Le 13e arrondissement de Paris est communément appelé « quartier chinois ». Pourquoi d'autres quartiers sont-ils désignés comme étant des « quartiers populaires » ?<!-- --> | Atlantico.fr
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quartier chinois 13eme arrondissement Paris
quartier chinois 13eme arrondissement Paris
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le poids des mots

La réponse se trouve dans tous les manuels de bien-pensance.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Ça s'est passé aux Sorbiers. Un garçon de 16 ans a été tué lors d'une fusillade et quatre autres ont été blessés. Précisons à l'intention des tenants de la fachosphère, nombreux à pulluler ici, que les Sorbiers sont un quartier français d’une ville française nommée Bordeaux. Il s'agit, nous dit-on, d'un « quartier populaire ».

« Populaire » venant de « peuple », on devrait donc en déduire que les Sorbiers sont habités par le peuple. Les autorités locales précisent que « l'origine de la fusillade est indéterminée ».

Nous avons notre idée sur la question. Car nous savons que le peuple est prompt à s’enflammer. Il y a sans doute eu aux Sorbiers une querelle intellectuelle entre les tenants de Jean-Paul Sartre et ceux de Raymond Aron. Ou une âpre dispute qui a vu se confronter deux groupes rivaux sur un point litigieux de la phénoménologie de Hegel.

Le quartier chinois de Paris est populaire dans le vrai sens de ce terme. Et ceux qui y habitent ne se sentent nullement stigmatisés quand on les traite de Chinois. Il y a là-bas des milliers de petites gens qui triment sur les machines à coudre, devant les ordinateurs, dans les restaurants et les magasins. Mais leur quartier n'est pas un « quartier populaire ».

Ce terme est réservé à d'autres quartiers où bouillonne une jeunesse vibrionnante et fougueuse. Un jour, je suis allé dîner dans un restaurant chinois du 13e arrondissement tenu par un vieux couple. L'homme était aux fourneaux. La femme servait dans la salle.

A la caisse, il y avait un jeune homme d'une vingtaine d'années. Il lisait et s'arrêtait de lire dès qu'un client se présentait. Quand vint mon tour de payer, je lui demandai ce qu'il lisait. « Mes cours de Sciences Po », me répondit-il. Il ajouta : « dans la journée, je suis Rue Saint-Guillaume et le soir je viens aider mes parents que je remercie de m'avoir permis de faire des études ».

Je serais curieux de savoir combien il y a d'étudiants de Sciences Po qui aident leurs parents le soir dans les kebabs des « quartiers populaires » ?

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