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Emmanuel Macron visite l'usine de la société Sileane à Saint-Etienne, le 25 octobre 2021.
Emmanuel Macron visite l'usine de la société Sileane à Saint-Etienne, le 25 octobre 2021.
©LUDOVIC MARIN / PISCINE / AFP

Atlantico Business

La campagne présidentielle est à peine commencée qu’elle s’enlise déjà dans des débats dérisoires et ignore les vrais problèmes. La gauche n’existe plus et la droite est fracturée. Du coup, les médias se complaisent dans la polémique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les chefs d’entreprise attendent peu de choses de la campagne présidentielle, alors qu’elle devrait être un moment privilégié pour faire la pédagogie des réformes. Mais ils savent aussi que si les médias et les responsables politiques se complaisent dans la polémique souvent dérisoire et parfois glauque, c’est évidemment parce que l’offre de programme politique est inexistante ou complètement éclatée.

La gauche française s’est étouffée avec des idéologies complètement détachées de la réalité et la droite s’est éclatée dans des querelles de chapelles et d’egos, incapable de proposer une plateforme programmatique qui puisse répondre aux évolutions à la fois sociétales et technologiques.

Le résultat est que la majorité des responsables politiques se retrouvent dans une opposition verbale à Emmanuel Macron, les médias qui sont eux en situation de concurrence multicanale (chaine d’info, réseaux sociaux) se retrouvent à relayer et alimenter des polémiques un peu dérisoires et stériles.

De ces débats, il ressort une situation dominée par quelques caractéristiques assez toxiques.

Les victimes sont toujours plus et mieux écoutées que les porteurs de bonnes nouvelles ou d’innovation positives. Alors les victimes existent certes, mais elles méritent autre chose que de servir de plateforme unique au dialogue politique. Elles méritent de l’innovation, de la réforme et du pragmatisme ; autant d’éléments qui sont très absents.

Les réformes nécessaires sont plutôt considérées comme des vecteurs d’effort et d’investissement, qui feront plus de mal que de bien. Donc on n’en parlera pas.

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Tout se passe comme si la société française était partagée entre les pessimistes et les optimistes avec aujourd’hui, une prédominance écrasante du pessimisme.

La crise sanitaire a été un champ de manoeuvre du pessimisme ; au point d’installer dans la population un climat d’inquiétude historique. A tel point qu’on pouvait légitimement se demander si le commerce de la peur pratiqué par la majorité des experts et des responsables n’était pas le seul moyen de se défendre du virus. Mais pire que cela, on a aussi considéré pendant des mois que les conséquences de la pandémie seraient cataclysmiques sur la situation économique, sociale et sanitaire des sociétés humaines.

Et on continue, car le diagnostic très noir est partagé pour se complaire dans un discours, lui aussi très noir, sur les possibilités de se redresser.

La gauche n’en finit pas de ressortir des propositions radicales qui reviennent toutes peu ou prou à changer de système ou d’organisation. Surtout que les socio-démocrates ont disparu dans la mouvance macronnienne.

Donc la gauche essaie de vendre des illusions en sachant parfaitement que ce sont des illusions. A l’intérieur de cette gauche, les écologistes font de la surenchère sur les contraintes à mettre en place pour soi-disant sauver la planète

Quant à la droite, elle a beaucoup de mal à sortir d’une logique conservatrice fondée sur des politiques d’austérité. Les « états de la France » qui sont publiés dans l‘opposition de droite sont décourageants, parce que désastreux sur le budget, la dette, le commerce extérieur. La contrainte comptable est aussi stérilisante que les contraintes réductrices proférées par les écologistes.

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Où sont les entreprises, la liberté d’entreprendre, les bienfaits de la concurrence ? Où est l’avenir, l’investissement, l’innovation, l’intelligence, l’ambition, dans de telles postures ? Réponse : nulle part. Sauf que le fond de la société française n’est sans doute pas aussi pessimiste que ses dirigeants ou ce qu’en disent les médias.

La crise pandémique nous a appris qu’il existait une extraordinaire résilience dans ce pays. Grâce au génie individuel des Français, la situation économique n’est pas aussi mauvaise que ce qu‘on dit.

On participe au pessimisme ambiant mais on travaille à l’optimisme qui permet de préserver l’avenir.

Les sondages et les analyses sociologiques en profondeur montrent que les Français dans leur majorité sont plutôt optimistes, mais ils ne l’avoueront pas. Les chefs d’entreprises, notamment, ont le moral. Ils ont traversé la crise en préparant l’avenir et ils savent mieux que quiconque quel argent public a été investi. Ils seront donc rentables. Plutôt que de se lamenter sur l’ampleur d’un désastre financier, mieux vaudrait travailler à protéger la croissance, seul moyen de payer le financement de la dette.

Mais pour cela, il faudrait tenir compte de la réalité. Or nos candidats à la présidentielle n’en tiennent pas compte.

Il existe une réalité à l’hôpital qui permettrait de mobiliser les personnels pour générer plus d’efficacité.

Il existe à l’école une énergie et des pistes de réformes qui ont été déjà dessinées qui permettraient, là aussi, d’améliorer l’efficacité de cette formidable entreprise.

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Bref, il existe une administration française qui pourrait s’adapter aux grandes mutations de la modernité.

Dans tous les secteurs d’activité, il existe en France à la frontière entre le privé et le public des liens qu’il faudrait resserrer pour permettre à l’efficacité du privé d’infuser le public.

Et ne disons pas qu‘il faudrait un grand débat à chaque fois qu‘on veut étouffer une réforme. Ce dont on a besoin, c’est d’efficacité. Et l’efficacité n’est ni de droite, ni de gauche. Toute comme l’innovation ou l’investissement. En revanche, l’efficacité est au cœur de l’ADN d’une entreprise privée, alors regardons comment elle fonctionne et essayons de ne pas trop l’empêcher de respirer.

Les analystes s’interrogent souvent sur les raisons du succès du modèle allemand, sur ses performances économiques et sociales. Sur son efficacité. Alors certains nous expliquent que l’Allemagne profite de sa culture, de sa géographie et des leçons tirées de son histoire, c’est sans doute vrai.

Mais le cœur de l’efficacité allemande a des composants très simples, qui pourraient être transposés à d’autres démocraties :

La décentralisation des pouvoirs. Le pouvoir politique et administratif est très décentralisé au niveau des Lander, mais le pouvoir économique l’est tout autant grâce à un tissu de PME et ETI très nombreuses et très solides.

Les institutions politiques ont sans doute forgé un système propice au compromis. Les querelles politiciennes et les débat polémiques existent mais pas au point de déstabiliser toute la vie publique. La vie publique est structurée autour d’une coalition gouvernementale qui se met d’accord en début de mandat sur un programme de réformes et une équipe gouvernementale, et sur l'engagement de réaliser ce programme.

En fait, l’efficacité allemande repose sur une organisation de la gouvernance politique qui ressemble étrangement à la gouvernance d’une entreprise.

L’entreprise est gouvernée par un Comex, contrôlée par un conseil d’administration sur la base d’une stratégie et d’un business plan.

Alors pourquoi ce qui est possible en Allemagne ou dans une entreprise correctement gérée ne le serait pas en France ?

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