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Le Quai Branly, antre des secrets de la République ?
©ALAIN JOCARD / AFP

Parfum de scandale

Alexandre Benalla était logé Quai Branly. Or,il n'est pas la seule personnalité scandaleuse a avoir eu ses appartements dans ce bâtiment.

Google et Yahoo, internet

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président d'Aimer Paris et candidat à l'élection municipale de 2020. Il est l'auteur de La marche des lemmings ou la 2e mort de Charlie, et de Nous-Fossoyeurs : le vrai bilan d'un fatal quinquennat, chez Plon.

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Atlantico : Plusieurs personnalités à "scandale" ont été logées au Quai Branly : François de Grossouvre, Mazarine Pingeot et désormais Alexandre Benalla. Comment ce lieu est-il devenu l'antre des secrets de la République ? 

Serge Federbusch : Je me souviens de cette incroyable enquête d’une journaliste, Raphaëlle Bacqué, qui, interviewant Grossouvre, ne comprit pas pourquoi ce dernier se déclarait intouchable tout en frappant le sol de son appartement avec sa canne. Ce n’est que quelques années plus tard, après le suicide du conseiller et ami intime de Mitterrand, qu’elle réalisa qu’il désignait ainsi le logement du dessous où était abritée Mazarine. Grossouvre savait et se pensait protégé par le secret des dieux.

On a l’impression donc d’une sorte de domaine extra territorial, échappant aux règles budgétaires comme aux investigations policières ou journalistiques, où le Président peut mettre à l’abri qui il veut, dans une forme de discrétion qui confine à la mise au secret, protégeant pour mieux isoler ou écarter de la vie et de l’attention publiques. C’est une réminiscence de l’Ancien régime et un mode de fonctionnement inconcevable dans d’autres pays occidentaux.

Pourquoi ce lieu précisément ? S'agit-il du seul endroit de la sorte ? 

C’est une succession d’immeubles où étaient autrefois abritées diverses administrations, le Conseil supérieur de la Magistrature. Un lieu proche de la Seine, facile d’accès par l’avant et l’arrière des immeubles et plutôt terne et anonyme. Je ne sais s’il y en a d’autres à Paris mais je ne crois pas. Ce genre d’endroits semi-occultes n’a plus bonne réputation depuis la fermeture du fameux « tunnel de l’Elysée » qui naguère permit à quelques éminences d’organiser leurs amours clandestines et qui menait … rue du Cirque !

Comment se fait-il qu'Alexandre Benalla, garde du corps, ait le privilège d'être logé dans un tel bâtiment ?

Cela dénote effectivement une proximité incroyable avec Emmanuel Macron, un régime de faveur totalement dérogatoire qui est bien dans le droit fil de la tentative d’étouffement de l’affaire par l’Elysée. Ce genre de logement n’est dévolu qu’aux plus intimes. Macron a intérêt à ce que son directeur de cabinet Patrick Strozda, et son secrétaire général Alexis Kohler, le couvrent en prétendant mordicus que ce sont eux qui ont tu le scandale. Sinon sa présidence va vaciller dans les jours et les semaines qui viennent.

Et s’il était avéré que le logement en question a ou allait bénéficier d’aménagements à 180 000 euros pour en faire un duplex pour les beaux yeux de Beballa, le scandale emporterait Macron sur fond d’affaires de moeurs plus que délétères.

Ces personnalités ont chacune défrayé la chronique à leur manière. Il y-a-t-il des points communs dans leur traitement (par l'état)? 

L’omerta, la croyance en la toute-puissance qu’impose aux agents de l’Etat le prestige de la fonction présidentielle et les avantages que le service du prince peut procurer à ceux qui s’y soumettent. Les présidents pensent tous que chacun tiendra sa langue. Et du reste, s’il n’y avait eu les paparazzis de Closer, l’affaire Gayet n’aurait pas éclaté : aucun policier n’aurait jamais témoigné. Il faut se souvenir que, lorsqu’on étudie la courbe de popularité de François Hollande, plus que Leonarda ou Cahuzac, c’est la risible équipée casquée rue du Cirque qui plomba quasi-définitivement l’ancien président.
Décidément, outre leur absence de résultats sur les grands enjeux d’aujourd’hui (désindustrialisation, endettement, islam), les présidents successifs finissent tous dans la gaudriole.

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