposture. L’antifasciste aime aussi Le Chant des partisans. Mais nul doute qu’il en a modifié les paroles : à la place de la "haine à nos trousses", la "haine qui nous pousse".

Car c’est bien la haine, et rien que la haine, qui l’anime. Avec une dose énorme de ressentiment. Ce qui le rend encore plus haineux. Car l’antifasciste, tout abruti qu’il est, n’est pas idiot au point d’espérer des lendemains qui chantent. Il lui faut, hélas, se contenter de détester tous ceux qui ne sont pas comme lui. Les bourges, Valls, les employés, Cazeneuve, les électeurs de droite, Sarkozy, les frontistes de Marine Le Pen, Nadine Morano, les fonctionnaires non grévistes, les socialistes traîtres, les chômeurs qui refusent obstinément de mettre le feu à Pôle Emploi. Tous des fascistes…

Ca en fait du monde. Et cette terrifiante solitude rend l’antifasciste triste et aigri. C’est pourquoi l’animal devient méchant. Il lui reste la maigre consolation de se déplacer en meute en criant "Le fascisme ne passera pas" ou, parfois, pour ceux très rares qui ont ouvert un livre "No pasaran". Il ne faut surtout pas dire à un antifasciste qu’il est un fasciste. C’est très dangereux. Essayez donc d’enlever à un chien l’os qu’il est en train de ronger et vous verrez…Le fasciste, le bon, le vrai, le fasciste à l’ancienne, est cet os. L’état de l’os est déplorable car sa dernière jeunesse date des années 1968. Une photo célèbre le montre dans sa fringante et fraiche beauté. On y voit côte à côte trois très jeunes types : Alain Madelin, Gérard Longuet, François Léotard. Ils étaient membres d’Occident et maniaient plutôt bien la barre de fer. Ils ont quel âge aujourd’hui Madelin, Longuet, et Léotard ?

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