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Le fléau du suicide chez les Millennials
©Reuters

Génération Covid-19

Selon un rapport publié l'an dernier par le Stanford Center on Poverty and Inequality, des chercheurs ont constaté que le taux de mortalité des personnes âgées de 25 à 34 ans avait augmenté de plus de 20% depuis 2008. Les Millennials sont plus susceptibles de mourir prématurément de suicide ou d'overdose que les générations précédentes.

Michel Debout

Michel Debout

Michel Debout est professeur émérite de Médecine légale et de droit de la santé, et psychiatre, au CHU de Saint Étienne. 

Il est membre associé du CESE et membre de l'Observatoire national du suicide, spécialiste de la prévention du suicide et des eisques psycho-sociaux au travail. Il est auteur de nombreux ouvrages dont "Le traumatisme du chômage"  (editions de l'Atelier, 2015) et "Le Renouveau démocratique : placer la santé au cœur du projet politique" (éditions de l'Atelier, août 2018).

 

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Dans un rapport publié l'année dernière par le Stanford Center on Poverty and Inequality, Mark Duggan et Jackie Li ont constaté que le taux de mortalité des personnes âgées de 25 à 34 ans avait augmenté de plus de 20 % depuis 2008. Les principaux facteurs de cette augmentation ont été les suicides et les surdoses de drogue.

Pourquoi les Millennials, personnes nées entre 1981 et 1996, sont plus susceptibles de mourir prématurément de suicide ou d'overdose que les générations précédentes ?

Michel Debout : Ce Rapport très utile ne concerne que la population nord-américaine mais nous ne disposons pas d’études similaires en France. Les auteurs ont le grand mérite d’attirer notre attention sur la sur-exposition au risque suicidaire concernant les jeunes adultes, alors que nous portions plutôt notre regard sur les adultes d’âge moyen. Cette population  millennials a été marquée par des difficultés d’insertion sociale liées à l’augmentation de la précarité et du chômage , conséquences de la crise économique et financière de 2008. Les auteurs insistent aussi sur le facteur de protection face à ce risque que représente l’obtention d’un diplôme universitaire et donc d’une formation poussée. Il est souhaitable que nous menions prochainement des études similaires concernant les jeunes générations en France et en Europe.

Il est certain que la hausse des suicides s'inscrit dans un contexte plus large de désespoir : les taux de suicide sont en hausse toutes générations confondues. Au-delà de l'âge, quels sont les secteurs les plus touchés par les suicides (agriculture, etc.) et pourquoi ?

l’Observatoire National du Suicide vient de publier opportunément son 4ème Rapport qui a pour thème « Les liens du suicide avec le travail et le chômage». Pour ce qui est du travail,  on sait que les situations de travail dégradées liées par exemple à l’épuisement professionnel et au harcèlement moral fragilisent les salariés en aggravant des réactions anxio-dépressives. Les métiers de l’aide à la personne dans le champ médical et social, les métiers de l’éducation et ceux du maintien de l’ordre, sont particulièrement exposés au burn-out qui trouve souvent son origine dans l’injonction paradoxale de : « Faire vite et bien ».

Pour ce qui est de la précarité et du chômage, facteur d’augmentation du risque suicidaire connu depuis la crise de 1929  , tout laisse à craindre que la situation économique post-COVID 19 va entraîner un grand nombre de licenciements mais aussi de faillites car les professions commerciales, artisanales  et indépendantes , vont être elles aussi,  exposées à la multiplication de dépôts de bilans. Nous connaissons l’effet délétère de ces situations sur le bien-être psychologique et social de toutes celles et ceux qui les vivent au quotidien.

La réponse économique visant à défendre l’emploi doit être accompagnée par un plan de prévention du suicide et de l’ensemble des troubles psycho-sociaux,  pour éviter qu’une seconde crise sanitaire vienne s’ajouter à celle que nous venons de connaître du fait de la pandémie.

Comment lutter contre l'augmentation du nombre de suicides en France chez les Millennials ? 

la jeunesse risque d’être particulièrement impactée par la situation économique et sociale. On sait les risques anxieux dans le monde étudiant qui ne peuvent être qu’aggravés par l’incertitude des formations et des carrières pour les métiers du futur. 

Que vont devenir les décrocheurs ? Tous ceux qui ne trouveront pas les stages d’insertion ? 

Avant même la crise du COVID , la précarité sociale  et relationnelle de nombreux étudiantes et étudiants et plus généralement de jeunes  à la recherche d’emploi , était connue et dénoncée. 

L’auto-immolation d’un jeune étudiant devant le CROUS de LYON en novembre 2019 a marqué tous les esprits.

 Si nous ne voulons pas que les jeunes d’aujourd’hui se forment d’une manière virtuelle pour préparer un avenir numérique , il faut considérer comme prioritaire aujourd’hui la question de la santé et du bien-être des jeunes générations. 

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