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Le naufrage des enfants gâtés du sarkozysme
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Tribune

L'état d'échec dans lequel se trouve la droite doit beaucoup aux trajectoires volatiles de ses barons, NKM et Guaino en incarnant les tendances les plus évidentes.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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La défaite de la droite, historique tant elle était inenvisageable après le quinquennat raté de François Hollande, désastreuse si l’on estime que la France a urgemment besoin de réformes en profondeur, n’est pas celle de ses idées. Les deux pays les plus puissants d’Europe, le Royaume Uni et l’Allemagne, sont gouvernés à droite et ne s’en plaignent pas. Elle est avant tout celle des hommes et des femmes qui depuis tant d’années se disent la droite, mais dont l’action se termine en mauvaise farce. 

Qu’il soit permis ici, par esprit d’équité, d’évoquer deux personnes emblématiques des deux grandes tendances de la droite : Henri Guaino, qui a enfourché le cheval du gaullisme social laissé sans cavalier depuis la disparition de Philippe Seguin ; Nathalie Kosciusko-Morizet, qui, bobo revendiquée, incarne la version centriste, post moderne de la droite. 

Disons-le tout net : il ne s’agit pas ici de traiter des personnes en elles-mêmes ! Le faire, et souligner les petitesses, les médiocrités de ces deux personnalités politiques, forcerait évidemment à traiter de leurs qualités, et chacun sait qu’ils en sont abondamment pourvus ! Il s’agit ici de tirer les leçons, au travers de ces deux personnages médiatiques et revendiqués comme tels, à tout seigneur tout honneur, de comportements et de postures qui expliquent l’échec piteux de la droite et, pire encore, nuisent à la recomposition que nous appelons de nos vœux. 

Première leçon : le tourisme politique n’est plus acceptable. Etre élu, jusqu’à ce qu’une dose de proportionnelle vienne le cas échéant nuancer cette nécessité, c’est avant tout, sans céder au mandat impératif, disposer d’un ancrage local, d’une connaissance aigue d’un territoire, de ses habitants. Qu’il s’agisse de l’Essonne pour Nathalie Kosciusko-Morizet, des Yvelines pour Henri Guaino, la fidélité au territoire et à sa population n’est pas le fort de trop d’élus stars. Les électeurs, à juste titre, le ressentent durement. 

Deuxième leçon : être en politique, c’est avoir une colonne vertébrale intellectuelle. A ce sujet, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui revendique quasi publiquement la plasticité de ses idées, ne se situe pas au même plan qu’Henri Guaino, qui se fait fort d’incarner une ligne politique claire : celle de la noblesse de la politique envers et contre tout. La réalité, hélas, est bien différente. Est-il permis de rappeler que Nathalie Kosciusko-Morizet, après avoir été tour à tour chiraquienne puis sarkozyste zelée, au point d’être le porte-parole de la campagne de 2012 qu’elle a si durement critiquée comme « buissonnienne », n’en finit plus d’incarner la droite qui s’excuse d’être la droite ? Henri Guaino, ardent défenseur de la vision gaullienne des institutions n’a-t-il pas été le conseiller spécial d’un président qui a décidé – c’était son choix – malgré le référendum de 2005 d’imposer le traité de Lisbonne aux français par la voie parlementaire ? N’a-t-il pas plaidé pour l’ouverture (notamment vis-à-vis d’Eric Besson), profondément contraire à la vision gaullienne des institutions, et refusé de choisir entre Marine le Pen et Emmanuel Macron ? 

Troisième leçon : les électeurs doivent toujours être respectés. Un tel truisme n’est certes pas des plus populaire à droite, alors que celle-ci fait montre de tant de mansuétude à l’égard de ceux qui rejoignent Emmanuel Macron, au mépris de leurs électeurs, déjà blessés par la perte d’une élection imperdable. Pourtant, à ce jeu, que dire d’un homme ou d’une femme politiques qui quittent le territoire où ils ont été élus sitôt qu’une éventuelle défaite se profile ? Fallait-il qu’Henri Guaino appelle à voter pour Rachida Dati en 2014 contre "la revanche" de la "bourgeoisie rabougrie » (sic). De même Nathalie Kosciusko-Morizet est-elle bien fondée à conserver l'investiture Les Républicains à la prochaine élection législative après avoir appelé à signer un appel à travailler avec Emmanuel Macron et après fait montre d’une ardeur puissante à être ministre du gouvernement Philippe ?

De tout ceci une conclusion émerge : comme le poisson qui pourrit par la tête, la droite souffre de la médiocrité insupportable de ses barons. Emmanuel Macron a su brusquer le renouvellement à gauche. Il est urgent que la droite se mette au diapason. 

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