Le plan Juncker sera-t-il le nouveau cheval de Troie chinois en Europe ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Claude Juncker.
Jean-Claude Juncker.
©Reuters

Les infiltrés

Le vice-ministre chinois des Finances, Shi Yaobin, a manifesté auprès de Jean-Claude Juncker la volonté de la Chine de prendre part au plan d'investissement de 300 milliards d'euros de l'Union européenne alors qu'elle vient de réaliser deux acquisitions importantes : l’aéroport de Toulouse et Center Parks.

Jean-François Di Meglio

Jean-François Di Meglio

Jean-François Di Meglio est président de l'institut de recherche Asia Centre.

Ancien élève de l'École normale supérieure et de l'Université de Pékin, il enseigne par ailleurs à l'IEP Lyon, à l'Ecole Centrale Paris, à HEC ParisTech, à l'École des Mines Paris Tech et à Lille I.

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Atlantico : Quel intérêt l'Empire du milieu trouverait-il dans cette participation, et quels montants pourrait-il engager ?

Jean-François Di Meglio : En théorie, les montants que la Chine peut engager sont supérieurs au plan lui-même : la Chine dispose de 4000 milliards de dollars de réserves en devises, dont seulement 30% au maximum sont en euro, mais c’est déjà plus que le Plan. Simplement, il s’agirait pour la Chine de diversifier ses investissements.

Il est probable que l’intérêt principal serait bien sûr d’entrer à des niveaux à la fois bas sur la devise (qui a perdu de sa valeur contre le dollar, donc contre la monnaie chinoise depuis six mois) et aussi de prendre part à des projets intéressants. Potentiellement aussi, et sans que la Chine ne soit déterminée à internationaliser massivement sa devise, l’un des intérêts est clairement de réaliser une partie de ces investissements en monnaie chinoise internationalisée mais non encore convertible, de façon à accroître, comme le souhaitent les Européens, la "profondeur" du marché non domestique de la monnaie chinoise.

Le ralentissement de la Chine pesant sur certaines de ses industries, les entreprises du pays sont entrées dans une phase d'expansion géographique, rachetant des actifs en Europe, comme le port du Pirée en Grèce. N'est-ce pas l'occasion pour ces entreprises de prendre le contrôle d'actifs stratégiques en Europe ? Quels sont les risques ?

La Chine, en plus du Pirée, vient de réaliser deux acquisitions importantes : l’aéroport de Toulouse et Center Parks, au moment où des acteurs occidentaux non négligeables (le dernier en date Best Buy) se retirent de la Chine. C’est sans doute dans ce dernier élément que le "risque chinois" est le plus important. Les barrières objectives ou non explicites au développement des étrangers en Chine est sûrement plus dangereux que l’arrivée d’investisseurs chinois chez nous. Les montants absolus, la diversité et l’absence réelle de stratégie concertée dans ses investissements affaiblissent considérablement la portée du risque de perte de souveraineté pour nous.

Quelles conditions l'Europe doit-elle impérativement poser pour que le plan Juncker ne devienne pas le cheval de Troie chinois en Europe ? Comment éviter de tomber dans une relation déséquilibrée ?

La relation est largement déséquilibrée au plan commercial, la Chine étant, malgré ses représentations plus réfractaires aux exportations européennes et à l’arrivée de capitaux étrangers dans certains secteurs que l’Europe, très accueillante et accommodante. En matière d’investissements, même si 2014 aura sans doute vu pour la première fois le total des investissements chinois dépasser les investissement étrangers arrivant en Chine en flux annuels, le stock est largement en faveur de l’Europe. Le cheval de Troie est un poney, ou tout au plus un poney. Mais il est vrai que les infrastructures intéressent particulièrement les Chinois, ce qui n’est pas forcément un mal pour un continent qui doit faire la remise à jour de ses réseaux et vit sur un déficit qui ne permet pas cette remise à jour, elle-même créatrice d’emplois.

Outre les risques, quels avantages l'Europe trouverait-elle dans cette participation chinoise ?

La relance par les investissements, l’amélioration des infrastructures, le développement d’un marché financier continental de la devise chinoise.

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