Le digital crée beaucoup d’emplois bien payés, mais de plus en plus stressants<!-- --> | Atlantico.fr
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Les employés du secteur des nouvelles technologies sont soumis à un stress important.
Les employés du secteur des nouvelles technologies sont soumis à un stress important.
©JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Atlantico Business

La tech a beau être attractive et payer bien ses salariés, le secteur bouge tellement vite qu’il entraîne beaucoup de reconversions précoces et alimente un stress qui pourrait pousser un tiers des pros du digital à changer de métier.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le salon Vivatech, qui se clôture ce samedi 19 juin, aura été le premier grand événement professionnel à renaitre en présentiel post-Covid. Ce forum d’entrepreneurs du digital a encore pris plus d’ampleur avec la forte digitalisation de ces derniers mois. Il sert de vitrine à tout un secteur d’activités, en faisant intervenir patrons prestigieux internationaux (Google, Apple) ou stars montantes de la French tech (Doctolib, Deezer, Blablacar etc…), sans parler du président français qui prêche leur cause et défend leurs intérêts. Mais paradoxalement, en dépit des performances de croissance, c’est un secteur où les salariés se sentent parfois mal à l’aise, parce que les conditions de travail ne sont pas sereines et l’avenir n’est pas forcement sécurisé.

C’est ce que révèle une enquête menée par Toucantoco, plateforme de visualisation et d’analyse de données, en faisant trois constats.

D’abord, le secteur de la tech est en constante évolution. Evolution parce qu’il y a sans cesse des innovations, qui entraînent des mutations profondes. Sur le web, tout va très vite. Il en est de même pour les compétences des professionnels qui y travaillent. La digitalisation de certaines fonctions de l’entreprise, encore plus avec le télétravail, engendre un changement d’organisation et donc demande d’autres compétences. Les technologies, les logiciels et les outils sont spécifiques, les compétences associées aussi.

Pour 62% des travailleurs interrogés, la maîtrise de ces outils spécifiques est très importante pour leur employabilité, et donc déterminante pour leur avenir. Or, ils sont plus nombreux encore (70%) à penser que ces compétences vont devenir obsolètes au bout de quelques années.

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Deuxième point : les outils technologiques exigent une formation quasi-permanente des salariés, ce qui entraîne des incertitudes et provoque des dilemmes. Pour rester « dans le coup » ou à la pointe des innovations, la seule solution qui s’impose assez naturellement pour faire face à cette obsolescence des compétences est de former les salariés. Trois quarts des professionnels estiment ainsi que des formations régulières sont importantes pour maintenir leur employabilité. Un coût pour les entreprises, mais c’est aussi une cause de désagrément pour les salariés, puisque 44% des répondants du panel estiment que ce besoin constant de formation est source de stress.

Conséquence : le turnover des salariés du digital est très important et le taux de reconversion aussi. 41% d’entre eux songent à changer de métier ou de secteur à l’avenir pour cette raison. A long terme, d’ici 5 ans, c’est plus des 3/4 qui envisagent leur futur professionnel dans ce secteur d’activité.

Troisième constat, en ce qui concerne les data, les salariés reconnaissent manquer d’outils pour gérer la quantité de données disponibles. Les données sont au cœur des enjeux pour la grande majorité des professionnels de la tech. Ainsi, 84% s’en servent au cœur de leur métier. Ils la récoltent, l'interprètent, l’exploitent dans plus de 50% des cas. Mais on remarque que les moyens, humains comme matériels, mis à disposition ont finalement du mal à s’aligner avec la quantité de données disponibles. Un salarié sur deux (50%) estime ne pas disposer d’outils assez simples pour gérer la data, et plus de la moitié (56%) n’ont pas accès à des outils rendant cette data suffisamment intelligible, ce qui revient à la sous-exploiter.

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L’offre d’emploi dans le secteur reste tout de même plus élevée que la demande et les déséquilibres, qui ont longtemps poussé à la hausse les salaires, persistent. La crise a, certes, ralenti l’inflation des salaires, mais elle ne l’a pas stoppée et les rémunérations restent attractives.

Avec des différences selon l’âge ou la région : le salaire proposé est moins important pour les jeunes diplômés, mais pour les profils à compétence spécifique, il peut s’envoler assez rapidement. Et malgré le développement du télétravail, les salariés parisiens ont profité d’une augmentation quand ceux des provinces ont légèrement reflué.

Un salaire confortable qui bénéficie d’augmentations régulières ou spectaculaires est une source de bienfaits, évidemment... Mais c’est aussi une source de stress, pourquoi ? Parce que s’il correspond à la compétence du salarié, ce qui justifie sa légitimité, il correspond aussi à la réalité du marché. Or ce marché dépend d’un tas de facteurs que le salarié ne maîtrise pas toujours . D’où l’incertitude, le risque et par conséquent le stress. Ceci étant, le salaire dans le digital, comme dans tous les métiers en tensions, rémunère aussi cette prise de risque.

Méthodologie menée par Toucantoco : enquête réalisée du 6 avril au 5 mai 2021 auprès d’un panel de 623 professionnels du marketing, de la communication, de la gestion de projet, du développement, du design ou encore de l’acquisition.

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