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Le père Noël, les roses et les choux... pourquoi les adultes ne devraient pas mentir aux enfants
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Bonnes feuilles

La famille, un cocon rassurant et chaleureux, vraiment ? Dominique Devedeux redonne la parole aux enfants et révèle ce qui se cache derrière le fantasme d'égalité, de partage et d'harmonie. Extrait de "La famille, une sacrée illusion !" (1/2).

Dominique  Devedeux

Dominique Devedeux

Dominique Devedeux est psychanalyste.
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Dès le début, on ment aux enfants. En fait, leur avis sur l’arrivée d’un autre adorable bébé ne pèse rien dans la balance. Le premier né découvre vite par lui-même que ce nourrisson vagissant n’est pas prêt d’être le compagnon de jeu promis. La tendre vie de l’aîné se transforme en tourments, vaines attentes et déceptions, parce que désormais la vie familiale ne palpite plus qu’au rythme imposé par le nouveau-né. Les tendresses maternelles, les émerveillements ne sont plus destinés qu’à lui, les regards émus tournés vers lui.

Sans le savoir, il est devenu un concurrent, un rival pour son aîné qui croyait, espérait, qu’il n’y avait que lui, qu’il n’y aurait que lui. Il imaginait que la vie de ses parents avait commencé avec lui, incapable de concevoir l’immensité de temps écoulé, envolé, que ses parents ont traversé avant lui, ni tous les bouleversements qui ont précédé sa naissance. Il n’a aucune idée non plus de la révolution psychique qu’elle a générée pour chacun de ces deux étrangers devenus un couple. Les chapitres de l’histoire familiale écrits avant lui, sans lui, laisseront néanmoins des traces indélébiles. Ils raconteront obscurément ce qui n’est pas dit, ce qui ne se dit pas, tous les secrets les mieux gardés par ces inconnus pourtant liés les uns aux autres qui forment la tribu au sein de laquelle chaque enfant va tenter de trouver sa place, de s’imposer, et de s’épanouir. Un jour, il peut être amené à se demander quelle femme était sa mère avant sa naissance, au moment de sa naissance, de quelle façon son arrivée a transformé sa vie… et celle de son père, et celle du couple… Un jour, il découvrira que ses parents dont il croyait tout connaître ont eu une vie avant lui, dont il ne sait pas grand chose, puis une autre vie depuis sa naissance, dont il ignore beaucoup. Ils ne sont pas ceux qu’il croyait.

(...)

Mais est-ce mentir aux enfants que de leur faire croire au Père Noël ? Certains répondront : « Mensonge ? Mais pas du tout ! C’est leur faire croire à une jolie histoire, magique, c’est leur offrir une part de rêve ! » Mais c’est un rêve trompeur. La réalité ne peut-elle pas être simple, et belle quand même ? Ne peut-on pas dire : « Parce que je t’aime, et j’ai envie de te faire plaisir, je t’offre de jolis cadeaux que tu trouveras sous le sapin, ou dans la cheminée ? » Comme si la vérité ne pouvait pas rendre les enfants heureux… à deux ans déjà, ils savent bien dire : « Veux ci, nan veux pas ça ! » Attention, un jour, les enfants pourraient se méfier : « Ils m’ont menti pour le Père Noël, ils peuvent bien me mentir pour un tas d’autres choses ! »

On leur ment aussi pour les choux et les roses. Pourtant, n'est-ce pas magnifique, époustouflant, magique, un bébé qui se forme et grandit dans le ventre de sa mère ? La nature n’a rien fait de plus accompli et merveilleux. En quoi est-ce plus joli de naître dans un légume ou une fleur ?

Les adultes se justifient, se réfugient mauvaises raisons. Ils prétextent que c’est pour donner du rêve aux enfants, et les protéger. Alors qu’en réalité, ils se protègent eux-mêmes contre la réalité, cherchent à nouveau à rêver, redeviennent des enfants candides juste un soir, et peut-être couvent-ils le désir de garder leurs enfants petits, afin de les empêcher de grandir trop vite, de leur point de vue d’adulte.

Préjugé ? Bien-sûr, c’est rassurant les idées reçues, on fait comme tout le monde sans se poser de questions, on se fond dans la masse. On est dans le troupeau !

Regrets ? Probable, parce qu’on ne croit plus en grand chose. Alors, à cette occasion, on se glisse à nouveau dans la peau de l’enfant crédule que nous regrettons parfois de ne plus être…

Revanche ? Possible, eux aussi ont été bernés, trahis par leurs parents à qui ils accordaient une totale confiance. Je te fais ce qu'on m'a fait ! Ainsi se perpétuent les traditions ! Les bonnes et les mauvaises.

Extrait de "La famille, une sacrée illusion !", Dominique Devedeux, (Michalon éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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