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La peur du Krach : les plus puissants chefs d’entreprises de la planète s’activent pour éviter l’effondrement mondial des marchés
©ROMEO GACAD / AFP

Atlantico Business

La peur du coronavirus va être plus efficace que l’angoisse du réchauffement climatique pour réformer le système économique mondial.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tous les grands investisseurs du monde se préparent à vivre une semaine de panique. Les bourses mondiales ont déjà été tellement secouées la semaine dernière qu’ils redoutent, compte tenu de la progression du virus, un effondrement de tous les marchés. En Europe, Asie et aux Etats-Unis, toutes les valeurs se sont écroulées avec une violence encore plus rapide qu’en septembre 2008, au moment de Lehmann Brother et de la crise des subprimes.

Au cours des six séances précédentes, l’indice Cac 40 a perdu 13%, mais les grandes valeurs de la cote ont cédé plus du double. Toutes les grandes banques, le luxe, les industries du tourisme et du transport, tout ce qui touche à l’automobile et au pétrole. Idem à Londres, Francfort et Milan. A New-York sur le Nasdaq comme sur le Dow Jones, la tempête provoquée par la crainte du virus a, en une semaine, écrasé plus de 6000 milliards de dollars en valeur d’actifs, c’est-à-dire la totalité des mouvements haussiers depuis l’été dernier.

Pour les grands gérants de fonds d’investissement anglo-saxons, la situation est pire qu’en 2008. La grande majorité des patrons de multinationales n’ont donc pas lâché leur téléphone du week-end et les lignes ont beaucoup chauffé entre les grands patrons américains du digital de la cote ouest et les financiers de Wall Street, en passant par les pétroliers du Golfe, les gaziers de la Russie et les champions du luxe à Paris comme à Milan.

Toutes les grandes manifestations étant annulées ou reportées (salon automobile de Genève, Mipim, défilés et présentations de collections de mode à Paris comme à Milan et New-York), le monde des affaires s’est scotché sur les écrans d’ordinateurs. A la manœuvre, on trouve les grands patrons de Google, Apple, Amazon, Oracle, tous ceux aussi qui appartiennent au clan formé autour de Warren Buffet dont on attend la prophétie, celui de Larry Flint le patron monde de Blackrock, ou de David Salomon, le PDG actuel de Goldman Sachs. A Paris comme à New York, ce sont les responsables de l'industrie du luxe, ceux de LVMH, Kering, Chanel, Hermès et tous les pétroliers qui se mettent en situation de confinement.

La panique qui a fait tomber les indices ne pourra pas retomber la semaine prochaine compte tenu des nouvelles sur la propagation de l’épidémie.

Dans un premier temps, les analystes ont expliqué qu’il pouvait ne s’agir que d’une correction assez logique des surévaluations boursières. Désormais, les mêmes analystes considèrent qu’on a dépassé les limites de la correction pour anticiper quelque chose de beaucoup plus grave. L’indicateur de stress, l’indice de la peur qui provoque la volatilité des marchés s’est envolé à la fin de la semaine dernière à la suite des nouvelles venues de Chine, d’Iran, et d’Europe. Tout le monde appréhende que les pays du Maghreb, les régions d’Egypte et surtout l‘Afrique soient également touchées mais que faute de système de santé, on ignore complètement l’état de la situation.

On ne connait l’ampleur des dégâts que dans les pays qui peuvent, à partir des tests, mesurer la présence du virus et sa propagation. Dans les autres, on fait comme si le virus n’existait pas alors qu’il n’y a aucune raison qu‘il s’arrête à la frontière de certains pays et en ignore d’autres.

En attendant, les systèmes financiers s’enrayent parce que les systèmes de production et de circulation de produits physiques sont arrêtés. Toute la question qui hante les milieux d’affaires ce week-end est de savoir comment on pourrait éviter ce blocage du commerce mondial.

Ce qui panique les milieux financiers, c’est que, contrairement à ce qu’il s’était passé en 2008, ils savent que les mesures coordonnées des banques centrales ou des ministres de l’économie pour soutenir les économies seront inefficaces. Elles pourront amortir les chocs sociaux, empêcher par exemple une faillite des sociétés d’assurance qui commencent à être sollicitées pour couvrir les risques d’exploitation. Mais toutes ces mesures financières d’ordre techniques ne serviront à rien pour débloquer les ports, faire décoller les avions, ramener les consommateurs dans les magasins, et surtout résoudre les problèmes d’approvisionnement à partir du moment où les chaines de production sont cassées au niveau des pays émergents.

Les chefs d’entreprises savent que la clef de sortie est plus chez eux que dans les mains des gouvernements.

1er point, les gouvernements doivent tout faire pour convaincre les populations qu’ils les protègent avec les moyens qu‘ils ont. Et cette crise-là va leur permettre sans doute à l’avenir de protéger mieux qu’ils ne l’ont fait les systèmes de santé. C’est évidemment ce qui va se passer dans les grandes démocraties occidentales.

2e point, les grandes entreprises et les investisseurs ont commencé à dresser des cartes de dépendance excessives à l’égard des pays émergents. On ne jettera pas les enfants de la mondialisation avec l’eau du bain de la crise, mais on apprendra à nager. La mondialisation a permis d’obtenir des conditions de prix de revient dont on ne peut pas se passer, mais la mondialisation ne nous oblige pas à tomber piéger ses approvisionnements. On va sans doute à apprendre la diversification des risques d’approvisionnement. En terme clair, on parle de l’industrie automobile qui dépend des batteries chinoises ou de l’industrie pharmaceutique qui a utilisé en sous-traitants la Chine et l’Inde, d’où viennent 80% des principes actifs dont elle a besoin pour ses médicaments.

3ème point, les grands investisseurs ont déjà compris pour beaucoup d’entre eux, sous la pression de leurs actionnaires, qu’il fallait qu‘ils veillent dans leurs choix d’investissement, aux conditions de travail dans les entreprises où ils investissent, s’interdire par exemple de commercer avec des entreprises qui font travailler les enfants... Les mêmes investisseurs, sous la pression de leurs clients, commencent à veiller aux conditions de protection de l’environnement.

Cela dit, il va falloir que les mêmes ajoutent au contenu de la RSE, responsabilité sociale et environnementale, la préoccupation de santé et d’hygiène. Faire pression sur les gouvernements pour éviter de fabriquer des virus.

Ça ne va pas être à facile. Parce qu’entre la pression des marchés, et celle des pouvoirs politiques nationaux, les gouvernements et les opinions publiques n’ont pas les mêmes priorités.

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