La hausse des prix de l’essence et les dégâts collatéraux des éoliennes vont finir par convertir les écolos au nucléaire<!-- --> | Atlantico.fr
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Un homme s'arrête pour faire le plein de sa voiture dans une station-service le 17 avril 2020 à Paris.
Un homme s'arrête pour faire le plein de sa voiture dans une station-service le 17 avril 2020 à Paris.
©FRANCK FIFE / AFP

Atlantico Business

Tout arrive. Entre la hausse inéluctable des prix des énergies fossiles (pétrole et gaz) et la grogne qui monte contre les éoliennes, la relance du programme nucléaire va devenir incontournable.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Dans le plan de relance des investissements d’avenir présenté par Emmanuel Macron, l’important n’est pas ce qu’il a dit, à savoir que nous allions dépenser 30 milliards à l’horizon 2030, l’important est dans ce qu‘il n’a pas dit et laissé entendre qu‘il pourra dire.

Et tout le monde a compris que le véritable débat qu'il cherche à imposer en France porte sur la relance du programme nucléaire, qui suscite encore des oppositions frontales de la part des écologistes. Les écologistes qui commencent tout de même, faute de solutions alternatives, à regarder le dossier avec un œil plus attentif depuis que les prix de l’énergie fossiles explosent et surtout depuis que le déploiement des parcs éoliens soulèvent la colère dans les campagnes pour atteinte à l’esthétique de la nature et surtout à l’équilibre de la biodiversité.

Le revirement des opinions publiques façonnées depuis des années par la force des courants écologistes va s’opérer en trois actes :

1er acte : les écologistes ont gagné la bataille de l’opinion dans la prise de conscience des dangers que représente le réchauffement climatique. Les scientifiques sont à peu près tous d’accord pour dire que le danger est réel et certain, qu’il est gravissime et qu’il est urgent d’engager des mesures de décarbonatation de nos systèmes de production et de nos modes de vie.

2e acte :les écologistes n’ont pas gagné la bataille pour imposer des moyens naturels de lutter contre ce réchauffement climatique. La volonté d’organiser un modèle de croissance plus lente, le projet de ralentir nos systèmes de production et de consommation, toutes ces idées portées par les courants les plus radicaux sont désormais rejetés par la grande majorité des peuples qui les considèrent comme punitifs.  Les réactions populaires au prix de l’essence sont probantes. On le voit pour les automobilistes dès que le prix du plein d’essence devient insupportable. Très cyniquement, les écologistes considèrent, eux, que ce prix de l’essence est une aubaine pour encourager les automobilistes à passer à autre chose. 

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Donc, les militants du climat se sont repliés sur les moyens alternatifs aux énergies fossiles et notamment le pétrole et le gaz, mais là encore, la plupart des énergies naturelles, le vent et le soleil se révèlent incapables de remplacer les énergies fossiles parce qu’elles ne sont pas régulières, donc elles ne garantissent pas la satisfaction des besoins. Plus grave, le déploiement des parcs d’éoliennes, que ce soit en mer ou sur terre, a déclenché des oppositions nourries de la part des populations et des scientifiques. Les populations acceptent mal les pollutions sonores et les atteintes à l'esthétique de la nature. Quant aux scientifiques, ils commencent à dénoncer les dégâts sur la biodiversité marine notamment.

Bref, l’opinion publique considère désormais que si la lutte contre le réchauffement climatique va devenir une urgence, la sécurité des approvisionnements est impérative. La seule solution va être d’accepter à terme, la priorité à l’électricité. À condition que cette électricité soit verte.

3e acte : les écologistes vont se convertir au nucléaire. Ils n’auront pas d’autres solutions. Si, pour continuer à fabriquer de la croissance économique et du progrès pour le plus grand nombre, on va devoir généraliser l’utilisation de l’électricité et de l’hydrogène, il faudra produire de l’électricité verte. On aura besoin de l‘électricité pour alimenter le mode de vie, on aura besoin de l’électricité pour alimenter les systèmes de production et les moyens de mobilité, mais on aura besoin d’électricité aussi pour produire de l’hydrogène. Et le seul moyen de produire en quantité de l’électricité est nucléaire.

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Qu’on le veuille ou non, les énergies naturelles (hydraulique, vent, solaire) resteront marginales dans le mix énergétique qui continuera d’utiliser du pétrole encore quelques années. La France a une expertise avec sa filière nucléaire et par conséquent, une capacité technologique à relancer son programme d’équipements qui lui donne déjà une indépendance et un avantage compétitif. Alors, les programmes qui démarrent avec les EPR ou les mini centrales, dont parlent Emmanuel Macron dans son plan d’investissement, renforcent évidemment les chances de la France de devenir un champion du monde du process. Ce programme offre aussi à l’Europe une solution pour décarboner ses process de production.

Bref, la France aura là une carte à jouer si les gouvernants réussissent à convaincre l’opinion et en matière d’énergie, ce sont les écologistes qui donnent le ton. Le ton est donc en train de changer.

Leur position était trop idéologique, trop irrationnelle, trop émotive pour tenir face à la réalité des besoins. Cette position s’appuyait sur le risque de la catastrophe. La catastrophe n’est pas à exclure certes. Mais sa probabilité est extrêmement difficile à mesurer.

Donc les écologistes les plus responsables se sont rendus compte qu’entre le risque absolument certain du réchauffement climatique (il n’y a plus débat) et le risque très incertain, voire improbable, du nucléaire, il fallait désormais mieux gérer et prendre en compte les risques les plus certains.

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