Le nucléaire : une énergie verte pour réconcilier l’environnement et le patrimoine ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une vue d'une centrale nucléaire. La taxonomie verte est porteuse d'espoir sur les questions énergétiques et pour les défis de demain sur le plan environnemental.
Une vue d'une centrale nucléaire. La taxonomie verte est porteuse d'espoir sur les questions énergétiques et pour les défis de demain sur le plan environnemental.
©PATRICK HERTZOG / AFP

Taxonomie européenne

La décision de la Commission européenne de classer le nucléaire comme « énergie durable sur le plan environnemental » pourrait contribuer à sauver notre patrimoine.

Alexandra  Monet

Alexandra Monet

Alexandra Monet est analyste au Millénaire.

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Marion Pariset

Marion Pariset

Secrétaire générale du think-tank Le Millénaire, spécialisée en politiques publiques et portant un projet gaulliste et réformateur au service de la grandeur de la France

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Le 2 février dernier, la Commission européenne a rendu sa conclusion sur son projet de classer le nucléaire comme « énergie durable sur le plan environnemental », autrement dit comme énergie verte. Malgré les réticences, les Etats européens ont fini par adopter cette classification. Outre les conséquences environnementales et économiques à attendre de cette décision, ce classement pourrait contribuer à sauver notre patrimoine. 

Nucléaire ou éolien, des conséquences au-delà de l’environnement

La taxonomie verte, adoptée par les États membres de l’Union européenne en 2020, permet de classifier les différentes énergies en fonction de leurs émissions de CO2 et de leurs conséquences sur l’environnement. Le projet de classification du nucléaire n’est pas passé inaperçu et a soulevé de nombreux mouvements écologistes et anti-nucléaires à travers les 27 pays européens, malgré la liste de clauses auxquelles devra répondre l’industrie nucléaire afin de respecter sa classification comme « énergie durable ». 

Conséquence inattendue, cette classification pourra aider la sauvegarde et à la protection du patrimoine naturel, paysager et bâti. En effet, un des maux qui grignotent notre patrimoine est aujourd’hui le saupoudrage incontrôlé et démagogique des parcs éoliens en Europe et en France. 

Le gouvernement d’Emmanuel Macron a notamment prévu 6 500 éoliennes d’ici 2028 dans l’Hexagone, sans concertation avec les collectivités locales, les habitants et les professionnels du patrimoine bâti et naturel. Les zones protégées parce qu’empreinte d’une exception culturelle et/ou naturelle sont ainsi sacrifiées sur l’autel d’une politique amatrice, alors même que 86% des Français se disent attachés à leur patrimoine. 

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En France, les conflits sur l’implantation des éoliennes ne se tarissent plus entre les associations, soutenues par Stéphane Bern, et la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Après la montagne Sainte-Victoire aux portes d’Aix-en-Provence, la cathédrale d’Amiens… La polémique est aujourd’hui celle des Tours Vauban de Saint-Vaast-La-Hougue, menacées de déclassement au patrimoine mondial de l’UNESCO par l’implantation de 200 éoliennes en mer. Ce ne sont pas simplement ces tours, mais toute l’œuvre de Vauban qui est menacé de déclassement par l’organisme mondial. 

Alors oui, au lendemain de son investiture, Emmanuel Macron semblait rassurer les acteurs du patrimoine en missionnant Stéphane Bern pour trouver les fonds nécessaires à la sauvegarde et à la restauration du patrimoine. Mais après les belles paroles, les actes sont là : le gouvernement demande aujourd’hui aux collectivités locales d’établir une hiérarchisation de leur patrimoine afin de déclasser le « moins important » pour implanter des éoliennes. Alors que notre patrimoine souffre déjà… 

Après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris en avril 2019, professionnels, experts et étudiants avaient pourtant profité de l’engouement populaire et politique autour du chantier pour pointer du doigt l’abandon par l’État du patrimoine national. Si la France est le pays le plus visité au monde, ce n’est pas pour ses parcs éoliens mais pour la richesse de son patrimoine exceptionnel. Elle est d’ailleurs le 5e pays au monde comptant le plus de biens inscrits au patrimoine mondial, culturel et naturel de l’UNESCO ; et elle le restera si le gouvernement abandonne enfin les projets anarchiques de parcs éoliens. 

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Réconcilier protection de l’environnement et du patrimoine

Face à une croissance toujours plus importante, la nature et la culture, héritage commun à tous les pays européens, sont mis en danger. L’éolien nous place face à un choix cornélien : agir pour la protection environnementale ou préserver notre patrimoine. Pourtant, dans notre appréhension de la transmission, notre patrimoine naturel et notre patrimoine culturel ne devraient pas être renvoyés dos à dos quand les deux conjointement renvoient à l’essence même de l’Europe. 

Face à cette équation impossible, l’effet de mode de l’éolien, dont nous savons par ailleurs que le système n’est pas aussi « écologique » que prétendu, prévaut aujourd’hui sur les logiques de sauvegarde d’un patrimoine hasbeen. Qu’en diront nos enfants et nos petits-enfants lors qu’ils n’auront plus d’héritage ? 

La recherche d’énergies plus vertes, plus durables, moins polluantes doit se donner pour but de protéger non seulement notre environnement naturel mais également nos monuments, qui souffrent tout autant des dérèglements climatiques que la faune et la flore. Le saupoudrage de parcs éoliens de façon aléatoire, sans consentement des populations, n’est pas pour cela une solution. 

En cela, le classement du nucléaire en énergie durable est une bonne nouvelle : ce n’est que par l’amélioration du système nucléaire et la recherche de nouveaux systèmes énergétiques que nous pourrons répondre au double défi de sauvegarder notre environnement et notre société. 

Marion Pariset, Secrétaire générale du Millénaire, think-tank gaulliste spécialisé en politiques publiques 

Alexandra Monet, Directrice de la Communication du Millénaire

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