Le vrai bilan du quinquennat Hollande : 1 million de chômeurs supplémentaires pourtant évitables en seulement 3 ans<!-- --> | Atlantico.fr
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1 million de chômeurs supplémentaires pourtant évitable en seulement 3 ans.
1 million de chômeurs supplémentaires pourtant évitable en seulement 3 ans.
©Reuters

On s'en serait bien passé

Après 35 mois de présidence Hollande, la France compte 1 million de chômeurs en plus, toutes catégories confondues. Malgré les promesses d'inversion de la courbe du chômage le désaveu des chiffres se poursuit. Pourtant, d'autres pays ont retrouvé le plein emploi.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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1 018 400 chômeurs de plus depuis mai 2012, en prenant en compte l’ensemble des catégories du chômage. Voici le bilan des 3 premières années de quinquennat de François Hollande. Soit un surplus de 586 600 personnes pour la seule catégorie A et plus de 400 000 personnes concernées par les catégories B, C, D et E.

En l’espace de 35 mois, et malgré les incessantes promesses de retournement, la progression du nombre de chômeurs a été parfaitement constante, traduisant une réelle inefficacité des politiques économiques mises en place et l’échec profond de l’exécutif. Le seul "dérapage" favorable, perceptible sur la graphique ci-dessous, remonte au mois de septembre 2013, date du "bug SFR" ayant faussé les résultats remontés par le pôle emploi.

Progression du nombre de chômeurs. Cat A,B,C,D,E. Mai 2012-Mars 2015. France. Source Dares. En Milliers

Depuis l’entrée en crise, lors de l’année 2008, la France a vu son nombre de chômeurs progresser de plus de 1.500.000 personnes pour la seule catégorie A, et de 2.6 millions pour l’ensemble des catégories.

Nombre de chômeurs Mars 2005 – Mars 2015. France. Catégorie A.

En dehors de la réelle pause survenue entre le mois de mai 2010 et le mois d’avril  2011, la hausse  du chômage aura été ininterrompue au cours des sept dernières années.

Pourtant, ce résultat était parfaitement évitable. Il ne s’agit en rien d’une fatalité économique. Il suffit de constater la forte baisse du taux de chômage aux Etats-Unis pour s’en rendre compte.

Taux de Chômage. Etats Unis. En %

Pendant que le taux de chômage passait de 10% à 5.5% (entre 2010 et 2015 aux Etats-Unis), le nombre de chômeurs continuait de progresser, aussi bien en France que dans la zone euro dans sa globalité. C’est ainsi que le taux de chômage de la zone euro atteint aujourd’hui 11.2%.

Depuis l’entrée en crise, les instances et les dirigeants européens se sont révélés incapables de poser un diagnostic correct sur la nature du mal qui frappait la zone euro. Sous l’impulsion de la doctrine économique dominante en Europe, le continent s’est alors lancé dans une course à l’austérité, qui se résume parfaitement dans les propos de Jean Claude Trichet, alors Président de la Banque centrale européenne, en 2010 :

"En ce qui concerne l’économie, l’idée que les mesures d’austérité peuvent déclencher une stagnation est incorrecte"

Car c’est sur cette base, aujourd’hui largement reconnue comme étant une erreur grossière, que la politique macroéconomique européenne s’est construite au cours des 7 dernières années. Selon l’ancienne tête de la BCE, les mesures d’austérité devaient déclencher la confiance et la baisse du chômage en Europe. C’est-à-dire une austérité expansionniste. Les résultats sont là, c’est-à-dire le chômage de masse et une incapacité structurelle à renouer avec la croissance et donc avec l’emploi.

De l’autre côté de l’Atlantique, avec un diagnostic totalement opposé, c’est-à-dire en traitant la crise selon sa dimension monétaire, les résultats ont été rapides et profonds. La Réserve Fédérale des Etats-Unis, alors dirigée par Ben Bernanke (reconnu pour ses travaux universitaires concernant la Grande dépression de 1929, qui est une autre crise monétaire) s’est lancée dans un programme de soutien monétaire massif à l’économie. Son successeur, Janet Yellen, poursuivra la tâche.

C’est cette dimension monétaire qui échappe à l’Europe, et qui échappe à François Hollande. Pourtant, ce dernier n’a aucune excuse. Car le diagnostic américain a été officialisé dès le mois de septembre 2012. Depuis cette date, les européens n’ont fait que semblant de ne pas voir ce qui passait, et ce, partout ailleurs dans le monde. Le Royaume-Uni et ses 5.5% de chômage ou le Japon et ses 3.5%, tous ont suivi la même cure : une très forte expansion monétaire et une révision des objectifs des banques centrales respectives.

Mais comme en 1929, l’Europe est restée sourde et muette. Comme si l’Europe était frappée d’incompétence monétaire forcée. Et le réel effort porté par Mario Draghi depuis ce début 2015 est malheureusement insuffisant, encore trop timide pour offrir des résultats tangibles et rapides.

Pour que la BCE et Mario Draghi puissent avoir les mains libres pour imiter les grandes banques centrales, ils doivent tout simplement en obtenir le mandat. C’est-à-dire un mandat de plein emploi, sur les bases du mandat "dual" donné à la Réserve fédérale des Etats-Unis. Mais pour le moment, la BCE se contente de stabiliser les prix dans un monde encore proche de la déflation. Aussi longtemps que la France ne portera pas une volonté de réformer ce mandat monétaire européen, le retour au plein emploi ne sera pas au programme en Europe. 

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