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Le Pen, Macron, Fillon : mais qui saura profiter du retour à une campagne ordinaire ?
©AFP

Retour au calme

Les candidats demandent tous à ce que la campagne revienne sur le terrain des programmes, et plus celui des attaques ad hominem et des affaires. Mais cela est parfois un voeu pieux pour certain à qui l'atmosphère actuelle semble parfaitement convenir.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Au moment où toutes les enquêtes d'opinion montrent qu'un tiers des Français sont prêts à voter pour Marine Le Pen, à J-42, la campagne pour la présidentielle va-t-elle prendre un cours "normal", avec bataille de chiffres et querelles autour de la faisabilité des propositions des uns et des autres ? Les candidats en rêvent, et tentent de dépasser les polémiques pour passer à l'offensive. Pas facile quand la campagne pour le référendum turc sur le sol européen, s'invite dans le débat avec la présence de dirigeants de ce pays venant faire campagne auprès des "Turcs de la diaspora", ou lorsqu'une caricature antisémite est diffusée par Twitter pour portraiturer un candidat, en l'occurrence Emmanuel Macron, ancien banquier. Le tweet a été retiré, le parti LR et François Fillon ont présenté des excuses, mais l'affaire a provoqué un véritable malaise. Dans une interview à La Croix le candidat d'En Marche réclame le "retour au respect civique". "On commence par faire siffler la presse dans ses réunions publiques et on finit par recourir à une imagerie antisémite pour fustiger l'adversaire. Tout cela contribue à l'avilissement de la vie publique. Les Français en ont assez et demandent de la hauteur et de l'exemplarité dans les comportements et les pratiques et de l'exemplarité dans les comportements et les pratiques", assène-t-il. Mais est-ce si sûr?

Et qu'en sera-t-il après la visite de François Fillon aux juges "en vue de mise en examen" mercredi ? Ou encore après le refus de Marine Le Pen de se rendre à la convocation judiciaire qui lui a été adressée ? Les électeurs sont-ils blasés,voire lassés ? En attendant le verdict des urnes le 23 avril prochain, les candidats sont à l'offensive... programmatique. François Fillon,dans le rôle de l'homme qui n'a plus rien à perdre, contre-attaque avec la présentation de son projet qui se résume ainsi : retour à la case "primaires"."La démagogie et le flou, ça suffit !" décrète-t-il. Finies les contorsions pour tenter de faire passer la pilule qui irrite les centristes...Dans Les Echos de ce lundi,il détaille (rappelle, pour ceux qui auraient oublié) les propositions qui avaient contribué à son succès en novembre dernier et dont la philosophie est "revenir à la situation d'avant les délires socialistes" avec la réduction du nombre de fonctionnaires (500.000 au cours de son mandat de cinq ans ), suppression des 35 heures et le passage de l'âge de la retraite à 65 ansd'ici la fin du mandat". Programme auquel il faut ajouter une hausse de la TVA (pas le taux intermédiaire ni les taux bas), une baisse de l'impôt sur les sociétés et une baisse des charges salariales. "Tout cela nécessite un effort qui n'est pas considérable" croit-il savoir.En échange de quoi, le chômage serait ramené à 7% et la croissance serait supérieure à 2%...Ce qui a immédiatement provoqué la réaction du président du groupe socialiste Olivier Faure,qui a twitté "C'est donc le même homme qui porte qui porte des costumes à 6.500 euros qui pense que les infirmières devraient travailler 39h payées 37"... Le candidat LR avait devancé la question : "Un ami m'a offert des costumes en février. Et alors ?" On verra bien.

En attendant il balaie l'éventualité d'un retour de la défiscalisation des heures sup, désormais adoptée par la Gauche et cogne contre Emmanuel Macron, devenu son principal adversaire, qui est selon lui "l'hologramme de François Hollande. En plus jeune. Son programme est attrape-tout, maintenant qu'il a abandonné toutes ses audaces sur la fin des 35 heures et la suppression de l'ISF. En réalité, il fait des promesses à tous les électeurs et ne changera rien à la situation du pays". Emmanuel Macron qui était l'invité de TF1 hier soir s'est défendu de vouloir "faire aujourd’hui des économies sur le dos des retraités ou de ceux qui vont partir en retraite". Le candidat d'En Marche ne veut pas "modifier l'âge de départ à la retraite pendant son quinquennat et estime qu'il faut dix ans (cela a été le cas en Suède) pour mettre en place le système de calcul des retraites par points et unifier tous les régimes afin que "chaque euro cotisé donne lieu aux mêmes droits". Pour le candidat d'En Marche la semaine qui s'ouvre est cruciale :elle doit lui permettre de consolider les intentions de vote en sa faveur.Aujourd'hui il est au coude à coude avec Marine Le Pen mais le nombre d'électeurs surs d'aller voter pour lui est moins important que ceux qui penchent en faveur de la candidate du FN. Il doit aussi gérer les ralliements de tous bords, mais surtout ceux de gauche, qui devraient s'accélérer dans les prochains jours. Celui du Ministre de la Défense Jean Yves le Drian qui devrait coïncider avec un discours sur les questions de Défense en fin de semaine, va lui permettre d'accroitre sa crédibilité dans un domaine avec lequel il est moins à l'aise qu'avec l'économie. De même que le fait de s'en remettre à une réponse européenne qui ne vient pas, pour traiter la venue de ministres turcs sur le sol européen pour leur campagne, laisse l'électeur sur sa fin. Emmanuel Macron n'a pas voulu s'aligner sur la droite qui fustige leur venue,ni sur la position du gouvernement qui explique qu' "en l'absence de menace avérée à l'ordre public, il n'y avait pas de raison d'interdire cette réunion qui, au demeurant, ne présentait aucune possibilité d'ingérence dans la vie politique française".

Un point commun entre Emmanuel Macron, François Fillon, Marine Le Pen, ils préconisent la baisse des charges (variable) pour les entreprises. Et François Fillon et Emmanuel Macron ont le même projet d'architecture gouvernementale : s'ils étaient élus, ils nommeraient chacun un gouvernement de quinze membres dont la mission première sera de faire élire un nombre suffisant de députés pour obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale, qui leur permettrait de mettre rapidement leur programme en route... Encore faut-il être élu...

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