Le Covid a encore aggravé le stress des Français au travail, mais ils n’osent pas en parler. Pas même à leurs managers... <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Atlantico business
Le Covid a encore aggravé le stress des Français au travail, mais ils n’osent pas en parler. Pas même à leurs managers...
©THOMAS SAMSON / AFP

Atlantico Business

En risque de dépression, la moitié des Français continuent de travailler mais n’osent pas parler de leur stress à leur chef. Le climat désespérant va devenir le problème numéro 1 des entreprises.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Le mal est d’autant plus profond que très peu de Français au travail osent parler de ce mal qui les ronge notamment en début d’année mais le Covid a encore accru le risque de dépression.

Généralement, le deuxième lundi de janvier ouvre la semaine la plus déprimante de l’année parce qu’elle suit les fêtes, les vacances d’hivers, la période est occupée par les vœux, ce qui n’est jamais drôle, d’autant que la météo est assez pauvre en vitamine D, le froid et la pluie occupent le terrain et brouille encore plus la tête. Les soldes ne permettent même pas d’empêcher le moral de déraper. Du coup, toutes les entreprises notent une baisse de la productivité et une montée de l’absentéisme, encore qu’avec le télétravail, l’absentéisme est plus difficile à mesurer.

Le Blue Monday (le 18 janvier) qui a ouvert cette semaine noire a encore été plus glauque cette année que les années précédentes parce que le mal-être a été accentué par ces derniers mois éprouvants suite à la crise du Covid-19.

Le constat est clair : les salariés français ont du mal à parler de leurs angoisses, de leur stress, de leur peur et de leurs difficultés. Ils sont découragés, désoles et désabusés. C’est le principal résultat d’une étude menée auprès de plus de 32400 salariés dont 1916 Français par ADP (Automatic Data Processing), géant mondial des solutions en gestion du capital humain. L’étude Workforce View in Europe révèle les problèmes de stigmatisation entourant la question du stress au travail, qui persistent encore dans de nombreuses entreprises.

En France notamment, 29 % des salariés pourraient en discuter avec des amis ou des collègues proches. Mais Seuls 15 % déclarent qu’ils oseraient évoquer un problème de santé ou une préoccupation liée à leur bien-être avec leur responsable hiérarchique ou leur manager, et à peine 9 % à en informer les RH.

A noter qu’ils sont un quart à ne pas se sentir suffisamment à l’aise pour l’évoquer dans un cadre professionnel. Ces résultats indiquent que de nombreuses organisations n’ont pas mis en place un environnement ou des outils adaptés pour libérer la parole de leurs salariés et leur permettre de bénéficier d’un accompagnement adapté pour faire face aux enjeux du bien-être au travail. C’est particulièrement inquiétant alors que près de la moitié des salariés sont appelés durablement à pratiquer le télétravail qui accroît le sentiment d’isolement et la solitude.

L’étude montre par ailleurs que les jeunes générations seraient apparemment plus à l’aise que leurs aînés à l’idée d’évoquer leurs difficultés. Parmi les personnes âgées de 18 à 34 ans en Europe, 82 % se disent prêtes à soulever un problème de bien-être au travail s’il se présentait, contre 69 % des plus de 55 ans.

Le Covid-19 et les craintes qu’elle engendre sont des principaux vecteurs de stress et de dépression. Les efforts actuels pour contenir la pandémie du coronavirus dans de nombreux pays ont sans doute aggravé les problèmes de stress constatés dans l'étude. En effet, les inquiétudes des salariés concernant la sécurité de leur emploi s'accroissent, et certains d’entre eux souffrent d'une surcharge de travail et d'un manque de moyens. Facteur aggravant, le stress sur le lieu de travail est un problème récurrent, notamment en Europe. Près de deux tiers des salariés (66 %) se sentent stressés au travail au moins une fois par semaine ; alors que seulement un sur dix (10 %) affirme ne jamais l'être. Cette situation explique l’absence des syndicats dans le débat. Les syndicats ont été forme à régler les problèmes matériels (salaires, horaires et conditions de travail) mais ils se sont assez peu révélés capables d’apporter des solutions propres à soulager le stress dû au Covid-19

Paradoxalement, les Français préféreraient pourtant travailler plus. Bien que le Blue Monday et cette semaine noire, soit synonyme de déprime, ce n’est pas pour autant que les Français souhaitent moins travailler : plus d’un tiers d’entre eux (34 %) opterait pour plus d'heures ou de jours de travail par semaine pour un salaire plus élevé. C’est le taux le plus élevé parmi les 8 pays européens, et le deuxième au niveau mondial (juste derrière la Chine à 35 %). Comme si le travail apportait un moyen de soulager le stress.

Pour Carlos Fontelas De Carvalho, président d’ADP en France et en Suisse, la période qui s’ouvre offre aux entreprises l’opportunité de prendre en charge cette gestion du stress : « Malgré plusieurs tentatives d’employeurs de s'attaquer au tabou du stress au travail, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Les équipes RH ont un rôle majeur à jouer pour lever les obstacles afin que les salariés se sentent suffisamment soutenus pour oser parler de leurs problèmes. La crise du Covid-19 a déjà intensifié les risques psychosociaux avec des salariés qui ont dû pratiquer le télétravail en continu pendant de longs mois, qui ont pu être mis en activité partielle et ont fait face à des changements rapides et parfois déstabilisants ». Pour aller plus loin, Workforce View in Europe...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !