Le droit au bonheur garanti par l’Etat ? Une abomination politique Made in Gauche radicale <!-- --> | Atlantico.fr
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Le député LFI François Ruffin à l'Assemblée nationale.
Le député LFI François Ruffin à l'Assemblée nationale.
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

La paresse et le reste

François Ruffin souhaite développer une véritable politique publique en matière de départ en vacances afin de lutter contre les inégalités sociales et pour défendre un droit au bonheur.

Drieu Godefridi

Drieu Godefridi est juriste (facultés Saint-Louis-Université de Louvain), philosophe (facultés Saint-Louis-Université de Louvain) et docteur en théorie du droit (Paris IV-Sorbonne).

 
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Atlantico : « 40% des Français ne partiront pas cet été. La gauche unie, avec la Nupes, et des solutions concrètes, pour défendre un droit élémentaire : celui des vacances, celui du bonheur », a déclaré François Ruffin. Est-ce vraiment du ressort de l’Etat que de garantir des vacances et du bonheur ? 

Drieu Godefridi : On reste épaté par l’effondrement du débat public français, cette « régression intellectuelle de la France » si justement diagnostiquée par le brillant et visionnaire Philippe Nemo. Droit au bonheur… et pourquoi pas le droit aux meufs, droit au kebab gratuit, droit à faire le tour de Manhattan en hélicoptère, le droit au papier toilette quadruple couche parfumée ? Bien sûr, on pourrait tenter de rappeler humblement la différence entre un droit, au sens juridique, et un programme politique. Mais face aux hurleurs de la France insoumise, à quoi bon ? Leur démarche est de pur marketing. Ces catégories intellectuelles, leur distinction cartésienne scrupuleuse, qui conditionne la santé et la vigueur réelle du débat public, peu leur chaut.

Quels sont les risques d’un bonheur « garanti » par l’Etat ?

Il n’y a aucun risque car cela ne risque pas d’arriver. L’État est censé garantir la sûreté des personnes et des biens. Un bref regard sur les dernières actualités françaises atteste de ses réussites brillantes dans son « core-business », son métier de base. Le droit au bonheur et au papier multicouche sera, au mieux, le prétexte de nouveaux prélèvements fiscaux, sans « augmenter » (sic) le bonheur d’un seul Français.

A quel point la logique derrière cela est-elle liberticide et non émancipatrice ?

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La logique qui préside à ce type d’envolée idiotico-lyrique est surtout purement matérialiste, comme si le bonheur était une simple question matérielle. +200 euros = bonheur, +500 = béatitude, ajouter un sac Louis Vuitton vous ouvre le nirvana. Qu’à l’inverse, on vous retire trois jours de vacances et ce sera la dépression, la tentation du suicide, inévitablement l’émeute. Comme je l’ai démontré dans mon essai sur la civilisation socialiste, le seul véritable matérialisme dans l’histoire des idées, au sens primaire et naïf de l’expression, est le socialisme sous toutes ses formes, qui dissout toute considération dans de sordides calculs barémiques.

Où trouver les racines idéologiques de ce genre de pensée ?

Dans le socialisme du dix-neuvième siècle qui, prêchant l’amélioration des conditions matérielles d’existence, finit par s’obnubiler d’argent et réduire le monde à la monnaie. « Partout où la bourgeoisie a conquis le pouvoir, elle a foulé au pied les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l'homme féodal à ses « supérieurs naturels », elle les a brisés sans pitié, pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du « paiement au comptant ». Elle a noyé les frissons glacés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste ». Célèbre diagnostic marxien, qui n’est pas sans vérité. Pour autant, le capitalisme n’a jamais prétendu brûler les valeurs qui lui sont étrangères, et les religions. Seul le marxisme s’y est essayé. La France insoumise n’en est que l’ultime et clownesque avatar.

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