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La vérité de Raymond Domenech
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Confessions

On attendait des explications, on en aura. C'est du moins la promesse du livre de Raymond Domenech, ancien entraîneur de l'équipe de France de football sorti le 21 novembre. Intitulé "Tout seul", l'ouvrage revient sans détour ni langue de bois sur ses six années à la tête des Bleus.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Après avoir lu les « bonnes feuilles » disponibles sur le net, on peut penser que le titre de ce livre aurait pu être «Règlements de comptes à OK Knysna » ou encore « Raymond et les branquignols » selon que vous soyez amateurs de westerns ou de films comiques. Le titre est cependant plus sobre : « Tout seul », son auteur étant celui qui dirigea l’équipe de France de football de 2004 à 2010, vous aurez reconnu Raymond Domenech.

Les passages à la moulinette de ses anciens protégés sont légion, à commencer celui par qui le scandale est arrivé lors de la coupe du monde 2010 : Nicolas Anelka, qualifié de « dilettante (…) ne faisant rien pour les autres ». On apprend d’ailleurs ce qui s’est passé dans le vestiaire à ce moment là, la phrase relatée en Une de « l’Equipe » (Va te faire e…., sale f…de p…) n’étant pas celle relatée par Domenech qui dit que le propos exact fût : « E….., t'as qu'à la faire tout seul ton équipe de m….! J'arrête, moi... ». Le plus surprenant dans cet avatar est que ce n’est pas le terme utilisé par Anelka qui a le plus gêné Domenech  puisque celui-ci croit bon d’ajouter : « Bizarrement, j'ai été moins choqué par l'insulte que par le tutoiement qui cassait une barrière, celle des fonctions, des âges, de la hiérarchie.»

Raymond Domenech a dans ce cas raison, le vouvoiement étant de rigueur quand on traite son patron de cette manière.

Ribéry n’est pas non plus épargné : « Il est semblable à Anelka et Henry : tout tourne autour de leur nombril. Lorsque ça coince, ils sont les premiers à quitter le navire. (...) Un joueur cadre de 2008 m'avait prévenu à son sujet et moi, je lui ai confié les clés. Quel con je suis...».

Pas plus que Malouda : « Il fait la gueule parce qu'il refuse de jouer milieu défensif. (...) Ses états d'âme perturbent la mise en place tactique. (...) Il fait la gueule à chaque fois que je lui donne un conseil. (...) Il en est même arrivé à tacler Valbuena et Diaby sans raison, juste parce qu'il venait de perdre le ballon. En fait, il ne supporte pas de ne pas être le leader de l'attaque. Il veut être numéro 10, un point c'est tout. »

Finalement, celui pour qui Domenech a le plus d’empathie dans cette coupe du Monde de sinistre mémoire est Yoann Gourcuff. Extraits : «J'ai envie de lui mettre des gifles, avec son air de garçon candide, de pauvre petit malheureux à qui on veut du mal. Réveille-toi Yoann ! (...) Il est dans son monde de Bisounours. (...) Le 9 juin, il boude à l'entraînement parce que c'est dans sa nature et qu'il ne peut pas comprendre, avec son sens aigu du collectif, le positionnement de Malouda. »

« A l'entraînement, quand il est intégré à l'équipe des titulaires, ils ont saboté l'affaire » (…)

Je me suis rendu compte qu'inconsciemment, beaucoup de joueurs ne lui faisaient pas la passe lorsqu'il était le mieux placé. Le «sortir» du groupe, c'était un moindre mal. Sinon, il fallait virer 4 ou 5 joueurs. J'ai été sévère avec lui mais c'est parce que c'est un mec super, cultivé, avec le sens du collectif. Il n'avait rien à faire dans ce contexte difficile. Je l'ai protégé. J'espère qu'il a compris qu'un vrai leader devait prendre sa place, avec autorité ».

On a du mal à croire, mais il faudra lire le livre en entier, que lorsqu’il sélectionnait les joueurs, Raymond Domenech ne connaissait pas leurs travers comme leur absence d’éducation, leur ego surdimensionné et le peu d’amour qu’ils portaient pour le maillot tricolore.

On a du mal à accepter le titre « Tout seul » quand on sait que la Fédération, la Ligue et la DTN ont fait corps comme un seul homme pour le maintenir après le catastrophique Euro 2008 contre vents et marées.

Espérons simplement que Raymond Domenech manie mieux la plume que ses poulains ont manié le ballon de 2008 à 2010.

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