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Le gouvernement veut davantage de transparence ? Qu'il commence par réduire le poids de l'Etat
©DR

Au régime !

Avec l'affaire Cahuzac, le gouvernement est soudainement pris d'une frénésie de transparence. Une promesse qu'il réalise malgré lui : cette bonne volonté avait été annoncée dès 2012, et jamais mise en œuvre. Chiche de l'étendre au reste de la fonction publique ?

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Depuis que l’affaire Cahuzac a éclaté, la recherche de la transparence est lancée ! On lave plus blanc que blanc. Cette course effrénée donne lieu à toutes les dérives habituelles des responsables politiques français : étatistes et hypocrites. La solution est pourtant simple : moins d’État et moins de fonctionnaires, ce serait moins d’occasion de corrompre !

Pourquoi le Gouvernement n’a-t-il pas fait de déclarations complètes en 2012 ?

L’hypocrisie, c’est celle de ces membres du Gouvernement qui se refont une virginité morale en prétendant publier l’intégralité de leur patrimoine. Cela provient peut être d’une intension louable de leur part, mais on ne comprend pas bien pourquoi ils ne l’ont pas fait … lorsque cela leur était demandé en juin 2012 !

A l’époque, Madame Duflot n’avait rien à déclarer, Madame Carlotti pas d’assurance vie et Monsieur Hollande aucune épargne liquide.  A leur décharge, le formulaire ne demandait pas énormément de détails et n’est que partiellement public… ce qui était d’ailleurs déjà en contradiction avec les promesses de François Hollande, qui avait juré de rendre "publiques des déclarations d’intérêts précises."

Cette multiplication de publications est d’autant plus étonnante qu’on peut douter de leur exhaustivité. Faut-il vraiment croire ces responsables politiques qui déclarent n’avoir aucun livret d’épargne ou uniquement des sommes modiques (pour leurs professions) ? Comment font-ils pour payer leurs impôts et leurs vacances s’ils ne mettent pas plus de 500 euros de côté ? A moins qu’ils n’aient tout transféré à leur(s) conjoint(e)s et enfant(s) avant de tout publier …

Les fonctionnaires sont aussi malhonnêtes que les avocats !

L’étatisme est au centre des pistes avancées jusqu’à maintenant par les responsables politiques socialistes. Leur solution aux conflits d’intérêts, ce serait d’interdire aux politiques d’avoir une activité privée par ailleurs. La mesure peut s’entendre, mais elle est tout à fait incomplète. Si l’on interdit à un avocat d’exercer ou à un médecin de pratiquer en parallèle de ses fonctions élues, alors il faut exiger des fonctionnaires qu’ils démissionnent de la fonction publique.

Les responsables socialistes alimentent l’idée qu’un avocat ou un médecin serait forcément prisonnier des intérêts de sa profession. C’est évidemment possible, mais probablement pas généralisable. On ne voit surtout pas pourquoi un élu-fonctionnaire ne serait, lui, pas plus prisonnier des corporatismes dans ses décisions ? Les fonctionnaires ont intérêt à faire croitre la taille de l’État et il serait humain qu’un député issu du ministère des Finances ait du mal à en baisser le budget, reconnaissant par là qu’une partie de son activité était inutile (il est vrai que ce genre de loi réduisant la dépense publique n’arrive jamais au Parlement… Hasard ? Le gouvernement est composé au deux tiers de fonctionnaires).

Autre argument, le PS met en avant le sens "du service public" ou de "l’intérêt général" : comme si les fonctionnaires en avaient le monopole ! Ils oublient que de nombreuses autres professions ont des codes moraux (avocats, médecins, les experts comptables, etc.). Il n’y a pas de raison qu’un fonctionnaire soit plus ou moins malhonnête qu’un avocat !

Moins d’État, c’est moins de corrompus !

Le problème de la France, comme toujours, c’est le poids de l’État et de ses méandres bureaucratiques. Plus l’administration est présente, plus il y a d’opportunités de corrompre. Si l’État se mêlait moins de réglementer les moindres faits et gestes de la société, s’il y avait moins de formulaires variés pour chaque activité en France, il y aurait moins d’autorisations à acheter et moins de conflits d’intérêts potentiels. La première des transparences, c’est celle de la société. Le premier choc moral à mettre en œuvre, c’est de faire reculer la pieuvre administrative !

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