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Le pouvoir de l’électorat gris : après le Brexit, que réservent encore les baby-boomers aux générations qui leur survivront ?
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La politique à la papy

La faible participation des jeunes combinée au poids démographique et électoral de la génération du baby-boom pose un problème démocratique majeur quand les décisions qui sont tranchées dans les urnes sont structurantes pour l'avenir du pays. Une problématique qui a été révélée au grand jour par le référendum sur le Brexit et qui se pose également en France.

Charles Consigny

Charles Consigny

Charles Consigny est éditorialiste au Point. 

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Jean-Baptiste Soufron

Jean-Baptiste Soufron

Ancien Secrétaire Général du Conseil National du Numérique et Directeur du Think Tank de Cap Digital, Jean-Baptiste Soufron est aujourd'hui avocat chez FWPA Avocats

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Philippe Bilger

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Philippe Bilger est président de l'Institut de la parole. Il a exercé pendant plus de vingt ans la fonction d'avocat général à la Cour d'assises de Paris, et est aujourd'hui magistrat honoraire. Il a été amené à requérir dans des grandes affaires qui ont défrayé la chronique judiciaire et politique (Le Pen, Duverger-Pétain, René Bousquet, Bob Denard, le gang des Barbares, Hélène Castel, etc.), mais aussi dans les grands scandales financiers des années 1990 (affaire Carrefour du développement, Pasqua). Il est l'auteur de La France en miettes (éditions Fayard), Ordre et Désordre (éditions Le Passeur, 2015). En 2017, il a publié La parole, rien qu'elle et Moi, Emmanuel Macron, je me dis que..., tous les deux aux Editions Le Cerf.

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Atlantico : Alors que les plus de 65 ans ont voté à 58% pour le Brexit, ils vivront pendant en moyenne 16 ans les conséquences d'une telle décision. A l'inverse, les 18-24 ans, qui ont voté à 64% pour le maintien dans l'UE, subiront en moyenne pendant 69 ans les conséquences économiques et sociales de la sortie de l'Union. Quelles ont été les motivations du vote de la génération du baby-boom en faveur du Brexit ? Le vote du Brexit est-il révélateur d'une accentuation du clivage générationnel ?

Jérôme Fourquet : On constate effectivement une très forte polarisation des votes lors du référendum britannique selon les générations : la génération du baby-boom a massivement voté pour un retour à une souveraineté nationale pleine et entière et la jeunesse a massivement pour la poursuite de l'aventure européenne. 

Cette grande linéarité des résultats selon l'âge est le symptôme, la marque d'un phénomène profond : contrairement à ce qui s'est passé sur le continent, notamment en France, l'aventure européenne est une histoire relativement récente en Grande-Bretagne. Les gens qui ont aujourd'hui 65 ans avaient aux alentours de 20 ans en 1973 au moment de l'entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE. A ce moment de leur vie, leurs opinions politiques et références étaient déjà largement formées. Pour toute cette génération, c'est toujours et encore le cadre et la grille de lecture nationale qui s'impose. 

Plus on descend en âge, plus l'évidence de l'appartenance à l'Union européenne fait sens. Le processus d'évolution s'effectue donc au rythme du renouvellement des générations. 

Ce clivage est ancien, il a simplement été révélé au grand jour de manière spectaculaire par le référendum. 

La promesse de campagne du camp du Brexit – le rapatriement de l'argent versé à l'Union européenne vers le NHS - a pu influencer le vote de la génération du baby-boom. Sans aller jusqu'à faire un parallèle ou une association d'idée entre une promesse d'amélioration du système de santé et une partie du corps électorale plus sensible à cette thématique de par son âge, le thème du rapatriement de l'argent britannique correspond à la façon de penser de Margaret Thatcher. En effet, au début des négociations européennes lorsqu'elle était Premier ministre, elle a déclaré "I want my money back". Pour ces générations, l'Europe apparait à ces générations comme quelque chose de totalement extérieur qui vient ponctionner de l'argent à l'édifice britannique. Les vieilles générations voient le rapport à l'UE comme devant être donnant-donnant, et c'est d'ailleurs assez cocasse car depuis le début, la Grande Bretagne reçoit plus qu'elle ne contribue au budget du fait des dérogations et du statut spécial que Margaret Thatcher avait négociés. Pour autant, demeure cette idée que l'Europe coûte plus cher à la Grande-Bretagne qu'elle n'en bénéficie. 

Ce rapport générationnel très spécifique à l'Europe ne se retrouve pas forcément sur le continent. Si le mécanisme du domino se mettait en place avec des référendums en série un peu partout en Europe, je ne suis pas convaincu que les scores seraient similaires avec des graphiques aussi linéaires selon la pyramide des âges. En France, les générations les plus âgées sont les plus europhiles, on le voit notamment au travers des enquêtes d'opinion sur la question de la sortie de l'euro : les générations les plus jeunes, et notamment les actifs, sont les plus tentés par une sortie alors que les seniors français (mais aussi espagnols ou italiens) sont les plus rétifs. Sur le continent, le clivage générationnel fonctionne donc de façon inversée : ce sont les générations les plus âgées qui sont le plus attachées, de manière sincère ou intéressée, à la poursuite de l'édifice et de la construction européenne, qui apparaît à leurs yeux comme garante de la stabilité économique et monétaire. Ces générations ont un "réflexe de rentier" qui vise à une stabilité monétaire pour garantir la valeur du patrimoine et des actifs tandis que les générations d'âge intermédiaire –qui sont des actifs- sont beaucoup plus critiques vis-à-vis de l'Europe et de l'euro, d'une part parce qu'elles ont moins de patrimoine, et d'autre part, parce que le rapport à l'euro est davantage influencé par les politiques d'ajustement structurel, la mise en concurrence des salariés de toute l'Union européenne, et éventuellement l'adaptation à la baisse du modèle de protection sociale pour s'adapter à l'ouverture des frontières. 

L'argument monétaire et financier ne s'exprime pas du tout de la même manière en France et en Grande-Bretagne car les Britanniques n'étaient pas dans l'euro. En France, sortir de l'Europe veut dire sortir de l'euro, ce qui est très anxiogène pour ceux qui ont un capital. Il s'agit là d'une première différence avec les Britanniques. Deuxièmement, contrairement aux Britanniques, quand les baby-boomers français ont eu 20 ans, cela faisait déjà une quinzaine d'années que le marché commun existait et que la France était rentrée dans l'Europe. Ils avaient donc un sentiment européen plus mature. 

Pour revenir sur l'argument monétaire, le cas du référendum écossais sur l'indépendance est très intéressant car il reproduit en miniature la même problématique : les enquêtes ont montré que le clivage générationnel était marqué mais avec une structuration du vote similaire à celle du continent et non similaire à celle du Royaume-Uni au moment du Brexit. Les jeunes Ecossais ont majoritairement voté pour une sortie et les Ecossais les plus âgés pour le maintien dans le Royaume-Uni. On peut y voir des effets de génération, le nationalisme écossais étant monté en puissance dans les années 1980-1990 (les générations écossaises les plus âgées sont certainement culturellement attachées à la Couronne). Mais l'argument économique a pesé au moins autant : les retraités écossais étaient opposés à une sortie de l'Ecosse du Royaume-Uni car ils craignaient que les banques britanniques et d'autres retirent massivement leurs avoirs, ce qui aurait provoqué une instabilité économique majeure en Ecosse. 

Jean-Baptiste Soufron : Quelles que soient les perceptions, le Royaume-Uni est un important lieu de brassage économique, culturel et politique. Il ne faut pas oublier que le mot "Angleterre" vient des Angles, une tribu germanique arrivée sur l’ile au 5e siècle après JC en même temps que les Saxons et les Jutes. Dans le même ordre d’idées, on ne peut pas sérieusement affirmer qu’un pays qui laisse 300 000 français habiter sa capitale serait xenophobe. Le Brexit est d’abord un résultat surprenant car le précédent référendum sur le maintien du Royaume-Uni datait de 1975 et avait été marqué par un vote positif à 67%. En fait, ce sont peut être les mêmes personnes qui avaient votés oui à l’époque et qui ont voté non aujourd’hui. L’évolution vers l’idée du Brexit a commencé à être évoquée de façon informelle au sein de la droite anglaise en 1993 au moment de la création de l’Union Européenne. Et ce qui était une idée en l’air a fini par devenir au fil des années un scénario envisageable. Il faut faire attention au pouvoir des idées. Mais in fine, ce qui a sans doute décidé l’élection n’est sans doute pas tant le vote massif des catégories les plus agés pour le Brexit, que le relatif désintérêt des jeunes pour le fait de rester. Alors que 43% des 18-25 ans s’étaient déplacés pour voter lors des dernières élections générales de 2015, ils n’ont été que 36% à le faire pour le référendum. Il est du coup compliqué de laisser dire que les personnes âgées ont condamné les plus jeunes. Si le référendum avait été aussi important pour la jeune génération qu’on l’affirme, ils auraient été voter.

Charles Consigny : Pour de bonnes et de mauvaises raisons, la jeune génération est naturellement plus portée à accepter de participer et d'être soumise à une structure politique supranationale. Pour de bonnes raisons : parce qu'elle voyage, habite des villes cosmopolites, est en contact avec des étrangers sur les réseaux sociaux, regarde des films et lit des livres de tous les pays, et tout simplement est née dans la mondialisation ; il lui paraît par exemple naturel que certains produits soient fabriqués dans d'autres pays que le sien pour qu'ils soient moins chers, même si ça se traduit d'un côté par la désindustrialisation et de l'autre par l'exploitation d'ouvriers mal payés. Pour de mauvaises raisons : la jeune génération est dans l'ensemble peu cultivée. Elle ne connaît pas l'histoire de son pays, donc n'en voit pas la grandeur. ​Elle est ainsi prête à sacrifier l'échelon national, mais pas en connaissance de cause : par ignorance. 

Dans quelle mesure le fait qu'une génération, démographiquement plus nombreuse et électoralement plus impliquée, soit décisive pour des questions aussi importantes que celle du Brexit ou la désignation du chef de l'Etat, peut-il avoir des conséquences économiques et politiques dommageables pour l'ensemble de la société ?

Jérôme Fourquet : D'une certaine façon, on peut parler d'une démocratie censitaire. Même si on n'empêche pas les jeunes de voter, leur participation électorale est beaucoup plus faible que celle de la génération du baby-boom. Cette faible participation des jeunes, et le poids démographique des baby-boomers, conduit à ce qu'une majorité électorale soit le fruit du vote des personnes les plus âgées. Cela peut effectivement poser un problème démocratique majeur quand dans le cas par exemple du référendum britannique –qui est l'exemple le plus abouti-, les décisions qui sont tranchées dans les urnes, sont structurantes pour l'avenir du pays et de la société en question. Dans la perspective de la présidentielle en France,  on retrouve la même problématique : par exemple, sur la question de l'âge du départ à la retraite : un sondage Ifop pour Atlantico a récemment montré que 2/3 des personnes âgées sont favorables à la retraite à 65 ans, et 70% des actifs (catégorie d'âge sur laquelle cette réforme va s'appliquer) y sont opposés. On retrouve également cette problématique avec le mécanisme des primaires à droite : si les sondages restent ce qu'ils sont actuellement et que nous avons un deuxième tour qui oppose la droite au Front national, le candidat qui sera élu sera le candidat de droite. Ce dernier aura été désigné de facto par le corps électoral de la primaire. Or, ce corps électoral est structurellement plus âgé que l'électorat de droite au sens large (d'après les données dont on dispose aujourd'hui  le taux de participation des électeurs les plus âgés sera supérieur à celui des plus jeunes à la primaire). En fixant le choix du candidat et la ligne politique, les électeurs de droite âgés auront une influence décisive sur ce qui va se passer après. 

Néanmoins, cette question démocratique majeure n'est cachée à personne. C'est aux jeunes générations de prendre conscience de cela et de se mobiliser. On rappellera que le 23 juin (date du référendum britannique), coïncidait peu ou prou à la date des vacances universitaires en Grande- Bretagne, et au deuxième jour du festival Glastonbury qui réunit chaque année plus de 200000 personnes. Les organisateurs de ce festival avaient appelé les jeunes à voter par procuration et à s'organiser pour voter à ce référendum. Il n'est pas interdit aux jeunes générations de prendre leur destin en main et d'aller voter quand des choix majeurs qui vont les concerner qu'il s'agisse de l'appartenance à l'Union européenne ou du modèle social sont en jeu dans des élections. 

Jean-Baptiste Soufron : Poser dès maintenant la question des conséquences négatives du Brexit c’est refuser de faire preuve et de recul, et surtout c’est partir du principe qu’il est possible qu’un pays soit malade d’avoir trop exercé sa démocratie. Plus que le Royaume-Uni, c’est peut-être l’Europe qui souffrira le plus du départ de la première démocratie moderne au monde - les créateurs de la Magna Carta et de l’Habeas Corpus, la cinquième économie mondiale, et la première armée régionale. Quelque décevant qu’il soit pour les défenseurs de l’idéal européen, il ne fait aucun doute que le Royaume-Uni est largement équipé pour faire face à ce résultat et finir, d’ici quelques années, par en tirer le meilleur profit. Les difficultés administratives liées à la renégociation des traités finiront nécessairement par se résoudre. Le principal risque n’est pas tant économique que la montée du populisme. Mais le chaos actuel est d’abord une désagrégation de la politique interne du pays dont les leaders n’avaient absolument pas parié sur ce résultat. A cet égard d’ailleurs, on pointe beaucoup le manque de préparation des leaders du Brexit, mais il ne faut pas oublier que c’est David Cameron qui l’a voulu et déclenché - et ce pour des raisons de politique personnelle. Les torts sont au minimum partagés.

Charles Consigny : ​Je ne suis pas certain de bien comprendre le sens de la question. On ne va pas reprocher à des gens de s'impliquer dans la vie politique de leur pays ! Si les jeunes votent moins que les vieux, ils n'ont pas à se plaindre que ces derniers décident à leur place. Il n'y a pas d'âge auquel on vote mieux qu'à un autre : quand on est jeune, on est emporté par ses passions, et quand on l'est moins, on peut parfois céder plus facilement à la peur. Le principe de la démocratie est que toutes les voix se valent. C'est aux candidats de savoir convaincre une majorité d'électeurs de leur accorder leur suffrage, de parler à toutes les générations, à toutes les classes sociales, les sensibilités etc. ​ 

Comment expliquer la moindre participation électorale des jeunes ? Dans quelle mesure le fait que l'offre politique soit conçue pour la génération du baby-boom explique-t-il ce désengagement des jeunes ?

Jérôme Fourquet : Les jeunes Britanniques se sont caractérisés par un très fort vote en faveur du maintien dans l'Europe et par l'abstention la plus élevée, ce qui peut paraitre paradoxal. 

Cette moindre participation des jeunes Britanniques est un phénomène structurel que l'on retrouve partout en Europe, y compris en France : plus on est jeune, moins on vote. A élection identique, les personnes âgées votent beaucoup plus que leurs petits-enfants. 

Cela est dû à plusieurs paramètres que l'on pourrait résumer par un rapport beaucoup plus distendu des jeunes générations à la politique et à l'acte de voter. On en revient à la socialisation politique qui se fait aux alentours de l'âge de la majorité : beaucoup des seniors ont eu 20 ans à une époque où le phénomène de l'abstention était résiduel. Ce n'était donc pas dans leur schéma mental de s'abstenir. 

Les générations les plus jeunes ont été socialisées dans un environnement politique où il y a plus d'abstention, une crise économique très forte qui dure en Europe depuis près d'une décennie, un désenchantement démocratique important, une montée l'affirmation d'identités individuelles et une moindre prévalence des appartenances collectives (appartenance de classe, familiale, religieuse). Avant, on était dans un camp ou on était dans l'autre, on votait pour ou contre. Aujourd'hui, l'électeur est de plus en plus stratège et consommateur. Ces tendances de fond s'expriment avec d'autant plus de force sur les générations qui arrivent sur le marché politique ces derniers temps. 

Jean-Baptiste Soufron : Je suis personnellement persuadé que si les générations X, Y ou Z ne sont pas déplacées pour ce référendum, c’est parce que l’Europe n’a aucun rapport avec le monde numérique dans lequel elles évoluent au quotidien. Sans jamais avoir été exprimé de façon consciente pendant la campagne, le décalage est frappant et traduit le désintérêt profond de l’Europe pour l’un des éléments essentiels de la modernité. Comment s’étonner du désengagement des gens pour cet objet administratif et désincarné qui refuse de s’intéresser aux sujets d’aujourd’hui ? Encore une fois, les analystes ont tendance à expliquer le résultat comme la conséquence d’une fracture générationnelle entre les personnes agées et les plus jeunes – les  premiers auraient voté massivement contre, les seconds massivement pour. Mais si l’on regarde les chiffres dans leur ensemble et qu’on s’intéresse aux taux de participation, le désintérêt des jeunes pour ce scrutin est frappant, alors même qu’ils sont supposés être profondément pro-européen. La réalité est que l’Europe a du mal à correspondre aujourd’hui au quotidien des jeunes générations. En se levant le matin, c’est Facebook qu’ils consultent. Pour discuter avec leurs amis, c’est Twitter ou Snapchat qu’ils utilisent. Pour s’informer, ils font des recherches sur Google. Et pour rentrer de soirée, c’est Uber qu’ils appellent. En échouant à aborder ces sujets, en considérant ses citoyens comme de simples consommateurs, l’Europe les a enfermé dans ce qui relève d’une véritable "bulle de servitude" selon l’expression de Umair Haque, un environnement d’objets connectés où plus aucun individu n’a de prise ni sur ses données, ni sur les usages, ni sur les marges, les couts et l’intégration des grandes plateformes dans la société civile. Du coup, l’Europe est aujourd’hui perçue comme hostile au numérique et à l’entrepreneuriat. Autrement dit, faute d’avoir su faire du numérique un projet de société, quel jeune préfère vraiment aller prendre le train pour aller à Bruxelles plutôt que l’avion pour aller à San Francisco ?

Charles Consigny : Votre question est orientée. Je ne sais pas si l'offre politique est "conçue pour la génération du baby-boom", d'ailleurs les responsables politiques français se répandent avec acharnement sur Instagram ou Périscope pour espérer toucher les jeunes, de même qu'ils passent leur temps à visiter des start-up et s'entourent pour leur "communication digitale" de hipsters en chemise à carreaux et barbe de trois jours qui essaient de rendre leur candidat le plus "sympa" possible. Donc l'offre politique à mon sens est autant conçue pour la génération du baby-boom que pour les autres générations, selon les canaux dans lesquels elle s'exprime. C'est sûr qu'une longue interview dans le Figaro sur le thème des retraites, de la fiscalité pesant sur les résidences secondaires et de l'insécurité est davantage tournée vers la génération du baby-boom. Ce qui n'est pas tournée vers les jeunes, ce n'est pas l'offre politique, mais l'offre publique : les étudiants et ceux qui commencent leur carrière connaissent aujourd'hui des fins de mois très difficiles sans que rien de sensible ne soit fait pour eux, à part des aides au logement qui ont plutôt eu pour effet de faire monter les loyers. Quant au désengagement des jeunes, je ne crois pas qu'il soit à incriminer : il est plutôt le signe d'une certaine sérénité vis-à-vis des acteurs politiques, d'une certaine distance confiante dans ce que ces derniers peuvent faire. On n'attend rien d'eux mais on ne les craint pas non plus. 

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