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Édito : Pourquoi le gouvernement va rater la gestion du plan social d’Alcatel-Lucent
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

La façon dont le gouvernement réagit face au plan social d’Alcatel-Lucent montre qu’il n’a toujours rien compris des contraintes de l’économie mondiale et surtout qu'il n’a rien appris des affaires précédentes.

Dans l’affaire Arcelor-Mittal, à Florange, on pouvait penser que le président de la République et ses ministres s’étaient laissé aller à des promesses intenables parce que l’on était en campagne électorale. Lors de ces moments magiques, les candidats peuvent donc promettre tout et n’importe quoi. En l’occurrence on avait promis de sauver les hauts-fourneaux. Les promesses n’ont évidemment pas été tenues et pour cause, elles n’étaient économiquement pas viables. Le Président et son gouvernement y ont laissé quelques plumes et semé bien des frustrations. 

On pensait qu'il ne recommencerait pas. Et bien perdu. Alcatel-Lucent qui reste une très belle entreprise française de la nouvelle technologie, est confrontée à la concurrence mondiale. Et pour l’assumer elle doit concentrer ses efforts et ses moyens. Le dernier plan de restructuration porte sur 10.000 réductions de postes, attendues d’ici 2015, sur des effectifs mondiaux de 68.000. Le nombre de postes perdus en France avait été arrêté à 900 environ. Tout cela est la conséquence du déplacement des marchés vers l’est et les pays émergents, conjuguée aux évolutions technologiques.

Pour la direction d’Alcatel, ça n’a pas été une décision facile à prendre mais elle a été saluée par tous les observateurs et les analystes comme incontournable et courageuse pour atteindre enfin, des niveaux de compétitivité qui lui permettent de se développer. La bourse s’était d’ailleurs redressée ce qui permettait à l’entreprise d’espérer drainer des moyens financiers supplémentaires indispensables au financement de la recherche et du développement.

Lors des discussions qui ont eu lieu avec Bercy avant de rendre publique cette affaire, le gouvernement a jugé le caractère d’urgence de ce projet, l’a estimé cohérent. Mais pour des raisons politiques il a considéré qu'il n’était pas acceptable. Comprenne qui pourra. Le ministre du Redressement Productif est donc monté au créneau avec le président de la République pour refuser un tel plan social tant qu'il ne sera pas revu à la baisse. On aurait été en période électorale, on aurait pu penser qu'un candidat ne puisse pas accepter un tel plan… mais en période de gestion normale, après avoir reconnu le caractère responsable du projet, personne ne comprend.

Résultat, la direction d’Alcatel est déboussolée, la bourse sanctionne le discours gouvernemental en considérant qu’il affaiblit l’entreprise et l’empêche de rebondir. Ce qui n’est pas faux. Quoi qu’il dise, quoi qu'il fasse, Arnaud Montebourg n’empêchera pas plus le plan Alcatel, qu’il n’avait réussi à rallumer les hauts-fourneaux d’Arcelor. Mais ce qui est grave c’est qu’en s’opposant au plan, le gouvernement qui croit rendre service aux salariés, il affaiblit l’entreprise en la privant des moyens de s’adapter.

Le gouvernement ne fait pas son job au contraire. Le gouvernement ferait son job en créant un écosystème favorable à l’éclosion de jeunes pousses. Il faudra nécessairement abattre les vieux chênes pour laisser les jeunes grandir. Il faudrait plutôt que de scotcher des emplois condamnés, en préparer des nouveaux et surtout faciliter la mobilité, l’adaptation et la formation.

Bizarre quand même que ce gouvernement ne sache pas que les appareils économiques évoluent et qu'il faudrait faciliter ces évolutions. Au début du siècle, les syndicats de cochers partaient en guerre contre les constructeurs automobiles, les fabricants de bougies s’inquiétaient aussi des électriciens naissants. On a vu ce qu'il en était. La mondialisation est incontournable, il faut le savoir et le comprendre. Il faut la réguler. Le progrès technique est un facteur d’évolution inéluctable. Il faut le savoir et le comprendre, c’est le seul moyen de ne pas en avoir peur. Quant à la concurrence internationale c’est encore le meilleur moyen pour produire plus et moins chers, au bénéfice du plus grand nombre.

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