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Le PS voudra-t-il défendre la République au point de combattre jusqu’à l’extrémisme de ses alliés ?
©Reuters

Réflexe de Pavlov

Le PS se mobilise (une fois de plus...) contre les extrêmes aujourd'hui à travers une réunion de réflexion sur la mise en place d'outils de combat idéologique. Une belle intention, qui aurait tout intérêt à analyser les extrémismes des alliés historiques du parti.

André Bercoff

André Bercoff est journaliste et écrivain. Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), Qui choisir (First editions, 2012), de Moi, Président (First editions, 2013) et dernièrement Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d'une implosion (First editions, 2014).

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Atlantico : Le Parti socialiste organise aujourd'hui un forum contre les "extrémismes" sans mentionner directement l'extrême-droite. Aujourd'hui pour le PS que définit exactement le mot extrême ?

André Bercoff : Je n’aurai pas l’outrecuidance de répondre à la place du PS. Aujourd’hui, les extrêmes se touchent, voire même se congratulent et se coagulent, le bon Dieu de la politique ne pourrait y retrouver ses petits. Que dire d’un parti écartelé entre un Valls à mille temps et une Taubira à deux temps, sans oublier les admirables et fidèles alliés d’Europe Écologie les Verts. Le problème de l’état-major de la rue de Solférino, c’est qu’il ne peut plus se contenter de marquer du sceau de l’infamie le seul Front National. Il est obligé de se garder de ses extrémismes de l’intérieur et de son propre camp, sans pouvoir les désigner. D’où la difficulté, voire l’impossibilité, de l’exercice.

Faut-il en déduire que le PS ira jusqu'à se confronter aux extrémismes de ses alliés de gauche (FDG, EELV) au lieu de se limiter à une sempiternelle critique du Front National ? 

Mission impossible. Se fâcher avec EELV avant les municipales, alors que ces élections ne se présentent pas sous les meilleurs auspices, relèverait aujourd’hui du suicide mode d’emploi. Restent Mélenchon et le Parti Communiste qui, comme chacun sait, passent désormais leur temps à s’étriller : les enfants de Marx et de la Place du colonel Fabien veulent garder les rares fiefs qu’ils possèdent, alors que le Parti de Gauche joue son va-tout, n’ayant pas grand-chose à perdre. Là non plus on ne parlera pas d’extrémisme, puisqu’il s’agit de ramener les communistes sinon au bercail, du moins à la raison.

Ce choix d'évoquer l'ensemble des extrêmes marque-t-il une volonté de rupture entre un PS social-démocrate et une gauche de la gauche de plus en plus opposée à la politique du gouvernement ?

L’appui prodigué par Hollande à Valls après ses propos sur les Roms - qui font passer Sarkozy pour un militant ATD-Quart Monde -  et surtout les résultats de sondages donnant une majorité du peuple de gauche en accord avec le ministre de l’Intérieur, montrent bien que la ligne de fracture passe désormais au sein du parti socialiste, que ce soit sur le plan de l’économie, de la sécurité ou de l’autorité. Mais nul doute que cela entraînera, de la part d’une gauche qui se sent d’autant plus trompée qu’elle a l’impression que le président trahit les mots du candidat, vers des ruptures aussi vives que jusque-là rentrées. Tout cela éclatera probablement après les élections européennes. D’ici là, il s’agit de sauver ce qui peut l’être.

Doit-on voir dans cette focalisation sur les extrêmes une manœuvre de diversion politique ou une réelle tentative de réflexion idéologique face à une contestation croissante à l'égard des partis de majorité ?

S'il s’agissait d’une manœuvre de diversion, ce serait assez grotesque eu égard à la popularité actuelle de Hollande et de son gouvernement. La politique de l’échappatoire, à l’heure où, sur tous les fronts, le mécontentement monte et le ras-le-bol gronde, ne peut donner que des résultats négligeables d’importance nulle. Il est temps qu’au gouvernement comme rue de Solférino, Hollande et le Parti affichent clairement, enfin, leur ligne sociale libérale et leurs nouvelles, mais intéressantes, embrassades avec l’autorité et la sécurité. Au moins, les électeurs sauraient à quoi s’en tenir. Il urge donc que les princes qui nous gouvernent sortent d’une ambiguïté qui n’agit désormais qu’à leur détriment. Nous sommes, apparemment, loin des extrêmes ; en fait si ce brouillard ne se dissipe pas, ceux-ci deviendront définitivement incontournables.

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