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La nouvelle épidémie qui nous pend au nez : comment le dérèglement climatique contribue à la multiplication des cas d’allergies
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Atchoum !

Cette année, la hausse des températures prévue, et qui se fait déjà sentir, devrait contribuer à la multiplication des cas d'allergies parmi la population. Un phénomène aggravé par la pollution, le stress, etc.

Florence Trébuchon

Florence Trébuchon

Le Dr Florence Trébuchon est médecin allergologue. Elle a fondé l'École de l'asthme au service des maladies respiratoires de l'hôpital Arnaud-de-Villeneuve, à Montpellier. Elle est l'auteur de Vaincre l'asthme et les allergies aux éditions Albin Michel (2011).

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Atlantico : Avec l'arrivée des beaux jours, comme chaque année, les allergies, favorisées par le pollen, font leur retour. Qu'est-ce que le pollen exactement ? Comment est-il produit ? Y-a-t-il des arbres ou fleurs qui produisent un pollen plus redoutable que les autres ?

Florence TrébuchonLe pollen est  l'élément fécondant mâle de la fleur; ce sont de minuscules grains  de quelques dizaines de micromètres de diamètre qui vont se déposer  dans l'organe femelle de la fleur  en vue de la reproduction. Le printemps est le moment où démarre la pollinisation des graminées qui est l'origine du rhume des foins. Il s'agit d'une rhino-conjonctivite parfois accompagnée d'asthme. Les graminées correspondent à une grande famille végétale de plus de 12 000 espèces rassemblant les herbes, les céréales (le pollen des champs de blé notamment, à ne pas confondre avec l'allergie alimentaire à la farine de blé qui n'a pas de lien avec le pollen). Ce pollen est présent sur l'ensemble du territoire.

Selon le docteur Jean Emberlin, directeur scientifique d'Allergy UK, on devrait assister cette année à un pic du nombre de personnes victimes d'allergies en raison de la hausse des températures. Quelle relation existe-t-il précisément entre hausse des températures et fabrication du pollen ?

Les hausses des températures sont propices à la croissance des végétaux et à leur reproduction qui passe par la pollinisation.

Outre la hausse des températures, d'autres facteurs contribuent-ils à la production de pollen ? 

Il y a effectivement l'augmentation des taux de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère : plus il y a de CO2 , plus il y a de photosynthese (il s'agit de la transformation du CO2 et de l’eau en sucre et en dioxygène.). La photosynthèse permet de nourrir les végétaux, l'augmentation de la photosynthèse entraine plus de croissance donc plus de pollens. 

Enfin un autre facteur climatique va participer au fort taux de pollen en suspension : le vent qui va les disperser .

Parmi les facteurs mis en cause par le docteur Jean Emberlin dans l'aggravation des cas d'allergies cette année due à une augmentation de la production de pollen, on retrouve le stress et la pollution de l'air, deux symptômes caractéristiques de la vie citadine. Les citadins seraient-ils donc plus enclins que les ruraux à développer des allergies ? Quel est le type de pollen produit dans les villes ? Est-il plus nocif que celui produit dans les campagnes ?

Il est effectivement paradoxal de constater qu'il y a plus de personnes allergiques au pollen en zone urbaine qu'en zone rurale.  En ville, on retrouve en hiver des pollens d'arbres ( bouleau, fresne, cypres..) et au printemps les graminées. Ces pollens véhiculés par le vent sont rendus plus agressifs au contact de la pollution atmosphérique, et en particulier des particules fines. Ces particules permettent au pollen de libérer des protéines qui sont très allergisantes. De plus, la pollution atmosphérique est toxique pour les voies respiratoires (nez et bronche), et l'inflammation qu'elle génère va rendre le nez et les poumons plus sensibles au pollen.

Qui dit beau temps dit apéritif. Or, une étude danoise a montré que boire plus de deux verres de vin par jour double le risque de développer des allergies, du moins chez les femmes. Dans quelle mesure le lien entre allergies et alcool est-il avéré ? 

Cette étude est un peu ancienne. Il s'agit en fait d'un sous-groupe de patients particuliers qui présentent une rhinite vasomotrice induite par l'alcool. Chez ces patients particuliers, la consommation régulière d'alcool entraine une rhinite chronique qui, en fragilisant le nez, favorise la survenue d'allergie. D'une manière générale il n'y a pas de lien entre alcool et allergie.

Quelles attitudes adopter pour que les mois à venir soient supportables ?

Il existe des traitements efficaces et très bien tolérés pour les adultes et les enfants. Il est important de poursuivre son traitement pendant toute la durée de pollinisation. Pour cela, le site du RNSA pollens.fr permet de suivre les alertes ville par ville.  Les personnes allergiques ont tendance à interrompre les traitements en cas d'amélioration passagère, à la faveur d'un épisode de pluie ou d'un déplacement. Le risque est de voir ressurgir les symptômes plus violemment avec moins d'efficacité du traitement. Quand les gênes persistent malgré le traitement initial, il ne faut pas hésiter à reconsulter car il est nécessaire pour les allergies le plus sévères d'associer à l'antihistaminique un traitement local pour le nez et les yeux. La survenue d'une toux ou de gênes respiratoires en particulier doivent alerter : elles traduisent le plus souvent l'apparition d'un asthme allergique.
Enfin il est préférable de ne pas aérer la chambre à coucher dans la journée mais plutôt tôt le matin ou en soirée  quand il y a moins de pollen en suspension. Il est préférable également de ne pas faire sécher ses draps dehors en période à risque.

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