Le pire de la IVe, le pire de la Ve : la catastrophe politique<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron et Elisabeth Borne lors d'une réunion à l'Elysée.
Emmanuel Macron et Elisabeth Borne lors d'une réunion à l'Elysée.
©STEPHANIE LECOCQ / POOL / AFP

CMP

La France n’a plus de gouvernement ni de Premier ministre adossés à une majorité claire pour gouverner le pays. La CMP, à l’origine, est destinée à dénouer un désaccord entre le Sénat et l’Assemblée nationale. Elle n’est pas une instance de négociation entre les partis politiques.

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

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Le pire de la IVe: on s’habitue à tout mais ce qui se passe en ce moment est totalement invraisemblable. De fait, la France n’a plus de gouvernement ni de Premier ministre adossé à une majorité claire pour gouverner le pays. Alors le temps des petites magouilles est revenu. La CMP, à l’origine est destinée à dénouer un désaccord entre le Sénat et l’Assemblée nationale (en principe après lecture par l’une et l’autre des assemblées!). Elle n’est pas une instance de négociation politique entre les partis politiques mais entre deux assemblées. Aujourd’hui, le régime des partis est revenu. Le bien commun, à travers la loi est soumis à un marchandage entre états majors partisans, Renaissance et+, LR et le RN au sein de la CMP, dont ce n’est pas le rôle (une négociation partisane) avec pour objectif un accord à tout prix. Le régime des partis est de retour comme sous la IVe. Le « texte » en discussion dans sa dernière mouture, le « texte » comme on dit dans le jargon juridique désormais popularisé par les médias, ne semble rien régler ou si peu de la question de la maîtrise de l’immigration. Il ne comporte (en l’état) guère de mesure utile et concrète tournée vers l’efficacité du contrôle des frontières, combattre les filières esclavagistes en Méditerranée ou améliorer la mise en œuvre des OQTF désormais célèbres ou encore faciliter l’intégration des étrangers respectueux des lois sur l’entrée et le séjour et des principes de la France…

Aucune importance: pour la galerie, sauver la face, ce qu’il faut, c’est montrer qu’un accord entre les partis a été obtenu. Le pire de la Ve aussi, une Ve devenue folle. Toute notion de responsabilité a disparu: le pouvoir exécutif est comme inamovible et à l’abri de la sanction parlementaire quels que soient les échecs ou les catastrophes. Dérive des institutions, toujours: le président, en principe au-dessus de la mêlée, s’occupe de tout quotidiennement dans les moindres détails… De tout? Non! Car la dérive politique et institutionnelle aboutit à le priver des moyens d’assumer sa mission fondamentale de gardien de la bonne marche de l’Etat : « le président veille au bon fonctionnement des institutions (article 5) ». C’est pourquoi il dispose de l’arme de l’article 12 pour dissoudre l’Assemblée nationale quand elle n’a plus de majorité, en renvoyant les députés devant le peuple. Mais cela est désormais quasi-exclu: trop risqué, trop dangereux pour la suite de son mandat compte tenu de la quasi impossibilité, au regard de l’état du paysage politique, de reconstituer une majorité présidentielle. Comme je vous dis, le pire de la IVe et le pire de la Ve. Mais le pire de tout, le pire encore, c’est la banalisation, l’indifférence, l’aveuglement: le pire, c’est que personne dans le monde politico-médiatique, ne semble avoir conscience de cet incroyable marasme et de la nécessité de repenser dans les profondeurs un régime politique devenu fou (institutions et pratique du régime).

Cet article a été publié initialement sur le site de Maxime Tandonnet : cliquez ICI

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