La science des balivernes : les quatre principes de la baliverne <!-- --> | Atlantico.fr
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Un journaliste de l'équipe de fact-checking de l'AFP travaille au Bureau de l'Agence France-Presse à Rio de Janeiro, au Brésil, le 27 septembre 2018.
Un journaliste de l'équipe de fact-checking de l'AFP travaille au Bureau de l'Agence France-Presse à Rio de Janeiro, au Brésil, le 27 septembre 2018.
©Mauro PIMENTEL / AFP

Bonnes feuilles

Thomas C. Durand a publié « La science des balivernes » aux éditions HumenSciences. Vaccinez-vous contre la contagion des inepties ! Nous sommes une espèce extraordinairement sociale. Faire confiance à l'autre fut favorable à la survie de nos ancêtres. Le revers est que nous sommes des victimes toutes désignées pour les tricheurs, menteurs, escrocs ou baratineurs. Thomas C. Durand décortique la structure des fariboles pour nous en révéler les mécanismes. Extrait 1/2.

Thomas Durand

Thomas Durand

Docteur en biologie végétale, Thomas C. Durand se consacre à la promotion de l'esprit critique à travers sa chaîne YouTube La Tronche en biais (220 000 abonnés). Il est l'auteur de Quand est-ce qu'on biaise ? (humenSciences, 2019).

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Nous avons tous intérêt à « croire » un maximum de choses vraies et aussi peu de choses fausses que possible. Nous avons même un intérêt personnel à ce que tout le monde en fasse autant: les décisions collectives repo[1]seront ainsi sur des faits solides, les politiques publiques seront plus efficaces, la société se portera mieux. J’ai mis «croire» entre guillemets en raison de la forte polysémie du mot; ici je l’emploie dans le sens de «tenir pour vrai».

Bien sûr, nous savons d’expérience qu’il nous arrive de «croire» des choses fausses, de nous tromper. Parfois même nous nous entêtons, et d’ailleurs nous savons reconnaître – au moins chez autrui – les signes de l’obstination dans l’erreur. Ce qu’il nous reste à réellement comprendre, à mesurer et à gérer, c’est que ces erreurs ne sont pas dues au hasard, elles ne partent pas dans toutes les directions, mais empruntent des chemins de moindre résistance, et notamment les failles dans notre rationalité que sont les biais cognitifs. Nous sommes disposés à «croire» certaines choses et à en rejeter d’autres. Certaines théories scientifiques solides se heurtent à des obstacles épistémologiques, tandis que des légendes folkloriques ou des romans nationaux s’engouffrent dans l’angle mort de notre vigilance.

Toute vérité n’est pas crédible, il n’y a pas de force intrinsèque de l’idée vraie, et pas de relation directe entre le degré de conviction que nous inspire une croyance et sa véracité. Pour de multiples raisons. Déjà, le vrai souffre du handicap majeur de ne rigoureusement pas pouvoir être autre chose que ce qu’il paraît, sous peine d’échapper à sa propre définition. Le vrai est aussi parfois décevant, abscons, indésirable, voire brutal. Le faux, lui, s’arroge le droit à tous les artifices, il s’adapte à l’oreille convoitée, enflamme l’imaginaire, flatte les préjugés. Le combat est inégal, mais nous recherchons le vrai, et là est son seul avantage. Le vrai, le réel, c’est ce qui continue d’exister même quand on n’y croit pas, c’est ce qu’un scepticisme bien dosé ne peut pas nier.

Nous croisons tous une infinité d’idées fausses. Ce livre ne parle pas des mensonges purs et durs, des énoncés simplement en conflit avec le réel. Le menteur agit en connaissance de cause, en vue d’un objectif. Il cherche à masquer la vérité, à manipuler autrui, à tirer bénéfice du partage d’une idée qu’il sait être fausse. Même quand j’évoquerai la pensée motivée qui nous pousse à défendre des idées pourtant réfutées, je m’intéresserai aux mécanismes qui ne relèvent pas du mensonge mais d’inexactes représentations mentales du vrai. De même que je m’attacherai moins aux fake news, qu’aux motivations de ceux qui les diffusent, qui les partagent et les défendent. Surtout le cœur du livre concerne le bullshit que l’on peut traduire par «balivernes» : des énoncés dont la production et la diffusion n’ont finalement pas grand-chose à voir avec leur véracité, mais bien plus avec leurs dimensions sociopsychologiques. En clair, si tant d’entre nous «croyons » des balivernes, c’est parce qu’elles ont une forme et une substance parfaitement adaptées pour nous atteindre et nous contaminer.

Personne n’a préparé les citoyens que nous sommes à se défendre contre une forme de désinformation capable de prendre en défaut le fonctionnement de notre cerveau. Des balivernes qui empruntent les pentes naturelles de l’esprit pour se faire une place bien douillette dans notre représentation du monde, vous en connaissez une pléthore :

• Il y a un monstre dans le Loch Ness.

• Ce n’est pas l’activité humaine qui dérègle le climat.

• On a la preuve que l’âme survit au corps.

• L’homéopathie fonctionne mieux que le placebo. Grâce à la «mémoire de l’eau».

• L’homme n’a jamais marché sur la Lune.

• L’astrologie est une science.

• Quand on fait suffisamment d’efforts, on obtient ce que l’on désire.

• Les pierres semi-précieuses émettent des énergies bonnes pour la santé.

• Le complot Illuminati dirige le monde.

• Il faut décalcifier notre glande pinéale pour avoir accès à des perceptions extrasensorielles. • Les vaccins causent l’autisme.

• Le Moyen Âge n’a jamais existé.

• Les médiums voient l’avenir.

• Les chambres à gaz sont une pure invention.

• Nous n’utilisons que 10% de notre cerveau.

• Il y a plus de naissances les nuits de pleine lune.

• Les pyramides d’Égypte ont été construites par les Atlantes.

• Les méchants sont toujours punis.

• On peut détecter le mensonge en décryptant le langage non verbal des individus.

• Les agroglyphes sont des messages extraterrestres.

• Etc.

La baliverne ne se nourrit pas de vrais arguments, elle n’a de lien avec aucun des moyens disponibles pour déterminer l’adéquation de son contenu avec le monde réel. Elle se contente pour l’essentiel de plaire, de mettre en colère ou d’effrayer, de provoquer une réaction affective. Son existence ne nécessite pas un désir de tromper de la part de ceux qui la produisent et la partagent, mais elle survient dans un vide épistémique, en l’absence d’une démarche critique envers la chose crue.

La baliverne n’est pas non plus n’importe quelle information fausse, c’est celle que les gens trouvent un intérêt à écouter et à transmettre. Elle répond donc à un certain nombre de critères qui la rendent redoutable. Voici donc la liste des caractères que possèdent les balivernes les plus efficaces, celles qui savent particulièrement bien se jouer de nous. Ces quatre principes contribuent à expliquer le succès de la désinformation et la difficulté à rétablir la vérité. Ils forment l’acronyme NARA, que vous pouvez utiliser pour affiner votre détection des balivernes.

PRINCIPE NARRATIF

La première qualité de la baliverne est sa viralité. C’est un énoncé facile à retenir, qui possède des traits saillants et des ingrédients qui font de belles histoires. C’est pourquoi elle est rarement nuancée et met volontiers en scène des gentils et des méchants. Elle transmet en général un capital symbolique, c’est-à-dire que nous éprouvons une forme de désirabilité sociale au moment de partager la baliverne en société.

«J’ai entendu dire qu’on avait retrouvé un alligator dans les égouts.

– Oh, ben dis donc ! »

La qualité des histoires repose souvent sur les sentiments qu’elles suscitent. Les balivernes sont donc des récits forts en émotions, souvent négatives: violence, colère, dégoût, injustice. Grâce à de fortes impressions, la baliverne peut tromper notre vigilance, nous pousser à réagir, à croire, à partager.

«Un vaste réseau pédophile fréquenté par de hauts dignitaires a pour QG une pizzeria proche de la Maison-Blanche.»

Les explications scientifiques à certains phénomènes s’avèrent arides, désenchantées et mobilisent des concepts contre-intuitifs. Autrement dit, elles ne font pas de belles histoires. Dès lors, nous sommes plus motivés à croire et partager des explications mythologiques ou ineptes de ces phénomènes.

Quand les émotions mobilisées par l’histoire sont fortes, le doute n’appartient plus à notre vocabulaire. Nos émotions nous engagent et tout engagement valide implicitement le contenu de l’histoire. Une réaction émotionnelle et instantanée de notre part peut provoquer un effet particulièrement pervers: la force de l’émotion ressentie nous convainc que nous croyons à cette histoire, après quoi nous agissons conformément à cette impression, ce qui nous mène au principe suivant.

PRINCIPE D’ATTRACTION

La baliverne efficace est celle qui, une fois diffusée, va être retenue. Elle va éveiller de l’intérêt et l’envie d’être crue, mais surtout d’être diffusée. Les vérités ne sont jamais contraintes par autre chose que leur véracité, leur adéquation avec la réalité. Les balivernes, elles, sont contraintes par leur attractivité. Une forme de sélection darwinienne élimine les balivernes incapables de séduire. Par conséquent, les balivernes les plus répandues sont par définition les plus attractives et à leur attractivité s’ajoute le phénomène de la preuve sociale : si tant de gens répètent cette baliverne, chacun d’entre nous peut la croire d’autant plus facilement. Et puisque tant le font, chacun se sent moins responsable de la tâche de vérifier son contenu. C’est le phénomène de l’« effet spectateur», ou «effet témoin».

La vérité n’est pas toujours plaisante à croire. La baliverne, oui, même quand elle est inquiétante. Par exemple, l’idée qu’une élite cachée fomente un complot mondial, pour réduire la population en distribuant des médicaments qui rendent les gens malades, apporte une illusion de connaissance et de contrôle qui – ironiquement – est rassurante, surtout si elle permet d’expliquer par une cause externe (la malveillance des comploteurs) nos propres échecs.

«Je ne suis pas dupe comme tous ces moutons, je sais que les fours micro-ondes donnent le cancer! »

Quand le but de la baliverne est commercial, elle a toutefois intérêt à être positive, à promettre un avantage à celui qui va la croire. Avec suffisamment d’audace, on pourra par exemple faire fortune en vendant l’accès à une «neurosagesse» censée donner les clés du fonctionnement de votre cerveau afin de vous permettre de ne pas vous faire manipuler par autrui. Cette veine est exploitée par de nombreux personnages dont le talent réside dans la communication, qui savent susciter la fascination et œuvrent en définitive dans le secteur juteux et désordonné du «développement personnel».

PRINCIPE DE RÉSILIENCE

Une fois qu’elle est dans un cerveau, une baliverne va inter[1]agir avec son environnement cognitif. Les balivernes les plus puissantes vont contaminer les autres propositions, transformer leur apparence ou leur place. La baliverne s’incruste dans le paysage, devient partie prenante de notre représentation du monde et toute attaque contre elle est perçue comme une attaque contre notre personne.

Les balivernes les plus puissantes hackent notre immunité cognitive et retournent notre intelligence contre les arguments qui l’attaquent. C’est typiquement ce qui se passe avec les théories du complot.

«La Nasa a nié avoir des enfants esclaves sur Mars. Cette déclaration officielle est exactement ce qu’on attend d’une agence qui aurait bel et bien des enfants esclaves sur Mars.»

Les tentatives de démystification peuvent s’avérer contre[1]productives, car nous avons tendance à retenir certaines informations tout en oubliant le contexte dans lequel nous les avons croisées. Par conséquent, répéter une information dans le but de montrer qu’elle est inexacte, c’est courir le risque de la promouvoir malgré soi. C’est d’autant plus risqué que le biais de familiarité nous incite à croire les énoncés répétés davantage que ceux que l’on ne croise qu’une seule fois.

PRINCIPE D’ASYMÉTRIE

L’avantage de la baliverne est qu’elle n’a pas besoin d’être vraie. De cette lapalissade découle qu’on peut en générer une grande quantité en peu de temps. Une explication véridique, sourcée, argumentée ne pourra pas être formulée aussi vite. «La réfutation d’une baliverne demande un temps d’un ordre de grandeur supérieur à celui qu’il faut pour la produire. » (Alberto Brandolini, Twitter, 10 janvier 2013.)

La chose est connue depuis longtemps. «Un mensonge peut faire le tour de la Terre le temps que la vérité mette ses chaussures », disait déjà Mark Twain.

Quelques exemples de balivernes:

• «La Grande Muraille de Chine est la seule construction humaine visible depuis la Lune » est une magnifique baliverne, inoffensive, percutante et facile à placer dans la conversation.

• «La Terre est plate » est une baliverne moins efficace, car elle rencontre une résistance beaucoup plus grande, suscite même le ridicule et, de ce fait, représente une désirabilité sociale de valeur moindre.

• « Les vaccins causent l’autisme » est une baliverne très chargée en affect, souvent associée à des anecdotes, à des récits de familles ayant fait l’expérience de ce lien supposé, ce qui suscite de l’empathie. Ainsi, chacun peut éprouver le besoin de transmettre cette baliverne afin de protéger des enfants contre un danger potentiel. On participe souvent à la désinformation, même la plus dangereuse, avec pour motivation de bons sentiments.

En résumé, le modèle NARA:

• Le principe narratif: la baliverne fait toujours une belle histoire à raconter.

• Le principe d’attraction: la baliverne qui circule plaira toujours à quelqu’un, ce qui n’est pas garanti pour la vérité.

• Le principe de résilience: la baliverne pirate le système immunitaire de notre esprit; nous nous employons à la défendre.

• Le principe d’asymétrie : il faut beaucoup plus de ressources pour réfuter une baliverne que pour l’énoncer.

La baliverne qui émarge à ces quatre principes a toutes les chances de se diffuser beaucoup plus efficacement qu’une information véridique.

LES BALIVERNES SONT FAITES POUR DURER

Grâce aux quatre principes ci-dessus, la baliverne jouit d’une temporalité avantageuse. Une information peut devenir virale avant qu’un filtre adéquat ait pu être mis en place. Ainsi, on a vu fleurir en quelques heures des milliers de commentaires soupçonneux sur les réseaux sociaux au sujet de la couleur du rétroviseur de la voiture utilisée par les auteurs de l’attaque contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Pire, la presse professionnelle s’est emballée en répétant l’annonce infondée de l’arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès (disparu en 2011) le 17 octobre 2019.

Les chercheurs qui étudient nos usages arrivent à la conclusion que les contenus faux (hoaxes et rumeurs) pénètrent en moyenne six fois plus vite et plus loin sur Twitter (et probablement dans les autres réseaux sociaux numériques) que les messages véridiques. Sur les réseaux, la baliverne est plus efficace que l’histoire vraie dans tous les domaines: business, terrorisme, guerre, science et technologies, divertissement…, mais son terrain de prédilection est la politique. Elle est en moyenne retweetée soixante-dix fois plus que les informations fiables. Les auteurs de l’étude de 2018 dont sont tirés ces chiffres précisent que ces effets ne sont pas dus au traitement informatique des données, mais bel et bien à nos comportements; cela aurait à voir, disent-ils, «avec la nature humaine».

À ce triste constat, la réponse ne peut être la censure. Toute forme de censure semble en effet admettre que le contenu des balivernes serait gênant pour le pouvoir, pour l’ordre établi. Il rend l’énoncé interdit d’autant plus alléchant.

Il serait illusoire d’espérer empêcher les balivernes de circuler vite, ou pouvoir construire des filtres à toute épreuve garantissant que la population ne sera pas exposée à des informations vérolées. En réalité, nous n’avons jamais cessé d’être soumis à diverses formes de propagandes, de mensonges et de récits idéologiques. Il ne faudrait pas faire semblant de découvrir le phénomène une fois qu’il se répand et devient l’arme d’idéologies non étatiques. Les balivernes, foutaises et idéologies dangereuses continueront d’atteindre le public.

LE BESOIN DE CONFIANCE

Nous sommes une espèce extraordinairement sociale. On peut l’oublier facilement dans le charivari des imprécations politicardes, des revendications tumultueuses, des répressions brutales et sous le grommellement quotidien auquel nous participons tous, mais dans le paysage animal de notre planète, Homo sapiens s’avère particulièrement doué pour porter secours à ses semblables, pour accorder son aide et sa confiance. On peut faire mieux, c’est une évidence, mais n’oblitérons pas cette spécificité, car elle est le terreau de la baliverne : vous ne ferez pas croire grand-chose aux membres d’une espèce où personne n’accorde sa confiance.

La confiance est une stratégie darwinienne. Nous manifestons cette compétence parce que ses déterminants héréditaires ont été favorables à la survie et à la reproduction de nos ancêtres. Faire confiance a priori à nos semblables améliore notre sort, à condition d’avoir de la mémoire et de ne pas oublier quand un mensonge est proféré afin de ne pas être trompé deux fois. Celui qui ne fait confiance à personne et ne croit rien de ce qu’on lui dit qu’il ne puisse vérifier lui-même se prive des avantages qu’il y a à faire confiance (à ceux qui en sont dignes). Surtout, il se prive de la possibilité d’apprendre à distinguer les sources fiables. Cette stratégie de la méfiance totale est étrangère à la nature humaine : les enfants croient tout ce que leurs parents leur disent et c’est une bonne disposition, car ainsi ils évitent de se mettre en danger. Nous écoutons les conseils de nos amis, ce qui nous prémunit contre nombre d’erreurs. Nous acceptons pour vrai ce que nous disent nos professeurs, ce qui nous permet d’apprendre plus d’une chose utile (pourvu qu’on se garde de penser détenir une vérité absolue). Nous reconnaissons à des professionnels une expertise sur ce que nous ignorons et nous nous fions à leurs diagnostics ainsi qu’aux solutions qu’ils préconisent. En accordant notre confiance, nous apprenons à doser notre usage du doute. Nous ne savons pas fonctionner autrement et il serait étonnant qu’une société humaine puisse se passer de ce processus.

Or, si notre vie sociale nous oblige à faire confiance, souvent, à nos semblables, nous voyons bien que rien ne saurait nous éviter d’être, de temps à autre, les victimes de tricheurs, de menteurs, d’escrocs et de baratineurs. Nous ne saurons jamais nous débarrasser des balivernes, pas plus que des illusions d’optique ou des jugements hâtifs. Notre vulnérabilité à la baliverne est un produit dérivé de notre évolution. Cela ne veut pas dire qu’il faut renoncer à en atténuer les effets néfastes!

Avoir conscience des mécanismes biologiques, psychologiques, sociologiques qui nous déterminent et que nous ne pouvons empêcher est le meilleur moyen de reprendre un peu le contrôle sur ces phénomènes. En effet, il n’est jamais plus aisé de manipuler un individu que lorsqu’il se croit totalement immunisé, et seul maître de ses choix et opinions. Nous avons très envie de nier ces processus qui sont en nous, car ils nous volent notre libre arbitre, crime de lèse-majesté ! Mais oblitérer la réalité nous met à la merci de ceux qui savent tirer profit des défaillances et des raccourcis de notre psyché.

La première (et la dernière) ligne de défense contre les balivernes n’est ni dans les lois, ni dans les médias, ni dans les réseaux sociaux, mais dans les esprits, dans notre propre aptitude à l’autocritique, à la résistance face à nos automatismes, au doute à l’égard de nos certitudes. Sans rejeter complète[1]ment nos intuitions, apprenons à n’accorder que prudemment notre confiance à nos premières impressions et aux jugements spontanés que nous portons sur le monde, car nos émotions sont trop souvent mauvaises conseillères. Nous pouvons aussi transformer la manière dont nous consultons, commentons et partageons des informations, notamment en musclant notre résistance à croire et notre motivation à vérifier.

Extrait du livre de Thomas C. Durand, « La science des balivernes », publié aux éditions HumenSciences

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