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Au séminaire CLSA à Hong Kong au Grand Hyatt Hotel, l'ambiance était morose parmi les 1 500 investisseurs car l’industrie de la gestion est sous pression.
Au séminaire CLSA à Hong Kong au Grand Hyatt Hotel, l'ambiance était morose parmi les 1 500 investisseurs car l’industrie de la gestion est sous pression.
©Reuters

Revue d'analyses (financières)

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Les intervenants qui se sont exprimés la semaine dernière dans le cadre du séminaire CLSA à Hong Kong au Grand Hyatt Hotel, n’ont pas délivrés un message très optimiste sur le long terme. L’ambiance était plutôt morose parmi les 1 500 investisseurs qui étaient présents à la conférence, car l’industrie de la gestion est sous pression et beaucoup de gérants ont raté le mouvement de reprise de l’été... !

Le pessimisme des intervenants de CLSA

Chris Wood stratégiste de CLSA, pense que la hausse des marchés provoquée par les banques centrales va se terminer en feu d’artifice. L’Occident est confronté à la déflation et à la poursuite de la réduction de son endettement. Pour lui, il est très inquiétant que les créances de la Bundesbank sur les banques centrales de la zone euro ne cessent de progresser à 727 milliards d’euros à la fin du mois de juillet. Il reste encore prudent sur les marchés émergents, qui ont sous-performés le S&P 500 de 30% depuis octobre 2010. Dans l’allocation de son portefeuille Asie ex-Japon, ses trois premières positions sont la Chine (18,9%), la Corée (14%) et ensuite l’Inde (8%), l’Australie (8%), la Malaisie (8%), Taiwan (8%) et Thaïlande (8%). Dans son allocation pour les fonds de pension en dollar US, il recommande toujours à ses clients d’avoir 35% d’or dans leur portefeuille.

Marc Faber, le très médiatique patron de « Gloom Boom and Doom » a expliqué comment la Fed finira par détruire le monde. Il est fréquent de dire que c’est la faillite du libre marché qui a provoqué la crise de 2008, alors qu’elle n’est selon lui que le résultat de 20 ans d’interventions constantes des banquiers centraux et notamment de la Fed.  La politique monétaire a été menée uniquement pour soutenir la consommation au lieu de créer des capacités de production, d’où la hausse du déficit commercial américain. En revanche, elle a permis de créer des capacités de production en Asie… L’allocation d’actif qu’il recommande, comprend tout de même 25% d’actions. Il a réduit un peu sa position en action américaines et a racheté des actions européennes. Sur le moyen long terme, il préfère tout de même les actions asiatiques ; 25% de liquidités et d’obligations (corporate bonds,  marchés émergents, Kazakstan etc …) mais surtout pas d’obligations des pays qui ne rembourseront pas leurs dettes ; 25% en or ; 25% en immobilier… La Thaïlande fait partie des marchés asiatiques sur lesquels Marc Faber a en ce moment un avis positif. Le pays a une croissance régulière et va surtout bénéficier du décollage de la Birmanie ainsi que de l’accélération de la croissance au Laos, Vietnam et Cambodge…

David Roche, Président de Independant Strategy a commenté devant les participants de la conférence son dernier livre « Democrisis. La démocratie a créé la crise de la dette. Est- ce qu’elle y survivra ? ». Dans la série de graphiques qu’il a montré dans sa présentation « Crisis4 » il a chiffré très précisément le coût d’une explosion partielle ou totale de l’euro…

Russell Napier, stratégiste indépendant, qui venait d’Edimbourg pour le séminaire CLSA, s’attend à un choc déflationniste, car les balances des paiements courants des pays émergents sont en train de se détériorer rapidement. Le meilleur investissement pour lui en ce moment, c’est d’avoir des liquidités. Tout l’Ouest vit dans un monde de « monnaie de singe »,  ce qui n’est pas le cas des pays émergents, mais le grand changement vient du fait que maintenant leurs balances des capitaux se détériorent,  notamment en Chine. En ce qui concerne l’immobilier, il a montré qu’au prix d’un appartement à Shangai on pouvait en acheter trois en Floride…

Carmen Reinhart professeur à Harvard, épouse de Ken Rogoff avec qui elle a écrit « Cette fois ci c’est différent : panorama de huit siècles de crises financières » nous a prévenus que nous étions partis pour dix ans de croissance molle et qu’il fallait se préparer pour la répression financière c’est-à-dire de la captation par l’Etat de l’épargne des ménages. Elle pense que la classe d’actif la plus surévaluée du monde est celle des fonds de pension qui selon elle, ne pourront pas servir les retraites qu’ils ont promises à leurs pensionnés.

Nigel Farage, le leader du Parti Indépendant en Grande Bretagne, a comme d’habitude rencontré un grand succès à Hong Kong en défendant ses théories eurosceptiques. Il faut absolument regarder sur Youtube ses interventions à Bruxelles.

Yuanping Han de CLSAfait part de ses inquiétudes sur le marché chinois car les signes que l’on peut identifier sur le terrain sont contrastés : les sociétés chinoises sont confrontées à un ralentissement, mais il ne s’accélère pas. En revanche, des sociétés occidentales, dont l’Occitane qui a fait une présentation à Hong Kong devant une centaine gérants a donné des signes positifs sur le développement de ses affaires.

L’or est la devise du chaos

Pour James Rickard auteur de « Currency wars. The making of the next global crisis ». Il est convaincu que la politique des banques centrales sera particulièrement inefficace car la vélocité de la circulation monétaire baisse. Pour lui le système monétaire international va connaître une nouvelle réforme après celles de 1925, 1944, 1979. L’instabilité en Europe, le chaos fiscal aux Etats-Unis et la probabilité d’un très fort ralentissement économique en Chine, tous les ingrédients sont là pour y arriver.

Selon Warwick Simons de GaveKal à Hong Kong, la Fed détient maintenant 50% de l’encours de la dette du Trésor à plus de 5 ans et 15% des « Mortgage Backed Securities » (crédit hypothécaire). Les opérations envisagées par la Fed en quantité illimitée n’auront que peu d’effet sur l’emploi et augmentent considérablement les risques d’explosion du système.

La fin du film risque d’être triste…mais il faut continuer de danser

On connaît donc la fin du film, mais entre temps, l’impression de monnaie sans limite, par les banques centrales devrait continuer à faire monter les classes d’actifs et en particulier les actions. Chuck Prince ex patron de Citinous disait bien en 2007 « Tant que la musique joue il faut se lever et continuer de danser ». C’est probablement pourquoi les commentaires des stratégistes des grandes maisons de courtage anglo-saxonnes sont plus optimistes.

Savita Subramanian de BOA MLvoit le S&P monter encore de 10% d’ici la fin de l’année pour atteindre 1 600. Tobias Levkovich de Citi, a de son côté 1 615 pour objectif. Thomas Lee de JP Morgan a un objectif plus modeste à 1 475. Andrew Garthwaite de Credit Suisse est convaincu que la synchronisation d’opérations QE par toutes les banques centrales ne peut que faire monter les marchés.

L’Italie fait partie des marchés européens qui ont la faveur de Patrick Legland, stratégiste de la Société Générale. Il note que le pays a maintenant un excédent primaire (solde avant paiement du service de la dette), ce qui n’est pas le cas de la France et qu’il a entrepris des réformes structurelles largement inspirées de la commission Attali dont Mario Monti était membre…

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