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Le premier mariage gay français, célébré par Noël Mamère en 2004.
Le premier mariage gay français, célébré par Noël Mamère en 2004.
©Reuters

Gay friendly

Le rapport sur la "famille durable" publié la semaine passée repose la question des différentes conceptions de la famille. L'occasion pour Aurélien Véron, le président du Parti libéral démocrate, de revenir sur la nécessité, selon lui, de mettre en place un mariage pour les homosexuels.

Aurélien Véron

Aurélien Véron

Aurélien Véron est président du Parti Libéral Démocrate et auteur du livre Le grand contournement. Il plaide pour passer de l'Etat providence, qu'il juge ruineux et infantilisant, à une société de confiance bâtie sur l'autonomie des citoyens et la liberté. Un projet qui pourrait se concrétiser par un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions régaliennes ; une "flat tax", et l'ouverture des assurances sociales à la concurrence ; le recours systématique aux référendums ; une autonomie totale des écoles ; l'instauration d'un marché encadré du cannabis.

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« Et pourquoi pas les animaux ? ». La formule lapidaire (vite retirée) de la députée UMP Brigitte Barèges résume brutalement la position de l’UMP sur la question du mariage homosexuel. Malgré l’opinion favorable à l’ouverture du mariage aux couples homosexuels du jeune député Frank Riester, proche de Jean-François Copé, et de Roselyne Bachelot, le récent groupe de travail sur « la famille durable » a confirmé y être hostile. La France va donc rester l’un des derniers pays d’Europe à ne pas accorder ce droit aux personnes de même sexe. On voit pourtant mal en quoi l’idée de « famille durable » exclut les homosexuels, alors même qu’un certain nombre d’entre eux a des enfants.


Les Français sont favorables au mariage homosexuel

Et une fois de plus, la classe politique n’est pas en phase avec l’opinion publique. Fin 2009, un sondage BVA indiquait que de 64 % des questionnés étaient favorables au mariage entre personnes de même sexe (contre 48 % en 2000). Le même sondage révélait un taux de 57 % de personnes également favorables à accorder le droit à l’adoption aux couples homosexuels (contre 48 % en 2002). Ces questions ne sont pas pour autant simples à traiter. Malgré une majorité favorable, la question soulève encore un clivage fort. Plus pour longtemps, compte tenu de son très large soutien chez les jeunes.

Un point rassemble les Français, qu’ils se déclarent opposés ou favorables au mariage homosexuel : la famille. Or, le modèle familial a évolué et apparaît de moins en moins contradictoire avec l’homosexualité. La banalisation des familles recomposées nous a habitués à la diversité des configurations familiales. Avoir un enfant n’est plus non plus une priorité systématique pour nombre de couples. Lorsque Christian Vanneste parle de l’homosexualité comme une « menace pour la survie de l’humanité », il devrait plutôt s’inquiéter du comportement des occidentaux dont les priorités ont évolué avec l’amélioration des qualités de vie. Sa préoccupation devrait l’inciter à favoriser tous les désirs de former une famille stable et durable en vue d’avoir des enfants, fussent-ils ceux de couples homosexuels. Le PACS a réglé des aspects patrimoniaux et fiscaux importants, mais cette procédure se déroule au tribunal, sans la cérémonie du mariage civil. Certes, le PACS peut être amélioré. Mais pourquoi alors conserver deux procédures si elles doivent être quasi semblables ?


Sécuriser l’avenir des enfants de familles homoparentales

Plus sérieusement, il est triste de voir l’Etat rester insensible à la question de l’homoparentalité qui existe déjà de fait. Ce déni de réalité met en péril l’équilibre patrimonial et affectif d’enfants dont les parents de même sexe se séparent après des années de vie commune, l’un n’ayant actuellement aucun droit de visite sur l’enfant pourtant aimé et accompagné tout au long de l’enfance, parfois depuis la naissance.

Les estimations actuelles établissent le nombre d’enfants qui ont au moins un parent homosexuel entre 200 000 et 400 000, qu’ils soient nés de couples hétérosexuels préalables, adoptés, fruits d’une procréation artificielle ou par le biais d’un « porteur volontaire ». Il apparaît important d’encadrer ces situations pour protéger les droits des enfants, ainsi que ceux de leurs parents autant légitimes qu’adoptifs. L’Etat est censé protéger les droits de tous, pas d’exclure des minorités de son champ d’action.

Nombre de couples homosexuels construisent ensemble des parcours de vie sur de longues années, des décennies. Ces adultes ne méritent-ils pas le même respect des pouvoirs publics que les autres ? L’Etat s’étant approprié l’institution du mariage, devenue laïque, au nom de quoi peut-il encore la refuser à des couples qui partagent l’ambition de construire un foyer, d’avoir des enfants et de les faire grandir dans le respect de la république ?

Que l’Etat le veuille ou non, la société se construit d’abord par les choix des individus qui la composent, et pour lesquels la famille reste la clef de voûte de tout l’édifice social. Son rôle n’est pas de trier les bonnes pratiques en fonction des choix personnels de ses dirigeants, mais de suivre les pratiques sociales et de les encadrer pour en protéger les acteurs. Il est dommage que la droite prenne en otage les enfants de couples homoparentaux au nom d’un prétendu ordre social qui la dépasse largement.

[NB : cet article n'engage que son auteur. Pas le Parti libéral démocrate qu'il préside et qui n'a pas pris de position officielle sur ce sujet.]

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